Prey de Dan Trachtenberg : critique

Publié par CineChronicle le 20 août 2022

Synopsis : Il y a trois siècles sur le territoire des Comanches, Naru, une farouche et brillante guerrière, se fait désormais un devoir de protéger sa tribu dès qu’un danger la menace. Elle découvre que la proie qu’elle traque en ce moment n’est autre qu’un prédateur extraterrestre particulièrement évolué doté d’un arsenal de pointe des plus sophistiqués. Une confrontation aussi perverse que terrifiante s’engage bientôt entre les deux adversaires…

♥♥♥♥♥

 

Prey - affiche

Prey – affiche

Le titre du dernier opus de la saga Predator semble, a priori, promettre une inversion de la formule connue. En réalité, peu d’éléments du film de Dan Trachtenberg viennent acter une transition du prédateur à la proie, les différences les plus notables se situant ailleurs. La véritable mutation est temporelle, puisque l’action se déroule pour la première fois dans le passé, en 1719, au sein d’une tribu de Comanches. Ce changement de contexte implique un renouvellement des modalités de la traque, les armes à feu étant troquées contre des arcs et des tomahawks, et accorde à la chasse une portée rituelle. Si Prey ne s’appelle pas Predator, c’est peut-être avant tout pour faire voir à nouveau le sens d’un mot devenu emblème d’une licence établie. Le Predator, c’est évidemment la créature sanguinaire, mais c’est d’abord un terme censé évoquer la chaîne alimentaire. Dans le film, un jeu de poupées russes entre une fourmi, un rat et un serpent rappelle de manière très littérale ce rapport à la hiérarchie des écosystèmes, que l’arrivée du Predator vient donc bouleverser. En situant son récit dans une tribu amérindienne du 18e siècle, le film donne à la nature et à son équilibre une importance quasi-mystique. L’envahisseur est double, d’un côté l’extraterrestre, de l’autre une tribu de trappeurs venus massacrer des troupeaux de buffles. Les attributs hyper-technologiques du Predator ne sont pas filmés si différemment des pistolets des pionniers, et marquent tous les deux la fin de l’ère des Amérindiens, dépassés par le progrès mortifère de leur entourage.

 

Prey de Dan Trachtenberg

Prey de Dan Trachtenberg

 

Cette idée, éminemment séduisante en théorie, ne se matérialise que très timidement dans l’écriture. Le scénario programmatique déroule une histoire de passage à l’âge adulte convenue, qui ne dévie jamais de son chemin initial. Seule l’arrivée de trappeurs vient vaguement perturber ce jeu de chasse à l’efficacité indéniable, mais à la construction prévisible. En ce sens, la victoire finale laisse un goût d’inachevé, sorte de happy end forcé qui penche vers le contresens.

 

Pourtant, la mise en scène de Dan Trachtenberg ne manque pas d’intelligence. Son film est majoritairement silencieux, chose étonnante pour une sortie Disney+, et s’attarde avec une attention singulière sur les pratiques artisanales de ses personnages : la préparation d’onguents, l’application de pansements, l’aiguisage des armes… On se surprend à espérer que plus d’importance soit accordée aux cérémonies de passages et aux maquillages traditionnels, mais la durée réduite (1 h 30 sans compter le générique) force le projet à se concentrer sur l’essentiel.

 

Prey de Dan Trachtenberg

Prey de Dan Trachtenberg

 

Le manque de développement de la tribu et des enjeux — qui se résument à la lutte d’une femme voulant être reconnue par un groupe patriarcal — est contrebalancé par le savoir-faire déployé lors des confrontations. Les quelques combats en plans-séquence et l’exploitation du décor naturel amènent plusieurs passages percutants. C’est cette habileté fonctionnelle qui permet au film de tenir debout, disséminant ici et là quelques moments jamais formidables, mais suffisamment astucieux pour relancer l’intérêt.

 

En sortant à la même période qu’un film aussi inventif et ingénieux que Nope, qui aborde lui aussi à sa manière la question d’une invasion de prédateur, Prey expose néanmoins toute la pauvreté de son imaginaire. Des sables mouvants aux combats sur des branchages, le film enfile les passages obligés de la traque forestière en sacrifiant ses particularités : la relation à la nature et la fabrication d’outils primitifs. Mais, si l’ensemble regorge de pistes qui ne demandent qu’à être approfondies, il bénéficie toutefois d’un savoir-faire que la saga Predator n’avait pas atteint depuis longtemps.

 

Joffrey Liagre

 

 

 

  • PREY
  • Diffusion : 21 juillet 2022
  • Chaîne / Plateforme : Disney+
  • Réalisation : Dan Trachtenberg
  • Avec : Amber Midhunder, Dakota Beavers, Dane DiLiegro, Stormee Kipp, Michelle Thrush, Julian Black Antelope, Stefany Mathias, Bennett Taylor, Mike Paterson
  • Scénario : Patrick Aison, Dan Trachtenberg
  • Production : John Davis, Jhane Myers
  • Photographie :  Jeff Cutter
  • Montage :  Claudia Castello, Angela M. Catanzaro
  • Décors :  Peter Lando, Ellen Dorros
  • Costumes : Stephanie Portnoy Porter
  • Musique :  Jeff Cutter
  • Durée : 1 h 39

  

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