House of Gucci de Ridley Scott : critique contre

Publié par CineChronicle le 24 novembre 2021

Synopsis : Le 27 mars 1995, Maurizio Gucci, petit-fils et héritier du fondateur de la marque de luxe italienne Gucci se fait assassiner. Sa future ex-femme, Patrizia Reggiani, a commandité son meurtre avant qu’il ne se remarie avec Paola Franchi afin de toucher une part de son héritage. L’affaire fait scandale et le procès, très médiatisé, voit Patrizia Reggiani se faire surnommer la « Veuve Noire » par les « tabloïds ».

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House of Gucci - affiche

House of Gucci – affiche

House of Gucci annonçait une fresque palpitante du monde de la mode dans les années 70-80, porté par un casting cinq étoiles. Des iconiques boutiques au double G jusqu’au parvis sur lequel se déroule l’assassinat au cœur de l’affaire, en passant par le légendaire Studio 54, Ridley Scott annonçait un thriller de la trempe de Tout l’argent du monde. Il y avait en effet fort à faire avec l’histoire de cette famille Gucci, tellement rongée par les batailles familiales qu’elle en dilapide l’entreprise familiale. Dès la première scène au manoir Gucci, où l’activité principale de la famille semble être la bagarre, leur frivolité transparaît immédiatement. Entre Rodolfo qui semble le seul maître à bord, Aldo qui ignore tout conseil préférant affirmer que « Gucci sera ce qu’[il] décide d’en faire » et Paolo qui passe pour un idiot fini du début à la fin du film, on peut comprendre que Maurizio préfère se concentrer sur ses études d’avocat que sur le nom dont il est appelé à porter l’héritage. Celle par qui le scandale arrivera se nomme Patrizia Reggiani. Fille d’un dirigeant de compagnie de transports routiers, elle rencontre Maurizio Gucci en boîte de nuit. S’ensuit alors un jeu de séduction assez clairement mené à la baguette par Reggiani, dont Ridley Scott dresse un portrait tout aussi incisif que celui des Gucci. Très ambitieuse, manipulatrice, il lui en faut peu pour parvenir à séduire Maurizio Gucci, dont l’apparente candeur semble toute aussi caricaturale.

 

Lady Gaga - House of Gucci

Lady Gaga – House of Gucci

 

C’est d’ailleurs aussi là que le bât blesse, le scénario accuse parfois un sérieux manque de réalisme, trop obsédé par la satire dans laquelle Scott veut clairement l’orienter. De fait, la relation entre Patrizia Reggiani, jouée par une convaincante Lady Gaga, et Maurizio Gucci, campé par un Adam Driver pas à son meilleur, sonne faux tout le long du film. On ne croit jamais vraiment à leur alchimie, d’autant que la plupart des plans entre les deux ne sera que dans les derniers temps de leur mariage, où leurs conflits semblent aussi artificiels que ne l’était leur amour au début.

 

De même, on ne remarque presque pas Jeremy Irons dans le rôle du père Gucci, ou encore Salma Hayek, profil beaucoup trop renommé pour le discret rôle de la cartomancienne avec qui Reggiani fomentera l’assassinat de Gucci. Seul Al Pacino semble prendre plaisir à cabotiner dans le rôle du vieux lion toscan, vraiment pas aidé par un Jared Leto en éternel comic relief, d’aucune utilité pour l’intrigue.

 

C’est même Ridley Scott qui semble avoir oublié toute la superbe qu’a pu avoir sa réalisation par le passé, tant la caméra ne s’encombre d’aucune intention de mise en scène formelle. Seuls subsistent quelques changements de colorimétrie ou quelques arrêts sur images dans lesquels le réalisateur de Blade Runner semble vouloir retourner à ses heures de réalisateur de publicités, oubliant la maestria visuelle avec laquelle il a impacté les salles obscures pendant des décennies.

 

Adam Driver - House of Gucci

Adam Driver – House of Gucci

 

Obnubilé par la figure de la Veuve Noire, Ridley Scott n’arrive jamais vraiment à imposer de la dramaturgie dans son film. Reggiani n’est jamais vraiment posée en méchante, mais évidemment jamais en gentille non plus. En bon misanthrope, on le sent désireux de tourner en ridicule la famille Gucci, mais sans jamais réussir à rendre ses scènes impactantes : on oublie ainsi bien vite la séquence où Maurizio Gucci impose à Aldo et Paolo de céder leurs parts de la société, alors que la scène est cruciale dans l’histoire de la compagnie et du couple Reggiani-Gucci. On ressort ainsi du film avec l’impression d’un acte manqué, l’impression que les péripéties de la famille Gucci, qui ont mené à la fin de sa mainmise au sein de la marque, méritaient un réalisateur plus impliqué. Reste à espérer que Scott le sera plus pour sa fresque napoléonienne à venir.

 

Théotime Roux

 

 

 

  • HOUSE OF GUCCI
  • Sortie salles : 24 novembre 2021
  • Réalisation : Ridley Scott
  • Avec : Lady Gaga, Adam Driver, Jared Leto, Salma Hayek, Jeremy Irons, Al Pacino, Mădălina Ghenea, Jack Huston, Reeve Carney, Camille Cottin
  • Scénario : Becky Johnston et Roberto Bentivegna, d’après le livre The House of Gucci: A Sensational Story of Murder, Madness, Glamour, and Greed de Sara Gay Forden
  • Production : Ridley Scott, Kevin Walsh, Mark Huffam, Giannina Scott
  • Photographie : Dariusz Wolski
  • Montage : Claire Simpson
  • Décors : Arthur Max
  • Costumes : Stefano De Nardis
  • Musique : Harry Gregson-Williams
  • Distribution : Universal Pictures
  • Durée : 2 h 37

 

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