Série / Stranger Things (saisons 1 à 4) : critique

Publié par CineChronicle le 3 juillet 2022

Synopsis : À Hawkins, en 1983 dans l’Indiana. Lorsque Will Byers disparaît de son domicile, ses amis se lancent dans une recherche semée d’embûches pour le retrouver. Dans leur quête de réponses, les garçons rencontrent une étrange jeune fille en fuite. Les garçons se lient d’amitié avec la demoiselle tatouée du chiffre « 11 » sur son poignet et au crâne rasé et découvrent petit à petit les détails sur son inquiétante situation. Elle est peut-être la clé de tous les mystères qui se cachent dans cette petite ville en apparence tranquille…

♥♥♥♥

 

Stranger Things saison 4 - affiche

Stranger Things saison 4 – affiche

En 2016, Netflix lançait la première saison de Stranger Things. Cinq ans après le Super 8 de J.J. Abrams, la série revisitait elle aussi l’imaginaire eighties de ces bandes d’enfants confrontés à des complots gouvernementaux et des créatures surnaturelles. En 2022, la quatrième saison bat le record d’audience pour le démarrage d’une série anglophone, attestant du succès durable de la création des frères Duffer. S’il y aurait beaucoup à dire sur cette réussite, il faut d’abord la voir comme une conséquence de l’hégémonie de ce qu’on qualifie aujourd’hui de pop culture, passée en quarante ans de la marge à la domination. C’est la vengeance innocente de geeks devenus de grands gagnants, propulsés des parties méprisées de Donjons & Dragons dans leur sous-sol au podium de la principale plateforme de streaming moderne. L’effet est d’autant plus réussi que les frères Duffer ne surfent pas simplement sur une vague nostalgique, mais sont des sincères passionnés d’une contre-culture dont ils tentent de ressusciter le « contre » disparu. La série charrie donc ce paradoxe passionnant, celui de revisiter ce qui était subversif fut un temps par le biais d’un programme immensément rassembleur, où l’inversion des valeurs ridiculise les garçons populaires qui n’ont jamais entendu parler du Mordor. Évidemment, d’autres facteurs justifient l’enthousiasme autour du projet, à commencer par son contexte adolescent, particulièrement fédérateur sur Netflix. Si chaque saison s’émancipe rapidement du teenage show classique pour pencher vers le fantastique, il faut reconnaître l’habilité avec laquelle elles investissent le quotidien avant et après l’incursion du surnaturel. À la manière de ces programmes télévisés qui racontent une histoire par épisode, et qui se retrouvent donc dans une situation identique à chaque début et fin pour éviter tout problème de continuité, Stranger Things résout chacune de ses intrigues en l’espace d’une saison. Cela permet d’occasionner deux retours à la normale : celui des personnages durant le dernier épisode, et celui des spectateurs lorsqu’ils entament une nouvelle saison.

 

Stranger Things saison 4

Stranger Things saison 4

 

L’efficacité de ces retrouvailles tient beaucoup à la variété des protagonistes. Au fil des saisons, la série a déployé toute une galerie de personnalités diverses. Loin de se limiter aux collégiens fans de jeux de rôle, elle compte aussi bien une mordue de journalisme qu’un shérif ou un stoner vendeur de pizza. Cette hétérogénéité donne vie à la ville d’Hawkins, et permet aux frères Duffer de refaire exister cette époque fantasmée qu’ils n’ont jamais vraiment connu. Nés en 1984, c’est-à-dire l’année où se déroule la saison 2, c’est aux films de leurs enfances plus qu’à leur enfance elle-même qu’ils rendent hommage par l’intermédiaire de la série.

 

Il règne donc au sein de Stranger Things une fascination quasiment fétichiste pour les bornes d’arcade, les videostores et les consoles retro, comme autant de marqueurs d’un temps révolu. Les épisodes d’introduction permettent ainsi de se promener à l’intérieur de cette ville devenue musée, et d’y faire naître les intrigues parallèles au fantastique. Découverte de l’amour, quête de popularité ou choix d’université viennent ponctuer chaque saison, les problèmes de la vie quotidienne se voyant finalement abordés par l’entremise de la confrontation au surnaturel.

 

Stranger Things saison 2

Stranger Things saison 2

 

Le teenage n’est d’ailleurs pas le seul genre que s’approprie Stranger Things. Si l’horreur, ou tout du moins la grammaire visuelle horrifique, est évidemment au cœur du Monde à l’envers, le show se permet aussi des passages vers le cinéma d’action (notamment grâce aux combats menés par le shérif Hopper) ou à une science-fiction plus classique dès lors qu’il s’agit de creuser le passé d’Eleven. Cette capacité à faire feu de tout bois, de pouvoir enchaîner une classe de mathématiques et le vol d’un avion en plein URSS, donne à la série un sens du renouvellement inattendu pour ce qui ne ressemblait en surface qu’à un hommage aux années 80.

 

Ce qui n’aura échappé à personne, c’est l’omniprésence des références qui parsèment Stranger Things. Évidemment, la série est bardée de mentions explicites à d’innombrables films et jeux vidéo, mais la mise en scène puise elle aussi très largement dans les créations de l’époque. Les super-pouvoirs d’Eleven font penser à ceux des adolescentes fantastiques de Stephen King, que ce soit dans Carrie ou Firestarter. Le ciel obscur déchiré par des éclairs pourpres et les dessins de Will évoquent Rencontre du troisième type, tandis que la scène où Eleven est déguisée en femme rappelle directement E.T., deux films de Stephen Spielberg.

 

L’arrivée du Demogorgon à travers les murs est inspirée de celle de Freddy Krueger, et la formation d’Eleven chez ses semblables durant la saison 2 rejoue celle de Luke par Yoda durant l’Empire Contre-Attaque. Enfin, et bien qu’il en reste beaucoup d’autres à mentionner, il est amusant de noter que même Super 8 est cité, les deux productions partageant une attaque de bus par une créature surnaturelle.

 

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Source: CBO Box office

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