Le Macbeth de Joel Coen porté par Frances McDormand et Denzel Washington se dessine malgré la suspension de la production engendré par la pandémie de Covid-19. Le couple se confie sur la réécriture particulière du grand classique de Shakespeare.
Parmi la foule de projets mis en pause pendant le confinement, la relecture de Macbeth par Joel Coen avec dans les premiers rôles, son épouse et actrice fétiche Frances McDormand, et Denzel Washington, est l’un des retards de production les plus médiatisés.
Alors que le film inspiré de la célèbre pièce de Shakespeare est encore loin d’arriver sur les écrans, Coen et McDormand ont livré quelques détails sur leur projet commun dans une interview vidéo accordée à The Film Stage, relayée par The Playlist. Les deux artistes qui nous ont offert de beaux moments de cinéma ne se contentent pas simplement d’adapter le grand classique, mais comptent bien développer leur propre vision de la tragédie.
Une idée que l’on doit à Frances McDormand : « […] Frances m’avait demandé il y a quelques années de diriger la production scénique de »Macbeth’‘ », a d’abord expliqué Joel Coen, ajoutant « Je ne suis vraiment pas un metteur en scène, alors je ne l’ai pas fait. Mais quand je l’ai vue dans une production qu’elle a conçue, ça m’a fait […] penser à la pièce et ça m’a donné envie de travailler avec elle […] parce que j’étais tellement impressionné par ce qu’elle faisait avec le rôle de Lady Macbeth, j’ai donc pensé que ce serait une chose intéressante à faire ensemble et à faire en tant que film. ».
Un déclic qui aura porté ses fruits, puisque le cinéaste a d’emblée été inspiré : « Quand j’ai commencé à penser à un film, c’est devenu plus accessible, intellectuellement, et c’est là que ça a débuté. », précise-t-il.
Et à croire Frances McDormand, la spécificité majeure de cette version résidera notamment l’âge des protagonistes : « Dans l’adaptation de Joel, […] les Macbeth sont plus âgés. Denzel [Washington] et moi […] sommes postménopausés, nous avons dépassé l’âge de procréer. », ironise l’actrice phare des frères Coen, oscarisée à deux reprises, avant d’indiquer l’importance de ce changement : « Cela exerce donc une pression sur leur ambition d’avoir la couronne. Je pense que la distinction la plus importante est que c’est vraiment leur dernière chance d’atteindre la gloire. […] Il y a un véritable suspense et un véritable tic-tac. Le temps presse, non seulement pour les personnages, mais aussi pour la narration. ».
Autre détail de l’histoire modifiée, les trois sorcières malfaisantes qui prédisent à Macbeth son accession au trône, personnages clés du texte de Shakespeare, dont la première représentation a eu lieu au début du XVIe siècle, seront incarnées par une seule et même actrice, Kathryn Hunter (All or Nothing). La comédienne new-yorkaise reconnue pour son talent sur les planches s’est déjà illustrée dans un petit rôle du film Harry Potter et l’Ordre du Phénix, et a déjà joué les sorcières pour Matteo Garrone dans Tale of Tales en 2015.
Enfin, le titre sera lui aussi nuancé puisque le long-métrage ne s’appellera pas Macbeth, mais The Tragedy of Macbeth (La tragédie de Macbeth), – le titre original de la pièce – « Je pense que c’est un distinction importante » souligne McDormand. La mouture de Joel Coen succédera à celle de Justin Kurzel, qui proposait en 2015 une lecture sombre de l’œuvre shakespearienne, portée par le duo Michael Fassbender et Marion Cotillard dans la peau du couple maudit de l’Écosse médiévale.