En visite à Paris sur le tournage d’Osmosis, Reed Hastings, le PDG de Netflix, a annoncé le lancement d’une nouvelle succursale parisienne, la troisième en Europe après Londres et Amsterdam.Â
C’est la deuxième fois que le géant du streaming, fondé il y a 21 ans, tente de s’implanter dans la capitale. Ces nouveaux bureaux compteront une vingtaine d’employés, certains travaillant déjà pour Netflix à Amsterdam, tandis que d’autres feront partie d’une nouvelle vague de recrutement.
Selon Variety, cette succursale ne sera néanmoins pas dédiée uniquement à la production, comme c’est le cas en Espagne, mais se focalisera à la fois sur la production, les acquisitions et le marketing. L’objectif à long terme est de se baser sur le modèle londonien qui emploie actuellement 50 personnes.
Qu’est-ce que cela signifie ? Et bien que nous aurons droit à des productions locales ! L’annonce de Reed Hastings ce jeudi 28 septembre fait mention de 7 nouveaux projets de films et de séries françaises actuellement en préparation. Parmi ces contenus, on trouvera notamment Marianne, une série adaptée du roman Vampires de Thierry Jonquets. Mais aussi le documentaire Solidarité écrit et réalisé par Stéphane de Freitas, à qui l’on doit déjà A voix haute. Ou encore le drame signé Elisabeth Vogler Paris est une fête. Au total, Netflix a déjà 14 nouveaux programmes sous le coude. Reste à savoir lequel sera capable de rivaliser avec le succès de La Casa de Papel.
Selon les déclarations du PDG, cette implantation dans l’hexagone se justifie par une augmentation fulgurante du nombre d’abonnés depuis son lancement il y a trois ans. Bien qu’il ne se soit pas hasardé à donner les chiffres exacts -une habitude chez Netflix qui refuse de révéler ses données internes-, Hastings a confirmé que le service compte plus de 3,5 millions d’utilisateurs. Ce nombre mirobolant a été depuis étayé par Libération.
Hastings a également ajouté qu’après un mois d’échanges avec la Commission Nationale du Film France et le CNC, Netflix s’est engagé à payer 2% de taxes sur ses revenus annuels en France. C’est moins que ce que paye Canal +, mais Netflix ne bénéficie pas du même nombre de contenus subventionnés. Toutefois, pour être approuvé par la commission européenne, Netflix sera contraint comme n’importe quelle plateforme de streaming, disponible en Europe, de consacrer 30% de son catalogue à la demande à des contenus produits chez nous. Cet objectif devra être atteint d’ici deux ans.
La décision de privilégier les contenus internationaux a été motivée par l’émergence d’une concurrence de plus en plus rude, notamment de la part de Disney qui devrait lancer sa plateforme d’ici la fin de l’année 2019. Selon Deadline, son service sera divisé en trois parties : une section Hulu pour les adultes, une section Pixar, Marvel, et Lucasfilm destinée à un public familial et enfin, une section ESPN consacrée aux sports.
Aussi excitante que soit la perspective de voir débarquer ce titan du divertissement, ce n’est pourtant pas la première fois que Netflix tente de poser ses valises chez nous. En 2016, la firme derrière Stranger Things et House of Cards possédait déjà un bureau constitué d’une équipe marketing de 3 personnes. Elle fut délocalisée à Amsterdam pour des raisons que l’on suppose en relation avec notre système d’imposition. Bien que cela ne fut jamais admis, Hastings s’est défendu en disant que cette implantation était simplement prématurée.
Interrogé sur la question des acquisitions, Hastings a précisé que le rachat d’entreprises françaises ne faisait nullement partie de ses intentions futures. En effet, il serait plus avantageux de louer des contenus et de développer parallèlement leurs propres programmes que de passer par un tiers. D’ailleurs, le PDG s’est refusé à tout commentaire concernant les rumeurs de rachat d’Europacorp et le soi-disant échec des négociations.
Pour l’heure, nous sommes curieux de voir ce que ces productions made in France nous réservent.
Hugo Martinez