Télévision / 1941 de Steven Spielberg : critique

Publié par CineChronicle le 21 février 2019

Synopsis : En 1941, alors que les Américains décident d’entrer en guerre, un sous-marin japonais fait surface au large de Los Angeles. Face à cette menace, les habitants de Hollywood tentent vainement d’organiser la résistance…

♥♥♥♥

 

1941 - affiche

1941 – affiche

Quand on a 32 ans, qu’on a révolutionné le film d’épouvante avec Les Dents de la Mer et la science-fiction avec Rencontres du Troisième Type, que reste-t-il à faire ? Pour Steven Spielberg, la réponse était toute trouvée : une comédie. Cela donnera 1941, qui clôt la rétrospective diffusée sur OCS Géants. Dans la scène d’ouverture, une jeune fille décide de s’offrir un bain de minuit dans la mer, elle s’ébat dans l’eau, puis la musique des Dents de la Mer retentit… Mais en lieu et en place d’un requin, c’est un sous-marin japonais qui vient la happer. Que Spielberg s’auto-référence est révélateur de son état d’esprit de l’époque… Pour cette farce historique, le passionné de la Seconde Guerre mondiale fait appel au très sérieux John Milius (scénariste d’Apocalypse Now), ainsi qu’à Robert Zemeckis et Bob Gale, qui se distingueront plus tard avec Retour Vers le Futur. Construit sur la nostalgie de l’Hollywood de l’âge d’or et la paranoïa de l’immédiat post-Pearl Harbor, 1941 se base sur plusieurs faits historiques, à savoir une hystérie collective sur un raid aérien japonais à Los Angeles en 1942, ainsi que les “zoot suit riots” (émeutes raciales entre militaires et jeunes immigrés mexicains). S’il échoue à obtenir un caméo de John Wayne ou de Charlton Heston pour jouer le général Stilwell, seul personnage historique du film, le casting de 1941 ferait pâlir d’envie n’importe quel producteur. Le duo-phare du Saturday Night Live d’alors, Dan Aykroyd et John Belushi, tiennent le haut du pavé. Autour d’eux, des seconds couteaux renommés d’Hollywood (Ned Beatty, Délivrance ; Christopher Lee, Le Cauchemar de Dracula ; Tim Matheson, American College ; Warren Oates, La Horde Sauvage; Robert Stack, Écrit sur du Vent ; Nancy Allen, Carrie ; Slim Plickens, Docteur Folamour ; John Candy, La Folle Histoire de l’Espace). Aussi des revenants des Dents de la Mer (Lorraine Gary, Murray Hamilton) et l’acteur fétiche de Kurosawa, l’immense Toshiro Mifune, dans son unique rôle en anglais non-doublé.

 

1941

1941


Pour l’humour, Spielberg ratisse large : cela va des blagues scato maintenant assez gênantes (Slim Plickens, celui qui chevauchait un missile nucléaire dans Docteur Folamour, se voit administrer du jus de prunes par les Japonais afin de rendre une boussole) à une satire féroce de l’Amérique chauvine et belliciste, présenté par le discours patriotique tombant à l’eau de Ned Beatty. 1941 est surtout habité pour une folie furieuse qui soit limite des acteurs talentueux (Christopher Lee en officier allemand ou Dan Aykroyd en officier sérieux et patriote) ou donne toute leur mesure, comme John Belushi qui conquiert chacune de ses scènes avec fureur ou le caméo de Warren Oates en général paranoïaque…
Le long-métrage multiplie les sous-intrigues dans sa (très) longue première partie, avant que toutes ne se retrouvent réunies dans trois séquences de bravoure : une gigantesque bagarre générale dans un dancing, un faux assaut aérien dans le ciel de Los Angeles et la vraie attaque japonaise sur la côte californienne. 1941 relève bien du titanesque à la sauce Spielberg, tout en effets spéciaux et en mouvements de caméra mais son humour, qui oscille entre l’absurde et le slapstick, est à rapprocher de Y’a-t-il un pilote dans l’avion.

 

John Belushi - 1941

John Belushi – 1941

 

Si 1941 est resté dans les mémoires comme le premier échec de Spielberg, il faut tempérer cela. Auréolé de deux succès consécutifs au box-office, Spielberg était attendu au tournant et ne se fit pas pardonner les faiblesses du film, qui avait été coupées par les producteurs ne pouvant imaginer un blockbuster de 2 heures et demie. Si le film fit 95 millions de dollars pour un budget de 35, c’était bien en deçà des cartons de ses précédents films ; la sortie de son “Director’s Cut” en 1980 et le temps achevèrent de réhabiliter le film. Stanley Kubrick, que Spielberg admirait et qui avait suivi la même trajectoire avec Docteur Folamour, considéra 1941 “bien mais pas drôle” et lui affirma qu’il aurait dû en faire en drame. Spielberg, peu bégueule, considéra, lui, qu’il aurait dû en faire une comédie musicale et reconnut que le succès limité de son film fut une douche froide bienvenue devant l’arrogance qu’il avait récoltée de ses précédents succès. Repoussant son hubris, il accepta de recourir aux équipes de tournages additionnelles et sut bien mieux doser comédie et action dans Les Aventuriers de l’Arche Perdue. La preuve : le gag du cintre de ce dernier était au départ prévue pour le personnage de Christopher Lee dans 1941.

 

 

 

  • 1941
  • Diffusion : OCS Géants
  • Chaîne / Plateforme : 22 février 2019 à 20h40
  • Réalisation : Steven Spielberg
  • Avec : Dan Aykroyd, Ned Beatty, John Belushi, Lorraine Gary, Murray Hamilton, Christopher Lee, Tim Matheson, Toshiro Mifune, Warren Oates, Robert Stack, Treat Williams…
  • Scénario : Robert Zemeckis et Bob Gale, d’après une histoire de Robert Zemeckis, Bob Gale et John Milius
  • Production : Buzz Feitshans, John Milius, Janet Healy, Michael Kahn
  • Photographie : William A. Fraker, Frank Stanley
  • Montage : Michael Kahn
  • Décors : Dean Edward Mitzner
  • Costumes : Deborah Nadoolman
  • Musique : John Williams
  • Sortie originale : 14 décembre 1979 (États-Unis) – 12 mars 1980 (France)
  • Durée : 1h58 (version originale) – 1h46 (Director’s Cut)

 

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