La Prophétie de l’horloge de Eli Roth : critique

Publié par Sévan Lesaffre le 24 septembre 2018

Synopsis : Suite à la mort de ses parents, Lewis Barnavelt, âgé de dix ans, part vivre chez son oncle dans une vieille demeure hantée et dont les murs résonnent d’un mystérieux tic-tac. Lorsque Lewis réveille par erreur les morts, c’est tout un monde secret de mages et de sorcières qui se déchaine subitement dans cette ville en apparence tranquille. La voisine, une certaine Madame Zimmerman, est également magicienne…

♥♥♥♥♥

 

La prophetie de lhorloge - affiche

La prophétie de l’horloge – affiche

Avec La Prophétie de l’horloge, inspiré du roman pour enfants publié en 1973 par John Bellairs et illustré par Edward Gorey, le maître de l’effroi Eli Roth (Cabin Fever, The Green Inferno, Knock, Knock) signe une fable familiale fantastique produite par Bradley J. Fischer (Zodiac, Shutter Island) pour Amblin Entertainment. Le scénario d’Eric Kripke (Revolution, Timeless, Supernatural) se penche sur l’aventure de Lewis Barnavelt (interprété par un Owen Vaccaro à la palette de jeu malheureusement assez limitée), un orphelin solitaire et décalé très précoce pour son âge. Ce dernier est élevé par Jonathan, son oncle magicien, campé par le clownesque Jack Black (Don’t Worry, He Won’t Get Far on Foot, Jumanji : Bienvenue dans la jungle, Les Voyages de Gulliver), dans une vieille demeure peuplée d’étranges automates et de citrouilles maléfiques. Lorsque le jeune garçon découvre que leur propriétaire, un affreux sorcier du nom d’Isaac Izard (le glaçant Kyle MacLachlan), veut s’emparer d’une horloge afin de déclencher l’Apocalypse, une course contre la montre s’engage pour empêcher l’aboutissement de ce plan machiavélique. Dans La Prophétie de l’horloge, la partition énigmatique de Nathan Barr (Hostel) conduit le récit, accompagne les émotions des protagonistes, tandis que le spectateur voyage dans un lieu hors du temps et se retrouve propulsé au sein d’un univers fantasmagorique qui ne lui est pas totalement inconnu. Quelque part entre Chair de Poule, Hugo Cabret, Les Chroniques de Spiderwick, et Alice de l’Autre côté du Miroir produit par les studios Disney. L’une des affiches promotionnelles n’est d’ailleurs pas sans rappeler celle du film d’animation Monster House, mettant en scène un autre jeune héros doté d’une imagination débordante.

 

La prophetie de lhorloge

La prophétie de l’horloge

 

Eli Roth, qui multiplie au passage les clins d’oeil et cite notamment Salvador Dali (La Persistance de la mémoire) et l’illusionniste Houdini, réalise ici un conte moderne composite, savant mélange de plusieurs époques et esthétiques, fondues les unes dans les autres. La Prophétie de l’horloge, —qui se présente d’abord comme un film d’épouvante pour enfants— oscille donc entre le conte sombre et gothique à la Tim Burton, le film d’aventure Spielbergien sur l’enfance, ou encore l’hommage cinématographique (La Maison du Diable de Robert Wise, Les Goonies de Richard Donner). L’impression de déjà-vu est renforcée par un fil conducteur et un climax très calibrés, consistant à s’emparer d’un grimoire, puis d’une clé afin de détruire une horloge longtemps introuvable.

 

Toutefois, les décors qui reproduisent l’atmosphère de l’Amérique des années 1950 (début du rock’n’roll’, traditionnelle célébration d’Halloween…) sont méticuleusement conçus et stylisés par Jon Hutman. L’architecture du luxueux manoir hanté des Barnavelt fait référence à celui des Bates du classique Psychose, jusqu’à l’évocation distincte de l’escalier emprunté par Anthony Perkins. Les costumes créés par Martha Stewart sont à la fois fantaisistes, baroques et majestueux. La mise en scène, privilégiant le caractère fantastique du récit, évoque quant à elle Harry Potter (notamment le cadre faisant office de médiateur entre Lewis et ses parents disparus, l’apprentissage de différents sortilèges, le lion végétal, l’attaque des livres ailés mais aussi les vitraux « vivants » capables de prédire l’avenir). Tout comme Harry, Lewis est un enfant intelligent mais vulnérable, étranger à son entourage et surtout éloigné de la normalité représentée par ses camarades de classe.

 

La prophetie de lhorloge

La prophétie de l’horloge

 

Malgré des jump-scares inutiles et la bande originale omniprésente, certains éléments de La Prophétie de l’horloge paraissent plus singuliers comme l’attaque des menaçants jack-o’-lanterns, le passage secret en forme de bouche monstrueuse ressemblant de manière troublante à celle du Transdemonium, la séquence de l’escapade de Lewis et Tarby (personnage malheureusement sous-exploité) au cimetière inspirée d’Hocus Pocus ou encore la présence d’un fauteuil sensible et affectueux. Si l’improbable duo Black/Blanchett est complémentaire, Jack Black —lequel retrouve, après Chair de Poule et Les Voyages de Gulliver, le registre de la comédie familiale fantastique— est quant à lui trop obsédé par la sorcellerie qui habite cette maison. De même, sa drôlerie indigeste semble vite exagérée. Le rôle le plus juste et le plus émouvant reste sans nul doute celui de Florence Zimmerman —élégante voisine toujours vêtue de mauve—, une femme au coeur brisée et dont les puissants pouvoirs magiques s’affaiblissent. « The real magic comes from within » déclare Cate Blanchett lors d’un monologue touchant, en réponse au discours de Lewis sur l’indomptabilité. L’aura et le magnétisme de l’actrice conviennent parfaitement à un tel personnage raffiné.

 

En définitive, La Prophétie de l’horloge peut paraître une mixture assez inégale, artificielle et chargée d’effets spéciaux mais demeure avant tout un voyage sur la découverte de soi. Il n’offre cependant rien de foncièrement nouveau.

 

 

 

  • LA PROPHETIE DE L’HORLOGE (The House with a Clock in its Wall)
  • Sortie salles : 26 septembre 2018
  • Réalisation : Eli Roth
  • Avec : Jack Black, Cate Blanchett, Owen Vaccaro, Sunny Suljic, Kyle MacLachlan, Colleen Camp, Renée Elise Goldsberry, Lorenza Izzo…
  • Scénario : Eric Kripke, d’après le roman de John Bellairs
  • Production : Eric Kripke, James Vanderbilt, Brad Fischer
  • Photographie : Rogier Stoffers
  • Montage : Andrew S. Eisen, Fred Raskin
  • Décors : Jon Hutman, Ellen Brill
  • Costumes : Marlene Stewart
  • Musique : Nathan Barr
  • Distribution : Universal Pictures International France
  • Durée : 1h45

 

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