Synopsis : Simon, 37 ans, est un médecin aguerri. Il côtoie la maladie et la mort tous les jours dans son service de pneumologie et a appris à s’en protéger. Mais quand sa mère est hospitalisée dans une unité voisine, la frontière entre l’intime et le professionnel se brouille. L’univers de Simon, ses certitudes et ses convictions vacillent soudain…
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L’Ordre des médecins, premier long-métrage de David Roux, est une chronique à la fois sensible et pudique sur le monde médical et la famille. Il décrit avec une certaine poésie la relation entre une mère malade (Marthe Keller) et son fils médecin. Le cinéaste, qui convoque des épisodes très personnels relatifs au milieu hospitalier, privilégie un maillage équilibré entre vécu et fiction. Simon, pneumologue campé par un Jérémie Rénier (Saint Laurent, Ni le ciel ni la terre, L’Amant double) au phrasé monocorde, fait l’expérience de son impuissance. Ce dernier, homme rigide et solitaire, endosse une responsabilité bien plus grande que lui : celle de réanimer une jeune inconnue mais de ne pas pouvoir intervenir pour sauver sa propre mère. La médecine ne peut pas tout. Face à une mort latente, inéluctable, Simon chemine le long des couloirs froids et austères de l’hôpital, déambule de chambre en chambre pour s’occuper des patients avant de sombrer malgré lui dans la dépression. L’étude métaphysique formulée par le film interpelle le spectateur. L’établissement et ses sous-sols servent de décor organique voire charnel, composé d’un dédale de tuyauterie, de néons, matérialisant ici l’espace mental du protagoniste. La troublante matière sonore composée par Jonathan Fitoussi, rompant avec la mélodie mélancolique de Melocoton, interprétée par Colette Magny, évoque quant à elle ses démons intérieurs. Prisonnier d’un univers trop complexe, trop vorace, Simon accepte de renouer peu à peu avec sa soeur mais aussi avec la vie. Ici, l’intime s’invite dans le réel et vient soudainement briser le professionnalisme du protagoniste dont les actions sont vaines et inefficaces. Même Agathe, sa jeune assistante (Zita Hanrot) ne peut rien pour aider son collègue. Dans L’Ordre des médecins, les silences sont aussi importants que les mots. En effet, en plus de reconstituer l’atmosphère du centre dans un souci de réalisme, David Roux accompagne le parcours de son héros, afin que le spectateur puisse investir le film comme il le veut, sans lui imposer un sentiment ou des jugements. Si la quasi-absence de variation dans le jeu de Jérémie Rénier affadit quelque peu l’exercice de style, le cinéma de David Roux ne parle pas à la place des personnages et laisse place à l’interprétation.
- L’ORDRE DES MÉDECINS
- Sortie salles : 23 janvier 2019
- Réalisation : David Roux
- Avec : Jérémie Renier, Marthe Keller, Zita Hanrot, Alain Libolt, Maud Wyler, Frédéric Epaud
- Scénario : David Roux
- Production : Candice Zaccagnino, Olivier Aknin `
- Photographie : Augustin Barbaroux
- Montage : Benjamin Favreul
- Décors : Chloé Cambournac
Costumes : Sophie Begon - Musique : Jonathan Fitoussi
- Distribution : Pyramide Films
- Durée : 1h33