DVD / Suprêmes d’Audrey Estrougo : critique

Publié par CineChronicle le 24 mars 2022

Synopsis : France, début des années 90. Alors que des affrontements de plus en plus violents entre la police et les banlieues font rage, certains choisissent le hip-hop comme expression de leur révolte. Deux jeunes de Seine-Saint-Denis, JoeyStarr et Kool Shen deviennent rapidement les porte-paroles de toute une génération. C’’est la naissance du rap, la naissance d’un groupe : Suprême NTM.

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Supremes - affiche

Supr̻mes Рaffiche

Depuis la sortie de NWA : Straight Outta Compton en 2015, l’idée faisait son chemin. Comment angler un potentiel équivalent français du film de F. Gary Gray ? En 2018, le projet devient plus concret en racontant l’émergence du Suprême NTM, qui aura eu en France une démarche comparable à celle de NWA aux Etats-Unis. Et pour le réaliser, Audrey Estrougo, elle-même née dans les cités chaudes du 93, et passionnée par ce sujet. Tout le long de Suprêmes, on ressent l’inspiration de son grand frère américain, mêlée à ce souci profond de présenter le contexte global. On ne suit pas seulement l’émergence d’un grand nom de la musique, mais aussi une vague de ras-le-bol exprimée par une jeunesse qui se sent abandonnée, comme le souligne François Mitterrand lui-même dans l’extrait qui ouvre le film. En revanche, le grand renfort d’extraits d’archives mettant en images l’inaction politique et les révoltes des cités contre les violences policières reste trop en retrait par rapport à l’ensemble, et sa charge politique en est assez amoindrie. Hormis une brève scène où un contrôle policier abusif est vaguement sous-entendu, et une autre où une jeune victime de violences policières apparaît devant les caméras de télévision, le constat d’urgence que dressait le groupe à l’époque est finalement assez peu oppressant. Même la trentaine d’amis qui formait le Suprême NTM à l’origine est assez peu caractérisée, ce qui rend les quelques sous-intrigues évoquées difficiles à suivre. Il est même quasiment impossible de se rappeler des surnoms de chacun, et on réalise finalement que le film est fondamentalement concentré sur ses deux héros et sur leurs tourments personnels.

 

Supremes

Suprêmes

 

Mais une fois ces quelques faiblesses constatées, on ne peut qu’admirer le travail d’incarnation fourni par Théo Christine (Garçon Chiffon) et Sandor Funtek (La Vie d’Adèle) pour se glisser dans la peau des Joey Starr et Kool Shen de l’époque. Leur gestuelle et leur expression sont habitées et font vraiment croire aux personnages. Plutôt plate dans les scènes de vie, la réalisation dans celles de concert est virevoltante. La caméra tourne autour des deux rappeurs, jette des regards fiévreux au public et aux breakdanceurs… 

 

Le scénario est lui aussi concentré sur les problèmes personnels des deux artistes. La volonté de Bruno Lopes, a.k.a Kool Shen, de quitter une bonne fois pour toutes les chantiers de construction auxquels ils semblent être promis. Et celle dévorante de Didier Morville, a.k.a Joey Starr, de donner un sens à sa vie, jusque-là marquée par un père violent qui l’a dégagé de l’appartement familial dès ses 18 ans et une mère absente qui ne reparaîtra que pour le premier Zénith du duo, en 1992.

 

Supremes

Supremes

 

Se tenant uniquement trois ans après le début des événements du film, qui commence par des tags sur des rames de métro, ce premier grand concert vient acter définitivement l’émergence du Suprême NTM, littéralement sorti de terre. Au vu des limites dont pâtit son propos politique, on aurait pu espérer en voir plus de la vie du groupe. Suprêmes reste néanmoins un objet fascinant pour se plonger dans l’ambiance de cette France révoltée de la fin des années 1980.

 

Théotime Roux

 

 

 

  • SUPRÊMES
  • Disponible en DVD et VOD : le 24 mars 2022
  • Réalisation : Audrey Estrougo
  • Avec : Théo Christine, Sandor Funtek, Félix Lefebvre, César Chouraqui, François Neycken, Vini Vivarelli, Chloé Lecerf, Nathanaël Beausivoir, Matéo Krikorian
  • Scénario : Audrey Estrougo et Marcia Romano
  • Production : Christophe Rossignon et Philip Boëffard
  • Photographie : Eric Dumont
  • Montage : Sophie Reine
  • Musique : Cut Killer
  • Distribution : Sony Pictures
  • Durée : 1 h 52

 

 

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