Synopsis : Le réalisateur Paul Verhoeven, des critiques de cinéma et des fans du film mal-aimé Showgirls tentent de réévaluer l’œuvre qui a connu un échec commercial et critique retentissant à sa sortie en 1995.
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Quel est le point commun entre Shining, Fight Club et Blade Runner ? Massacrés par la critique et boudés par le public au moment de leurs sorties dans les cinémas, ils sont devenus, au fil des années, des films cultes. À cette liste vous pouvez ajouter -si vous ne le savez pas encore- Showgirls, réalisé par Paul Verhoeven. Après trois longs-métrages (RoboCop, Total Recall, Basic Instinct) qui ont fait un carton au box-office international en l’espace de cinq ans seulement, le cinéaste néerlandais désormais installé à Hollywood décide de se lancer dans la réalisation d’une œuvre plus personnelle avec une satire sur l’industrie du sexe à Las Vegas. Suite à ses succès précédents, il obtient un gros budget pour son projet, le plus important de l’Histoire du cinéma pour un film classifié NC-17 (interdit aux moins de 17 ans). Cette classification qui exclut d’emblée les très jeunes spectateurs et le public familial contribue en partie à l’échec commercial. Et la grande majorité des critiques de cinéma jugent que ce drame érotique est superficiel en n’y voyant qu’une pure provocation gratuite et vulgaire. Son impopularité est telle que Paul Verhoeven reçoit le Razzie Award du pire réalisateur. Fasciné depuis longtemps par ce film qui a d’abord fait polémique avant d’être reconnu pour sa qualité cinématographique plusieurs années après sa sortie en salle, Jeffrey McHale entame des recherches à son sujet. Au fil de ses investigations, il se rend compte qu’il a rassemblé un matériel conséquent et décide de se lancer dans la réalisation de son premier documentaire.
S’il fait quelques parallèles entre Showgirls et le reste de la filmographie de Verhoeven afin de montrer comment s’exprime la patte artistique du cinéaste dans son film de 1995, You Don’t Nomi n’est pas un making-of de cette œuvre controversée. Il s’agit plutôt d’une analyse de ce que l’on pourrait nommer le « phénomène Showgirls ». Considéré comme un navet kitsch et obscène lors de sa sortie, il est réexaminé sous un autre angle quelques années plus tard. C’est d’abord Jacques Rivette qui voit dans ce qui avait été jugé comme de la pure vulgarité misogyne un moyen de faire une critique mordante des États-Unis. Notamment, sur la manière dont s’exprime le sexisme dans la société américaine et l’industrie du spectacle.
Le documentaire comporte aussi une partie sur l’impact très négatif qu’a eu le rôle de Nomi Malone sur Elizabeth Berkley. Après quelques pas dans le mannequinat et des débuts prometteurs dans la série teen Sauvés par le gong, la jeune actrice est repéré par le cinéma qui lui propose de jouer l’héroïne dans son prochain film pour en faire la nouvelle Sharon Stone. C’est pourtant l’inverse qui se produit. Les critiques massacrantes descendent également son interprétation. Elizabeth Berkley se retrouve associée pendant très longtemps à une caricature de cette jeune femme qui quitte sa petite ville natale pour tenter sa chance à Las Vegas, et sa carrière naissante en prend un sacré coup. Même si l’œuvre qui l’a quasiment écartée du cinéma, se voit revalorisée, l’actrice n’a plus jamais été vue dans un rôle majeur sur nos écrans.
Ce premier documentaire de Jeffrey McHale aborde son sujet sous un angle qui fait écho à des problématiques qui sont encore d’actualité. Que l’on ait déjà vu Showgirls ou non, You Don’t Nomi est une réflexion perspicace sur la trajectoire d’un film sans doute trop en avance sur son époque.
- YOU DON’T NOMI
- Sortie VOD : 2 juillet 2020
- Réalisation : Jeffrey McHale
- Avec : Elizabeth Berkley, Kyle MacLachlan, Joshua Grannell, April Kidwell, Haley Mlotek, Adam Nayman, David Schmader, Paul Verhoeven, Joe Eszterhas, Gina Gershon
- Production : Jeffrey McHale, Ariana Garfinkel, Suzanne Zionts
- Montage : Jeffrey McHale
- Musique : Mark De Gli Antoni
- Distribution : UFO Distribution
- Durée : 1h32