Livre / Inglourious Basterds de Quentin Tarantino : critique

Publié par Jacques Demange le 20 août 2019

Résumé : 1944. La France est occupée par les nazis. Aldo Raine et ses hommes, les Basterds, envoyés par les États-Unis pour semer la terreur dans les rangs de l’armée de Hitler, se voient confier une mission capitale : faire sauter l’état-major allemand dans un cinéma parisien lors de la première d’un film de propagande. Mais les Basterds ne sont pas les seuls à saisir cette occasion : unique rescapée d’une famille juive, Shosanna Dreyfus, propriétaire du cinéma Le Gamaar, médite elle aussi sa vengeance. Avec ce sixième long-métrage virtuose qui réécrit l’histoire, le réalisateur de Pulp Fiction démontre, en multipliant les hommages et les clins d’œil, son amour passionné du septième art sous toutes ses formes, des grands classiques aux films de genre. Il affirme aussi une ambition politique : faire du cinéma qui prenne à bras-le-corps des enjeux idéologiques très actuels, tels que l’antisémitisme, le racisme, le féminisme ou l’exercice de la violence.

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Inglourious Basterds - Vendemiaire

Inglourious Basterds – Vendemiaire

Alors que Once upon a time… in Hollywood vient de sortir en salle, David Roche, professeur d’études cinématographiques à l’université Paul Valéry Montpellier 3, propose de revenir sur Inglourious Basterds, le sixième film de Quentin Tarantino. En accord avec l’esprit des dernières parutions de l’excellente collection « Contrechamp » des éditions Vendémiaire (The Swimmer de Frank Perry par Christophe Damour, Le Voyage de Chihiro de Hayao Miyazaki par Eithne O’Neill, Fantômas de Louis Feuillage par Benjamin Thomas…), cet ouvrage cherche à définir la particularité d’un film unique au sein de l’œuvre d’un réalisateur et de l’Histoire du cinéma en général. Considéré comme un « tournant » dans la carrière du cinéaste et profitant de ce fait d’une approche « totalement décomplexée », Inglourious Basterds voit l’ensemble de ses composantes analysées dans le détail : structure du scénario, caractéristiques de la mise en scène, atmosphère chromatique, bande-musicale, casting. S’attardant sur la singularité du genre abordé (le film de guerre) et de son ancrage historique (la Seconde Guerre mondiale), Roche propose de définir la pensée de Tarantino comme relevant d’une esthétique politique qui tout en s’enracinant à l’intérieur d’un contexte précis profite de sa nature fictionnelle et méta-discursive pour développer son propos à travers un espace-temps élargi. L’intérêt de cette réflexion est qu’elle permet de revenir sur certaines critiques concernant les libertés prises par Tarantino à l’égard du matériau historique de son film et de prévenir dans le même temps le retour de certaines d’entre-elles à propos de Once upon a time… in Hollywood (la représentation de Bruce Lee ou l’évocation de l’assassinat de Sharon Tate ayant déjà fait les choux gras de la presse généraliste). Ces différents développements invitent alors à dépasser le seul cadre de l’étude filmique pour aborder des problématiques plus larges concernant les rapports entre l’éthique, l’humour et la représentation artistique. Coté forme(s), l’auteur rappelle les nombreuses références du cinéaste et souligne l’influence conjointe du classicisme hollywoodien et du cinéma moderne sur son style. On retiendra encore cet excellent chapitre consacré à la valeur théâtrale du dispositif employé par Tarantino et aux particularités méthodologiques et stylistiques de ses acteurs (avec notamment une analyse particulièrement stimulante de l’interprétation de Christoph Waltz). Pourvu d’un cahier iconographique assez riche, cet ouvrage propose une bibliographie dont la densité fait regretter l’absence d’une catégorisation qui aurait permis de mieux situer les références de l’auteur (ouvrages théoriques, monographiques, articles, entretiens…). Reste que dans son ensemble cette étude assure un plaisir de découverte qui incite à reconsidérer la filmographie entière du cinéaste à travers un regard renouvelé.

 

 

 

  • INGLOURIOUS BASTERDS DE QUENTIN TARANTINO
  • Auteur : David Roche
  • Éditions : Vendémiaire
  • Collection : Contrechamp
  • Date de parution : 22 août 2019
  • Format : 144 pages
  • Tarif : 15,50 €

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