DVD / Nico, 1988 de Susanna Nicchiarelli : critique

Publié par Joanna Wadel le 8 juillet 2020

Synopsis : Muse d’Andy Warhol et chanteuse iconique du groupe The Velvet Underground, Nico, de son vrai nom Christa Päffgen, se produit désormais en solo. En 1986, deux ans avant sa mort, elle entame une ultime tournée à travers toute l’Europe. De Paris à Prague, en passant par Manchester, concert après concert, l’artiste lutte avec ses démons intérieurs et aspire à reconstruire sa relation avec son fils depuis longtemps perdu de vue…

♥♥♥♥

 

Nico 1988 - jaquette

Nico 1988 – jaquette

Fenêtre crépusculaire sur les dernières années d’une icône de la scène rock des 60’s, Nico, 1988, le biopic dédié à la chanteuse du mythique Velvet Underground par la réalisatrice italienne Susanna Nicchiarelli est sorti en DVD ce 7 juillet. Retour sur un film encensé par la critique et primé en sélection Orrizzonti de la Mostra de Venise 2017, témoignage concis des regrets d’une fin d’existence bien remplie, et de la nostalgie du public pour une époque à jamais fantasmée. Elle fût mannequin pour Vogue, obtînt un petit rôle dans La Dolce Vita de Fellini, muse d’Andy Warhol, amie de Jim Morrison, mère d’un fils d’Alain Delon, et surtout voix de The Velvet Underground de 1966 à 1967. La liste est encore longue. Christa Päffgen, dite Nico, est née et a grandi en Allemagne pendant la guerre avant de s’envoler à Paris fouler les podiums pour les plus grandes maisons. Chanteuse, comédienne, artiste, la jeune femme est de celles qui ont incarné la culture d’avant-garde et le vent de liberté des années 1960. Érigée en légende du rock après sa brève collaboration avec le Velvet, elle entreprit de tracer sa propre route en livrant plusieurs tournées solo jusqu’à sa mort en juillet 1988, à la suite d’une chute à vélo sur l’île d’Ibiza. En contre-pied des biopics traditionnels, et en phase avec l’esprit marginal de son héroïne, Nico, 1988 débute au déclin de la star. Toxicomane, usée par ses excès, habitée par les bribes d’un passé multiple, Nico (Trine Dyrholm) n’a plus l’aura de ses débuts. À l’aube de la cinquantaine, elle apparaît vieillie, désabusée, se cherche, tente de renouer avec Ari (Sandor Funtek), son fils aux tendances suicidaires qu’elle n’a pas vu grandir. En 2011, Paolo Sorrentino s’était déjà emparé du contraste hilarant de la rock-star quinqua dans This Must Be the Place, porté par Sean Penn, excellent en légende gothique fictive cherchant par tous les moyens à tromper l’ennui.

Nico 1988

Nico 1988

 

Plus terre-à-terre, Nico, 1988 présente un récit morcelé. Il s’en dégage une impression désenchantée, brouillonne et en même temps lucide. Car cette apparente trivialité fait état d’une réalité : le succès d’une carrière se fait avant tout dans les yeux du public. On observe Nico. Ceux qui la côtoient, la rencontrent, l’interviewent – jusqu’au spectateur – cherchent en elle les traces de sa gloire, à effleurer le mythe d’une époque qui n’a peut-être jamais existé. « On prenait beaucoup de LSD », résume-t-elle, peu loquace. Ses interlocuteurs se prennent à rêver. Le Velvet, « Ça a dû être la meilleure année de votre vie », lui dit-on. Ce à quoi Nico répond : « Ma vie a commencé après ». De même que sa beauté, « Je suis contente d’être laide, je n’étais pas heureuse quand j’étais belle. », un constat presque soulagé.

 

Ancré au présent, le film comme son héroïne s’émancipent avec une tendre ironie de ce passé qui n’est jamais montré frontalement. Pas de Nico rajeunie, ni de concerts reconstitués. Seuls quelques clichés et souvenirs évanescents subsistent par « flashs » avant de disparaître aussitôt. Le choix le plus judicieux de Nicchiarelli est de faire passer ce qui résulte d’une telle vie à travers le personnage et ses interactions. Un portrait bienveillant, construit par le témoignage de ses proches dans ses dernières années. Procédé que l’on retrouve dans Judy, qui s’appuie également sur le thème de l’ultime tournée, celle qui brasse tourments et regrets, pour raconter Judy Garland.

