Synopsis : Les Matriochka sont des poupées russes qui s’emboîtent les unes dans les autres. Chaque poupée en cache une autre. Anna est une jolie femme de 24 ans, mais qui est-elle vraiment et combien de femmes se cachent en elle ? Est-ce une simple vendeuse de poupées sur le marché de Moscou ? Un top model qui défile à Paris ? Une tueuse qui ensanglante Milan ? Un flic corrompu ? Un agent double ? Ou tout simplement une redoutable joueuse d’échecs ? Il faudra attendre la fin de la partie pour savoir qui est vraiment Anna et qui est “échec et mat”.
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Après Nikita, Léon et Lucy, Luc Besson rejoue la carte de l’héroïne meurtrière. Successeuse d’Anne Parillaud, Natalie Portman et Scarlett Johansson, Sasha Luss (Valérian et la Cité des mille planètes) incarne ici la Matriochka humaine dont le prénom fait office de titre. Encore débutante au cinéma, l’actrice-mannequin offre une performance plus qu’honorable en interprétant son premier rôle principal. Elle passe aisément d’une facette à l’autre tout en conservant le sang-froid qu’exige la mission de son personnage. Car Anna, contrairement à ce que la bande-annonce peut donner à penser, relève plutôt du thriller d’espionnage que du film d’action. Contenant très peu de scènes de combat, mais qui procurent tout de même une bonne dose d’adrénaline et de sang lorsqu’elles se déroulent à l’écran, il prête à un développement narratif plus conséquent. Ici, il s’agit principalement de reconstituer la vie d’Anna et de déchiffrer les objectifs des différents personnages. Pour la première fois, Besson utilise une narration non-linéaire afin d’assembler progressivement les pièces du puzzle correspondant aux enjeux du film et au mystère qui entoure son héroïne. Un choix assez osé dans la mesure où il s’accompagne du défi de maintenir l’attention du public sur une intrigue dont l’arc principal est souvent entrecoupé par des flashbacks lors d’un rebondissement. Finalement, ce changement dans la construction se révèle assez bien réussi, en partie grâce au montage de Julien Rey (Lucy, Valérian et la Cité des mille planètes, Malavita), et on se repère très facilement au sein de la trame. Ainsi, la narration mise en place rattrape une reprise des codes du genre pas très originale et certains twists quelque peu prévisibles.
Dans l’ensemble, le thriller présente un rythme équilibré où les touches d’humour, surtout assurées par une excellente Helen Mirren (The Queen), en dirigeante impitoyable du KGB, viennent entrecouper l’allure frénétique. Les décors d’Hugues Tissandier et les costumes d’Olivier Bériot, deux membres fidèles de l’équipe technique du réalisateur, apportent une esthétique propre aux différentes ambiances. De l’architecture moscovite vétuste de l’époque à la somptuosité du milieu de la mode parisien lors de l’ère des Supermodels du Big Six, les spectateurs sont immergés dans un voyage à travers l’Europe à l’aube des années 1990, en pleine chute de l’URSS. Quant à la BO relativement discrète, elle a été élaborée par Eric Serra (Le Grand Bleu, Nikita, Léon), compositeur attiré de Besson qui a brièvement cédé sa place à l’oscarisé Alexandre Desplat (The Ghost Writer, The Grand Budapest Hotel, La Forme de l’eau) pour Valérian et la Cité des mille planètes.
Avec son héroïne-agent secret à la chevelure blonde qui sillonne les grandes villes européennes, Anna s’apparente à Atomic Blonde et Red Sparrow. Cependant, contrairement à ses consœurs, l’espionne aux identités multiples n’est pas inspirée d’un personnage de la littérature ou de la BD, mais créée par le cinéaste. L’interprétation convaincante de Sasha Luss dans ce rôle laisse augurer une éventuelle reconversion au métier d’actrice pour la top model, à l’instar de Cara Delenvigne qui avait joué Laureline dans Valérian et la Cité des mille planètes. Porté par cette nouvelle venue dans le monde du cinéma, Anna est un thriller d’espionnage divertissant qui ne manque pas de faire des clins d’œil aux œuvres plus anciennes de Luc Besson.
- ANNA
- Sortie salles : 10 juillet 2019
- Réalisation : Luc Besson
- Avec : Sasha Luss, Helen Mirren, Luke Evans, Cillian Murphy, Alexander Petrov, Lera Abova, Nikita Pavlenko, Anna Krippa, Aleksey Maslodudov, Eric Gordon, Ivan Franek, Jean-Baptiste Puech, Adrian Can, Alison Wheeler, Andrew Howard, Jan Oliver Schroeder, Reginald Kudiwu, Mikhail Safronov, Maria Luss
- Scénario : Luc Besson
- Production : Luc Besson, Marc Shmuger, Jason Cloth
- Photographie : Thierry Arbogast
- Montage : Julien Rey
- Décors : Hugues Tissandier
- Costumes : Olivier Bériot
- Musique : Eric Serra
- Distribution : Pathé Films
- Durée : 1h59