Synopsis : L’histoire de Mark Hogancamp, victime d’une amnésie totale après avoir été sauvagement agressé, et qui, en guise de thérapie, se lance dans la construction de la réplique d’un village belge durant la Seconde Guerre mondiale, mettant en scène les figurines des habitants en les identifiant à ses proches, ses agresseurs ou lui-même…
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Pour mettre en scène Bienvenue à Marwen, Robert Zemeckis —réalisateur de Retour vers le futur, Forrest Gump ou encore du cultissime Qui veut la peau de Roger Rabbit ?—s’inspire d’une histoire vraie. Victime d’une violente agression homophobe, Mark Hongancamp incarné par Steve Carrel (The Big Short,Last Flag Flying,Foxcatcher), talentueux illustrateur devenu photographe, se reconstruit grâce à un monde de poupées hyperréalistes qu’il a créé de toutes pièces. Le script, co-écrit par la scénariste Caroline Thompson, habituelle collaboratrice de Tim Burton, est tiré du documentaire Marwencol de Jeff Malmberg diffusé sur la chaîne PBS en 2010, racontant la guérison et la reconstruction d’un homme par l’art. Pour contrer son traumatisme, Mark crée dans son jardin une maquette miniature de Marwen, un village fictif belge au temps de la Seconde Guerre mondiale, dans lequel une armée de barbies sexy et féroces, inspirées des femmes de sa vie, combat les nazis. Le film, à la fois hybride, politique et audacieux, entremêle donc deux intrigues : celle d’Hogancamp, artiste en proie à son amnésie photographiant avec un vieil appareil ses décors construits à l’aide de jouets et de matériaux de récupération, et celle de son alter-ego, le capitaine Hogie, héroïque mannequin miniaturisé.
Maître des effets spéciaux et pionnier en la matière, Robert Zemeckis perfectionne ici la performance capture, déjà testée quinze ans auparavant dans Le Pôle Express ou Le Drôle de Noël de Scrooge produit par les studios Disney en 2009. Les séquences animées de Bienvenue à Marwen reflètent le drame se déroulant dans l’esprit de Mark Hogancamp, homme brisé à l’âge de 38 ans. Privé de ses compétences mentales et physiques mais véritable scénographe de son quotidien, ce dernier, en quête d’amour, collectionne « l’éternel féminin ». Si les pin-up l’aident à vaincre l’ennemi, la puissance de son imagination créative parviendra finalement à le sauver. Cette thérapie métaphorique sur la force mentale s’avère visuellement bluffante : la caméra virevolte entre fusillades, danse et séduction, au gré des fantasmes voire des hallucinations du héros. Ici, réalité et fiction s’enchevêtrent, se confondent, conduisent la mise en scène dans un perpétuel va-et-vient, tout en décrivant la cruauté d’un traumatisme de manière viscérale, tandis que Steve Carell, Leslie Mann interprétant Nicol, et leurs partenaires passent incessamment d’un monde à l’autre.
L’étrange atmosphère de Bienvenue à Marwen, renforcée par l’angoissante musique composée par Alan Silvestri (À la poursuite du diamant vert, Contact, Seul au monde), fidèle collaborateur du réalisateur, est mise au service d’un univers sombre (la sorcière belge hante les rêves de Mark), drôle (Nicol est éveillée par le baiser d’amour telle une Blanche-Neige), sensuel et particulièrement déroutant. Zemeckis, qui compose une ode touchante à l’imaginaire, prend un malin plaisir à s’autociter, dénonce une Amérique violemment machiste et explore les thèmes de l’homophobie et du féminisme. Steve Carell, quant à lui, est attendrissant en artiste abîmé inventant sa propre guérison. L’obsession du protagoniste soutient toutefois l’ambivalence du propos. Entre récit intime et blockbuster inventif, Bienvenue à Marwen se démarque par sa singularité. La création et l’originalité aident à appréhender les difficultés de la vie.
- BIENVENUE À MARWEN (Welcome to Marwen)
- Sortie salles : 2 janvier 2019
- Réalisation : Robert Zemeckis
- Avec : Steve Carell, Leslie Mann, Eiza Gonzalez, Diane Kruger, Gwendoline Christie, Merritt Wever, Janelle Monae, Siobhan Williams, Leslie Zemeckis, Neil Jackson…
- Scénario : Robert Zemeckis, Caroline Thompson, d’après l’oeuvre de Jeff Malmberg
- Production : Steve Starkey
- Photographie : C. Kim Miles
- Montage : Jeremiah O’Driscoll
- Décors : Stefan Dechant
- Costumes : Joanna Johnston
- Musique : Alan Silvestri
- Distribution :Â Universal Pictures International France
- Durée : 1h55