La décennie s’achève et emporte avec elle un artiste de renom, Syd Mead, figure incontournable du cinéma science-fictionnel, décédé à Pasadena ce lundi 30 décembre des suites d’un cancer du lymphome.
Designer industriel de formation, il aura pris part à la conception de nombre de mondes futuristes pour le grand écran, dont ceux d’Aliens, Star Trek, Tron ou encore Blade Runner.
Un legs précieux pour le septième art, pour lequel l’octogénaire venait de recevoir le prix William Cameron Menzies de l’Art Directors Guild. Une récompense pour son travail sur de nombreux films d’anthologie, qui aurait dû lui être remise le 1er février 2020, lors d’un gala à Los Angeles, qui sera l’occasion de lui rendre un dernier hommage.
Né en 1933 à Saint-Paul, dans le Minnesota, Syd Mead, fraîchement diplômé de l’Art Center School de Los Angeles en 1959 a d’abord œuvré dans le domaine du design automobile et industriel, au service de Ford Motor Company, avant de rejoindre le monde du cinéma à la fin des années 1970.
En 1978, il devient illustrateur de production pour Star Trek de Robert Wise, mais débute réellement son travail de concepteur futuriste en rejoignant l’équipe de Blade Runner. Dès 1980, Syd Mead s’attelle donc à concevoir l’univers néo-noir du film de Ridley Scott, pour lequel il dessine certains plans urbains, l’intérieur de l’appartement de Deckard et les fameux Spinners, véhicules volants du long-métrage, que Denis Villeneuve reprendra en 2017 dans le second volet Blade Runner 2049. Une œuvre qu’il poursuit en concevant, la même année, les chars, motos « Lightcycles » et transporteurs de Tron de Steven Lisberger.
Fort de ces succès (sortis en 1982), qui deviendront des chefs-d’œuvre du cinéma de science-fiction, Syd Mead enchaîne les grands projets. En 1983, il rejoint l’équipe technique de 2010 : L’Année du premier contact de Peter Hyams, pour lequel il conçoit le vaisseau spatial Leonov, puis crée en 1985 le vaisseau Sulaco d’Aliens, le retour de James Cameron. S’en suivent de nombreuses collaborations à l’origine de machines spatio-temporelles, d’armes et de véhicules futuristes, notamment pour l’anime japonaise de science-fiction Yamato 2520, dont il imagine les croiseurs spatiaux, costumes et accessoires, ou encore les véhicules du jeu vidéo CyberRace sorti en 1993, et plus récemment, en 2016, les armes du jeu en ligne Counter-Strike : Global Defensive.
Visionnaire, Syd Mead a pu voir évoluer le cinéma futuriste, et assister à l’éclosion de technologies qu’il illustrait trente ans auparavant. Il aura également continué d’exercer ses talents de designer pour des films et jeux contemporains, dont Mission To Mars de Brian De Palma (2000), Mission Impossible III de J.J. Abrams (2005), Elysium de Neill Blomkamp (2013), et dernièrement À la poursuite de demain (Tomorrowland) de Brad Bird (2015). Son influence esthétique sur la manière de représenter le futur au cinéma et dans l’industrie des jeux est incontestable, et devrait perdurer encore longtemps.
Après cette brillante carrière et une autobiographie publiée en 2018, l’homme récompensé du Visionary Award qui lui a été décerné par la Visual Effect Society en 2016, avait décidé d’annoncer sa retraite en septembre 2019. Une vidéo reprenant l’information avait été publiée sur son site officiel.
Selon les informations émises par son manager et relayées par Deadline, après une cérémonie privée, Syd Mead devrait reposer au cimetière de Forest Lawn, à Glendale, un Memorial Park californien où sont enterrées nombre de célébrités.