Alexis Wajsbrot

Alexis Wajsbrot

Le Paris Images Digital Summit est aussi le parfait rendez-vous pour découvrir les talents français dans le domaine des effets numériques. CineChronicle a ainsi rencontré Alexis Wajsbrot, superviseur VFX chez Framestore à Londres, pour évoquer son parcours, les défis relevés sur Thor Ragnarok, Doctor Strange ou encore Gravity primé aux Oscars, et les avancées technologiques qui l’inspirent le plus. 

 

 

 

Framestore

Framestore

CineChronicle : Quelle est la spécialité de Framestore  ?

Alexis Wajsbrot : C’est l’une des trois plus grandes et plus anciennes sociétés d’effets spéciaux à Londres, avec MPC et Double Négative. Elle est surtout reconnue pour son travail sur l’animation de personnages, notamment sur tous les Harry Potter. Elle a depuis élargi son domaine d’action et a reçu un Oscar sur À la croisée des mondes : La Boussole d’or (His Dark Materials: The Golden Compass) et surtout sur Gravity. Nous travaillons maintenant avec Marvel.

 

CC : Quel est votre parcours jusqu’à Framestore ?

AW : J’ai étudié à Paris, dans une école d’ingénieur. Très vite, je me suis dirigé vers la technologie de l’image. Comme j’ai eu du mal à trouver un stage à Paris, j’ai fait mes armes à Madrid. En rentrant en France, j’ai trouvé un stage chez Mikros Image et travaillé sur les clips de Kio, M, Carla Bruni. Je suis passé ensuite chez Sparks Effects puis MacGuff où je faisais de la publicité. Mais mon intérêt était le cinéma et être proche des réalisateurs. J’ai toujours été passionné par l’animation. Je voulais vivre aux États-Unis et rejoindre les équipes de Pixar qui me faisait rêver. Londres pouvait être une bonne passerelle. On ne m’a cependant pas embauché pour faire de l’animation lorsque j’ai démarré chez MPC, plutôt pour des Effects. J’ai travaillé sur Harry Potter 5 et des pubs pour Sony. Je stagnais niveau salaire et position. Puis j’ai rejoint Framestore pour travailler comme Lead Effects sur Prince of Persia. Ensuite je suis devenu superviseur des effets spéciaux sur Gravity, je m’occupais de la partie destruction, des effets de simulation et d’entrée dans l’atmosphère. Nous étions une équipe de 22 personnes. Puis, je suis passé CG Superviser sur Edge of Tomorrow, Iron Man 3, Doctor Strange, Paddington qui concerne toute la 3D. Je ne gère plus un seul département mais tous les départements. Aujourd’hui, je suis superviseur VFX, qui représente le statut le plus haut. Et mon premier show qui encadre les effets 2D et 3D, les liens avec le client, le réalisateur et Marvel, c’est Thor Ragnarok.

 

Hela (Cate Blanchett) - Thor RagnarokThor Ragnarok

 

CC : En quoi consistait votre travail sur ce film qui marque une rupture de ton avec les précédents volets ?

AW : Nous étions la lead company, c’est-à-dire qu’on concevait le plus de plans. Au départ, nous étions censés créer les actes 2 et 3 qui représentent un travail gigantesque sur un Marvel. Le nombre de shots à exploser, surtout qu’on travaillait parallèlement sur Paddington 2. On a donc dû réduire le nombre de plans pour en délivrer 450-500. Sur Gravity, c’était spécial. Framestore a conçu 95% du film, à savoir 80 plans, dont chacun dure 10-15 minutes. Notre travail sur Thor Ragnarok représente 1/3 du film. Jake Morrison, superviseur VFX chez Marvel, voulait qu’on se concentre principalement sur l’acte 3 car il y a beaucoup de créatures, le domaine reconnu de Framestore. On a ainsi travaillé sur le monstre de pierre Korg, joué par le réalisateur Taika Waititi, sur tous les gladiateurs, le loup Fenris, qui se bat contre Hulk, le monstre de feu Surtur. Mais aussi sur la méchante Hela et son look entièrement conçu en 3D, hormis le visage de Cate Blanchett.

 

 

CC : Quelle a été le plus grande difficulté sur ce film, le plus grand challenge, par rapport aux autres films Marvel sur lesquels vous avez travaillés ?

