Spike Lee et Lars von Trier font leur retour dans la sélection officielle du Festival de Cannes après plusieurs années d’absence. Hommage à Pierre Rissient.
Ce septième jour de Festival, bien pluvieux, aura été marqué par le retour de deux habitués de la Croisette que l’on n’avait pas vu depuis longtemps. Ainsi, Lars von Trier revient après son exclusion en 2011, suite à ses propos tenus lors de la conférence de presse de Melancholia.
Son nouveau film, The House that Jack Built, est présenté Hors Compétition et suit, aux États-Unis, dans les années 1970, sur une période de douze ans le parcours de Jack, interprété par Matt Dillon, un tueur en série. « Une histoire sombre et sinistre, présentée comme un conte philosophique, et parfois humoristique ».
C’est en Compétition que Spike Lee, absent de cette section depuis 1991 (Jungle Fever) et qui semblait s’être éloigné du cinéma, effectue son « come-back » avec BlacKkKlansman. Le scénario est inspiré d’une histoire vraie, celle d’un officier de police afro-américain du Colorado (joué par John David Washington) qui, avec son acolyte blanc (Adam Driver), réussit à infiltrer l’organisation raciste et ségrégationniste locale du Klu Klux Klan.
Le second long métrage de la Compétition, Netemo Sametemo (Asako I & II) est signé du cinéaste japonais Hamaguchi Ryusuke à qui l’on doit notamment Senses, série créée pour le cinéma et sortie dans les salles françaises ces dernières semaines. Ici, il se focalise sur la jeune Asako dont le premier grand amour disparaît. Deux ans plus tard, elle rencontre son double parfait. Troublée par cette ressemblance, elle se laisse séduire mais découvre en même temps un jeune homme avec une personnalité bien différente.
La Sélection officielle Un Certain Regard proposait deux longs métrages concourant pour la Caméra d’or. Le premier, Die Stropers (Les Moissonneurs), a été réalisé par Etienne Kallos et vient d’Afrique du Sud. Il nous emmène à Free State, bastion d’une communauté blanche isolée, les Afrikaners. Un monde rural et conservateur où la force et la masculinité sont les maîtres-mots. Janno est un garçon à part, frêle et réservé. Un jour, sa mère, fervente chrétienne, ramène chez eux Piter, un orphelin des rues qu’elle a décidé de sauver. Elle demande à Janno de l’accepter comme son frère.
Le second, Les Chatouilles, est une production française coréalisée par André Bescond, également interprète, et Eric Metayer, avec Karin Viard, Clovis Cornillac et Pierre Deladonchamps. Odette, 8 ans, aime danser et dessiner. Elle ne s’est jamais méfiée d’un ami de ses parents qui lui a proposé de joueur aux « Chatouilles ». Devenue adulte, Odette libère sa parole…
En écho à Die Stropers, l’autre Séance spéciale de ce lundi, proposait un documentaire coréalisé par Nicolas Champaux et Gilles Porte, The State against Mandela and the others qui revient sur le procès historique contre Nelson Mandela (qui aurait eu 100 ans cette année) en 1963 et 1963. Avec huit de ses camarades de lutte qui risquaient eux aussi la peine de mort, il transforma leur procès en tribune contre l’apartheid.
En Hommage à Pierre Rissient, qui s’est éteint le 6 mai à l’âge de 81 ans, le Festival de Cannes a présenté à Cannes Classics, Cinq et la peau (1981), « Une initiation au voyage et à l’errance par un esthète du cinéma », son deuxième long métrage en tant que réalisateur, qui ressortira en salle le 30 mai ainsi que son édition dvd. Peu connu du grand public, Pierre Rissient était « un cinéphile absolu » (Bertrand Tavernier), « un grand accompagnateur de films, un exceptionnel passeur de cinéma » (ARP). Conseiller artistique du Festival de Cannes pendant quatre décennies, il a contribué à « populariser le Nouvel Hollywood et le cinéma asiatique ».