Synopsis : Une femme cherche à se venger d’un groupe d’anciens camarades d’école qui l’a brutalisé enfant.
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Deux mois se sont écoulés depuis la sortie de la première partie de The Glory. La première moitié du drama, référencée par Netflix comme la saison 1, mettait en scène l’élaboration d’une vengeance méticuleuse. Brisée par ses camarades de lycée, Dong-Eun y faisait de chaque étape de sa réussite sociale une arme destinée à renverser l’un de ses anciens bourreaux. Elle résumait le rêve de sa vie à un nom : Yeon-Jin, son ennemie jurée devenue présentatrice météo adulée. Cette première saison reposait sur des bases solides et un rythme efficace. Le motif perpétuel au jeu de go établissait les rapports des personnages comme une lutte de territoire acharnée et l’oscillation entre la vengeance présente et le harcèlement d’antan renforçait le sentiment d’obsession de personnages conditionnés par leur passé. Après que Yeon-Jin a pénétré l’appartement de Dong-Eun et y a découvert les murs tapissés des photos de ses cibles – de véritables fresques de vie –, la dynamique de The Glory change drastiquement. Les flash-backs lycéens sont quasiment absents de cette seconde partie. Hormis la tragédie de la mort de So-hee, peu de scènes coup de poing continuent d’alimenter avec la même intensité la haine de Dong-Eun. Les quelques résurgences de ce passé terrible se font par le biais de vidéos divulguées par les personnages.
Mais ce qui faisait le sel et le rythme de la série jusqu’ici s’amenuise malheureusement. Au temps du souvenir, de la rancœur et des préparatifs millimétrés, succède celui de l’attaque. Délaissant le plateau du jeu de go, celle-ci devient plus directe. Averties des intentions l’une de l’autre, Dong-Eun et Yeon-Jin persistent mutuellement à se damner le pion en manipulant chacune l’entourage de l’adversaire. La vengeresse monte les amis peu loyaux de la bande des harceleurs les uns contre les autres, tandis que Yeon-Jin piège la principale alliée de sa rivale à l’aide d’un terrible chantage.
À l’instar de la première partie, les relations qui lient les personnages demeurent cependant d’une complexité passionnante. Mais à mesure que Yeon-Jin se retrouve isolée, l’issue ne fait que peu de doutes et le champ de bataille s’appauvrit. La série remet également sur le devant de la scène les relations mère-fille, un peu laissées de côté depuis les années lycée. Appâtée par l’argent, la mère de Dong-Eun accepte de détruire la réputation de sa fille. Craignant pour sa notoriété, celle de Yeon-Jin n’hésite pas à trahir sa fille unique sous prétexte qu’elles n’ont « pas réussi à s’entendre ». Blessées par ces mêmes femmes qui leur ont donné la vie, les deux ennemies se ressemblent ponctuellement. Leurs figures maternelles, cruelles, contrastent avec Hyeon-nam, prête à se sacrifier pour sa fille, ou Yeo-Jeong qui soutient la revanche de son fils.
Cette seconde partie fait d’ailleurs la part belle au personnage du jeune chirurgien, dont le caractère aimable dissimule lui aussi une obsession vengeresse. Sa relation avec Dong-Eun apparaît néanmoins très classique, voire un peu mièvre dans le contexte de la série. De même, la révélation finale sur les circonstances de leur rencontre est cousue de fil blanc et ne sert in fine qu’à réexpliciter de façon poussive ce qu’on savait déjà : les deux victimes, par empathie, décident de devenir exécuteurs de leurs vendettas respectives.
Quelques facilités et développements superflus nuisent un peu à la subtilité globale de The Glory en fin de course. L’histoire de la logeuse en est un bon exemple. Dong-Eun se rappelle tardivement lui avoir porté secours, autrefois, et comprend dès lors la bienveillance dont la femme a fait preuve à son égard depuis leurs retrouvailles. Le passé et l’entraide des deux femmes sont émouvants, mais toutefois peu nécessaires. Car ainsi la bonté de la logeuse, l’une des rares jusqu’alors à passer pour spontanée, se présente elle aussi comme une redevance. The Glory dépeint donc jusqu’au bout un monde impitoyable où chaque acte implique ses conséquences et où tout se mérite.
Par-delà l’harmonie qui semble se dégager du plan final (Dong-Eun et Yeo-Jeong unis passent ensemble les portes de la prison où ils exercent désormais), s’esquisse ainsi une conclusion plus sombre. À travers leur série, Kim Eun-Sook et Ahn Gil-Ho livrent le conte cruel de victimes rongées par l’obsession et fatalement vouées à devenir des bourreaux pour se rendre justice à hauteur des sévices endurés. Leurs ennemis enfin sous les verrous, les personnages n’en ont pas fini de leur châtiment, devenue raison d’être. Plutôt que d’aller de l’avant, vers d’autres horizons esquissés par un road-trip et le phare au bout d’une jetée, ils persistent à retrouver jour après jour leurs ennemis jurés, derrière les barreaux, résolus à les torturer jusqu’à la fin de leurs jours. En fin de compte, la vengeance à elle seule constitue leur prison.
Aésane Geeraert
>> Série The Glory (partie 1) – notre critique <<
- THE GLORY
- Sortie : depuis le 10 mars 2023
- Chaîne / Plateforme : Netflix
- Créateur(s) : Kim Eun-Sook
- Avec : Song Hye-Kyo, Lee Do-Hyun, Lim Ji-Yeon, Yum Hye-Ran, Park Sung-Hoon, Jung Sung-Il, Kim Hieora, Cha Joon-Young, Kim Gun-Woo, Jung Ji-So, Shin Ye-Eun, Song Byung-Geun, Bae Gang-Hee, Song Ji-Woo, Seo Woo-Hyeok, Jeon Soo-A, Park Yoon-Hee, Lee So-E, Oh Ji-Yul
- Saison 2
- Format épisodes : 8 x 52 minutes