Synopsis : Guatemala, Pablo, 40 ans, est un « homme comme il faut », religieux pratiquant, marié, père de deux enfants merveilleux. Quand Il tombe amoureux de Francisco, sa famille et son Église décident de l’aider à se « soigner ». Dieu aime peut-être les pécheurs, mais il déteste le péché.
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Vainqueur du Prix du Public et du Prix Rail d’Oc des cheminots pour ces 31es Rencontres du Festival Cinélatino de Toulouse, Tremblements aborde la thématique de l’homosexualité au sein de la classe moyenne guatémaltèque pratiquante. Jayro Bustamante, qui s’intéressait aux injustices perpétrées envers les minorités ethniques au Guatemala dans son précédent film Ixcanul, ayant également remporté le Prix du Public à Cinélatino en 2015, en plus de l’Ours d’Argent au Festival de Berlin, se penche cette fois sur l’intolérance vis-à-vis des minorités sexuelles. Si le décor initial de Tremblements peut paraître plus familier, bien qu’un peu désuet, à un public européen que celui de sa précédente réalisation, l’histoire de Pablo (Juan Pablo Olyslager) devient quasi surnaturelle, voire horrifique, lorsqu’il accepte la conversion anti-homosexualité proposée par sa paroisse et sa famille. Ainsi, on retrouve dans ce drame une problématique qui revient souvent au cinéma. À l’instar de Boy Erased ou Come as You Are, le cinéaste guatémaltèque traite ici la thématique des « cures d’homosexuels », souvent initiées par les institutions religieuses et qui se pratiquent encore un peu partout à travers le monde. Malgré cette similitude avec les deux longs-métrages étasuniens, on fait face ici à un personnage principal plus âgé, un adulte déjà marié, père de famille, qui entreprend ce processus pour préserver son image, ainsi que son mariage, et non d’un adolescent envoyé de force par ses parents dans un centre de reconversion. Œuvre cinématographique qui privilégie un certain réalisme avec une mise en scène sobre, elle prend pourtant un aspect de thaumaturgie sinistre lors de la tentative de « guérison » du protagoniste, comme le volcan prenait une dimension mythique dans Ixcanul. Brutal et poignant, Tremblements explore habilement un sujet social encore tabou en montrant à l’écran la déshumanisation et la violence sourde qu’il peut engendrer.
- TREMBLEMENTS (Tremblores)
- Sortie salles : 1er mai 2019
- Réalisation : Jayro Bustamante
- Avec : Juan Pablo Olyslager, Maurício Armas, Diane Bathen, María Telón, Sabrina De La Hoz, Rui Frati, Magnolia Morales, Sergio Luna, Pablo Arenales, Mara Martinez
- Scénario : Jayro Bustamante
- Production : Gérard Lacroix, Jayro Bustamante, Marina Peralta, Georges Renand
- Photographie : Luis Armando Arteaga
- Montage : César Díaz et Santiago Otheguy
- Décors : Pilar Peredo
- Musique : Pascual Reyes
- Distribution : Memento Films
- Durée : 1h40