AW : Techniquement, le plus difficile a été plutôt Doctor Strange. Il y avait énormément d’effets magiques a concevoir. Et tout ce qui est magique est généralement très subjectif. Avec un client comme Marvel, qui attend jusqu’à la dernière minute pour approuver en testant toutes les possibilités, cela devient un challenge en permanence. Ils voulaient développer le mandelbrot, c’est une formule mathématique qui permet de déformer et de faire bouger les murs dans un décor. Artistiquement et techniquement, c’était très difficile à réaliser. Il y avait des tonnes d’effets magiques. Sur Thor Ragnarok, le vrai défi se situait au niveau du nombre de plans et de créatures en full 3D dans l’acte 3, entre le Rainbow Bridge et Asgard. Tout était entièrement à concevoir. C’était le vrai challenge ; délivrer une quantité énorme en très peu de temps et de répondre à toutes les attentes de Marvel en termes d’itération de look. Car pour chaque personnage, il faut itérer sur le look jusqu’à trouver le meilleur possible. Marvel est très connu pour repousser l’échéance jusqu’à cinq ou six jours avant la deadline. Dans d’autres films plus traditionnels, on approuve un nombre de shots six mois avant la livraison et on étale ensuite le nombre de plans sur un emploi du temps défini. J’ai travaillé un an sur ce film, avec une équipe de 310 personnes, mais nous avons reçu les éléments tournés six mois avant la deadline, et jusqu’au dernier moment, ils ont changé le processus. Il faut donc être très réactif. Très peu de sociétés, comme Framestore, ont la capacité de le faire avec l’infrastructure derrière. Historiquement, ILM a toujours élaboré Hulk sur tous les projets. Framestore est également l’une des premières sociétés a concevoir Hulk sur autant de plans. C’était aussi un vrai défi d’être au moins aussi bon qu’eux.

 

 

CC : Quelles sont les avancées et les innovations qui vous inspirent le plus ? Que souhaitez-vous développer aujourd’hui ?

AW : Nous sommes dans une période intéressante. Beaucoup de technologies existent avec lesquelles on peut faire quasiment tout. L’être humain en 3D a néanmoins encore ses limites, même si on est parvenu à créer plein de choses. Mais la suite logique serait d’avoir nos principes de production plus efficaces, plus rapides. De concevoir plus vite en moins de temps. Deux directions m’intéressent aujourd’hui. J’ai envie de me concentrer sur l’artistique, le créatif, la réalisation et comment raconter une histoire. J’ai déjà réalisé un premier long métrage. Ensuite, en termes d’évolution technologique, la motion capture et le temps réel m’intéressent beaucoup. Évoluer dans ce domaine et aller plus loin, c’est-à-dire pouvoir travailler en temps réel, directement sur le tournage en voyant Hulk à l’image, même si c’est un personnage en costume mo-cap. Tous nos clients le demandent aujourd’hui. Avant, on leur présentait des projets avec des tests d’animation basiques qu’ils arrivaient à juger. On améliorait ensuite. Maintenant, ils veulent juger une image qui a déjà un look avec des informations de lumière, d’éclairage… Le travail est encore à faire, mais il faut tendre vers ça, c’est-à-dire calculer des images directement en temps réel pour montrer au réalisateur et aux clients, des choses précises en amont afin d’avancer plus vite pour un résultat meilleur. Il ne s’agit pas de le faire en post-production mais directement sur le set. On a pu commencer à l’élaborer sur Thor Ragnarok.

 

CC : Quels sont les pionniers des effets spéciaux ou les réalisateurs qui vous influencent le plus ?

AW : Ce sont plutôt les réalisateurs, notamment Steven Spielberg. Quand j’ai vu Jurassic Park, c’a été la révélation. Je voulais faire Jurassic Park. Et je n’ai pas changé d’idée. J’adore Martin Scorsese et tous ses films. David Fincher aussi, car pour le coup, il vient des effets spéciaux. Son travail est exceptionnel. Christopher Nolan, également. Je suis plus influencé par les bons films que par les bons effets spéciaux, mais je suis très fier de faire partie du panel du PIDS, avec des géants comme Phil Tippett et Joe Letteri. La Planète des Singes est ce qui se fait de mieux aujourd’hui niveau effets spéciaux. Même au niveau des films, Matt Reeves a fait de l’excellent travail.

 

CC : Pouvez-vous aborder vos prochains projets ?

AW : Je travaille actuellement sur Mary Poppins pour lequel je supervise des plans de comédie musicale. J’ai aussi un projet de réalisation d’un second long métrage. J’écris un nouveau scénario dans la veine de Black Mirror, une série que j’adore. Qu’est ce que les nouvelles avancées technologiques pourraient apporter ? Ou au contraire, avoir un effet néfaste. Il y a d’ailleurs un rapprochement avec Inception de Nolan. J’aurais sans doute une première version l’été prochain.

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