Apaches de Romain Quirot : critique

Publié par CineChronicle le 1 avril 2023

Synopsis : 1900. De Montmartre à Belleville, Paris est aux mains de gangs ultra violents qui font régner la terreur sur la capitale : les Apaches. Prête à tout pour venger la mort de son frère, une jeune femme intègre un gang. Mais plus elle se rapproche de l’homme qu’elle veut éliminer, plus elle est fascinée par ce dernier.

♥♥♥♥♥

 

Apaches de Romain Quiriot - affiche

Apaches de Romain Quiriot – affiche

En 2021, Romain Quirot débarquait avec Le Dernier Voyage, un film de science-fiction à la française, post-apo et coloré, qui augurait de beaux espoirs pour le cinéma de genre, encore rarissime dans l’hexagone. Fort de ce premier long-métrage, le réalisateur se lance dans un nouveau projet tout aussi marginal : un film de gangsters parisiens. Sur le papier, l’idée séduit. C’est qu’il y a matière et peu de concurrence ! Romain Quirot s’empare alors de l’histoire oubliée de véritables bandes qui déferlaient la chronique parisienne de la Belle Époque : les Apaches. N’ayant pour référence nationale que l’incontournable mais daté Casque D’or, dans lequel lesdits Apaches n’agissent qu’en toile de fond, le réalisateur a tout le loisir d’extrapoler sur ces gangsters méconnus : il en fait un groupe identifiable avec des membres, certes stéréotypés, mais suffisamment iconiques pour que le public remette leurs têtes. Apaches est conçu comme un « terrain de jeu » capable de dépoussiérer le film d’époque. À bas les camaïeux marrons-sales qui colorent d’ordinaire les rues de Paris de nos films historiques. Ici se déploie un panel de couleurs rehaussé d’une bonne dose d’hémoglobine. Jamais très loin de ses modèles américains, Apaches rappelle le scénario de Gangs of New York et la violence baroque d’un film de Quentin Tarantino. À ce dernier, Apaches emprunte également le chapitrage très visuel et un goût assumé pour l’anachronisme. Seulement, là où Tarantino se plaît à renverser l’histoire afin de l’interroger et utilise la fiction pour la réparer, Quirot semble se laisser porter par l’anarchie supposée des Apaches, sans réelle logique et sans projet solide.

 

Apaches de Romain Quiriot

Apaches de Romain Quiriot / Crédits Tandem Films

 

Emporté par la frénésie de ses gangsters, le réalisateur revendique l’anachronisme comme liberté. Il n’hésite donc pas à opter pour une bande-son au dynamisme contemporain qui, selon ses dires, soutient « l’énergie punk » des personnages. On regrette dès lors que le film se cantonne à dresser une playlist de morceaux choisis sur des coups de tête, plutôt que d’oser vraiment se parer de notes punk. Rebelles d’un autre temps, les Apaches de Quirot évoquent des mouvements sociaux historiques et actuels qu’ils n’arrivent jamais pleinement à incarner, faute de réel discours ou de référence phare. Les acteurs font montre d’une belle énergie et d’une certaine justesse malgré des répliques qui souvent frôlent la caricature.

 

Sur le fond, le film raconte peu de choses. Sur la forme, Apaches fait l’étalage de propositions plus en moins audacieuses dont trop peu, faute de servir un sens, flamboient réellement. Le désir de vengeance de Billie est un moteur classique mais efficace, que le scénario peine cependant à dépasser. La jeune femme intègre les Apaches avec la volonté de les trahir, mais finit par se sentir à sa place parmi eux. Cette histoire-là est vieille comme le monde et Apaches, non seulement n’y ajoute pas sa patte mais, en prime, peine à la rendre crédible.

 

Alice Isaaz - Apaches de Romain Quiriot

Alice Isaaz – Apaches de Romain Quiriot / Crédits Tandem Films

 

Le quotidien de Billie auprès de la bande se résume à un plan d’assassinat et quelques regards sulfureux échangés avec le leader dans le bar converti en boîte de nuit sous les flash bleus. Faute d’approfondir les relations entre les personnages, le film ne donne jamais corps au dilemme de Billie, qui n’est explicité qu’en voix-off. Une très jolie ellipse, sous forme d’un film en noir et blanc, rectifie le tir de justesse en présentant diverse scène de vie au sein du groupe. À ce moment précis, la musique hypnotique et la complicité mise en œuvre par les acteurs, pourtant muets, compense avec brio ce que le reste du film n’arrive jamais à exposer.

 

De ce déferlement de références éparses, de ces relations jamais vraiment tissées, de cette narration qui demeure en surface, découle une conclusion un peu vaine. Apaches a beau être divertissant et esthétique, derrière son emballage pop, ne s’esquisse qu’un récit très convenu qui, comme ces gangs d’antan, sombrera dans l’oubli.

 

Aésane Geeraert

 

 

 

  • APACHES
  • Sortie salles : depuis le 29 mars 2023
  • Réalisation : Romain Quirot
  • Avec : Alice Isaaz, Niels Schneider, Rod Paradot, Artus, Emilie Gavois-Kahn, Bruno Lochet, Rossy de Palma, Dominique Pinon, Jean-Luc Couchard, Hugo Becker, Armelle Abibou…
  • Scénario : Romain Quirot, Antoine Jaunin, Fannie Pailloux
  • Production : Fannie Pailloux
  • Photographie : Jean-paul Agostini
  • Montage : Romain Quirot
  • Décors : Irene Marinari
  • Costumes : Nadia Chmilewski
  • Musique : Yves Gourmeur
  • Distribution : Tandem Films
  • Durée : 1 h 35

 

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