Synopsis : Stephanie cherche à découvrir la vérité sur la soudaine disparition de sa meilleure amie Emily.
♥♥♥♥♥
L’Ombre d’Emily est l’adaptation du roman Disparue de Darcey Bell. Porté à l’écran par Paul Feig (Mes meilleures amies, Spy, le remake SOS Fantômes), également producteur de Freaks and Geeks, le cinéaste reprend à sa façon cette œuvre littéraire sombre et machiavélique. L’intrigue d’origine, qui avait tout pour engendrer un film à suspense lambda, donne finalement lieu à un thriller comique, hybride et moderne. Dans un décor de petite ville parfaite du Connecticut, deux mères de famille, totalement opposées en apparence, deviennent très vite amies proches, mais la disparition d’Emily (Blake Lively) révèle des facettes inconnues de leurs personnalités et de leur entourage. Les héroïnes sont interprétées par des actrices qui ont bien évolué depuis leurs débuts : Blake Lively, devenue mondialement célèbre grâce à son rôle de Serena Van Der Woodsen dans Gossip Girl, et Anna Kendrick, la petite sœur de Scott Pilgrim. La première offre une parodie parfaite de la businesswoman fatale aux multiples visages, tandis que la seconde donne remarquablement du relief et de l’ambiguïté à son personnage de femme au foyer tout en restant dans le registre de la comédie. Divers ressorts propres au thriller sont détournés avec un humour noir et un ton décalé en reprenant des thématiques à succès de ces dernières années. Effectivement, à l’instar de Gone Girl et de La Fille du train, il s’agit de résoudre un mystère autour d’une femme disparue.
Dès la première séquence qui introduit Stephanie (Anna Kendrick) par un vlog, la nouvelle réalisation de Paul Feig rappelle aussi Searching – Portée disparue, sorti dans les salles françaises deux semaines plus tôt. Surtout à travers la chaîne de Stephanie, qui dans le livre est une blogueuse classique, l’esthétique étaye souvent le script de Jessica Sharzer (American Horror Story, Nerve) mettant en avant l’importance que peuvent actuellement prendre les réseaux sociaux dans la résolution d’une enquête policière.
La scène d’ouverture laisse place à une rétrospective au cours de laquelle la relation entre les deux protagonistes s’établit afin de mener les spectateurs jusqu’à la disparition d’Emily, pour ensuite introduire l’énigme dans le récit. Malgré quelques faiblesses scénaristiques, comme des longueurs inutiles où s’enchaînent d’un coup plusieurs révélations de manière trop intempestive, l’ensemble reste néanmoins harmonieux, original et agréable à regarder. La photographie de John Schwartzman (The Amazing Spider-Man, Jurassic World), nommé aux Oscars pour son travail sur Pur Sang, la légende de Seabiscuit et parenté à une certaine famille Coppola, mêle l’ultramoderne à des références rétro-vintage, offrant ainsi plusieurs pépites visuelles plutôt innovantes. Le directeur photo dit s’être inspiré de l’univers de Blue Velvet pour l’image.
L’Ombre d’Emily est audacieux dans sa mise en scène, sa narration et sa bande originale, composée en grande partie par des morceaux de chanteurs francophones, choix osé pour une production commerciale américaine. S’il reprend un sujet déjà vu maintes fois,, Paul Feig parvient à poser son empreinte personnelle sur ce thriller parodique gentiment cynique et hyperstylisé.
- L’OMBRE D’EMILY (A Simple Favor)
- Sortie salles : 26 septembre 2018
- Réalisation : Paul Feig
- Avec : Anna Kendrick, Blake Lively, Henry Golding, Andrew Rannells, Ian Ho, Joshua Satine, Linda Cardellini, Rupert Friend, Jean Smart, Eric Johnson, Dustin Milligan, Bashir Salahuddin
- Scénario : Jessica Sharzer
- Production : Paul Feig et Jessie Henderson
- Photographie : John Schwartzman
- Montage : Brent White
- Décors : Patricia Larman
- Costumes : Renee Ehrlich Kalfus
- Musique : Theodore Shapiro
- Distribution : Metropolitan FilmExport
- Durée : 1h57