 

Nico 1988

Nico 1988

 

La Nico de 1986 est entière, elle a gardé sa nonchalance, rayonne encore par ses coups d’éclat, son manque de retenue. On sent l’énergie brute de la performeuse bouillonner sous la cuirasse qu’elle s’est construit au fil du temps. Et malgré la distance qu’elle met entre elle et son œuvre, la chanteuse reste en quête créative, et retrouve le goût de scène lorsqu’elle se produit en concert clandestin sur le territoire communiste.

 

Avec une désuétude trompeuse, Nico, 1988 livre un hommage sans fioritures, touchant, un polaroïd à l’instant t qui met en valeur l’instantanéité d’une vie, et universalise l’exceptionnel.

 

 

 

  • NICO, 1988
  • Sortie en vidéo :  7 juillet 2020 (DVD) et le 12 juin 2020 (VOD)
  • Format / Produit : DVD
  • Réalisation : Susanna Nicchiarelli
  • Avec : Trine Dyrholm, John Gordon Sinclair, Anamaria Marinca, Sandor Funtek…
  • Scénario : Susanna Nicchiarelli
  • Production : Marta Donzelli, Gregorio Paonessa, Joseph Rouschop et Valérie Bournonville
  • Photographie : Crystel Fournier
  • Montage : Stefano Cravero
  • Décors : Alessandro Vannucci et Igor Gabriel
  • Édition vidéo : Condor Distribution
  • Durée : 1h30 minutes
  • Sortie initiale en salle : 18 avril 2018 (France)
  • Tarif : 14,99€

 

Commentaires

A la Une

Carrousel Studios : Omar Sy, Louis Leterrier et Thomas Benski lancent une société de production

Cette nouvelle société de production, cofondée par le trio, développera et produira des films et séries pour le marché mondial et s’entourera de talents émergents et confirmés. 

Scream 7 : Neve Campbell fera son grand retour dans le prochain opus de la saga horrifique

Neve Campbell absente du sixième opus retrouvera également le scénariste Kevin Williamson qui réalisera ce septième volet de la franchise.

The Batman 2 : La suite du film à succès sortira finalement en 2026 

Initialement prévue pour octobre 2025, la suite de The Batman de Matt Reeves, avec en vedette Robert Pattinson, est finalement attendue sur les écrans en 2026.

SNL 1975 : Gabriel Labelle incarnera le producteur Lorne Michaels

Gabriel Labelle, révélé dans The Fabelmans de Steven Spielberg, jouera le producteur de Saturday Night Live, Lorne Michaels, dans le biopic consacré à l’émission mythique et réalisé par Jason Reitman.

Oscars 2024 : Oppenheimer règne en maître et Anatomie d’une Chute repart avec une statuette

Les prédictions de la 96e cérémonie des Oscars, qui s’est déroulée à Los Angeles, l’annonçaient. Oppenheimer, mastodonte de l’année 2023, a écrasé la concurrence en repartant avec 7 Oscars sur 13 nominations…

Nos vidéos

Box OFFICE France

Titre Cette sem. Nbr Sem. Cumul
1 DUNE DEUXIEME PARTIE 1 000 326 2 2 384 325
2 UNE VIE 248 396 3 1 032 947
3 BOLERO 177 724 1 177 724
4 BOB MARLEY : ONE LOVE 172 507 4 1 709 717
5 MAISON DE RETRAITE 2 157 376 4 1 311 381
6 COCORICO 139 660 5 1 741 705
7 CHIEN & CHAT 129 479 4 1 022 390
8 14 JOURS POUR ALLER MIEUX 126 678 1 126 678
9 LA SALLE DES PROFS 90 612 1 90 612
10 IMAGINARY 89 440 1 89 440

Source: CBO Box office

Nos Podcasts