Synopsis : Après avoir acheté Knowhere au Collectionneur, les Gardiens s’emploient à réparer les dégâts extrêmes causés par Thanos. Mais très vite, leurs vies sont bouleversées par les échos du passé turbulent de Rocket. Peter Quill, encore sous le choc de la perte de Gamora, doit rallier son équipe pour une mission dangereuse visant à sauver Rocket. Une mission qui, en cas d’échec, pourrait bien conduire à la fin des Gardiens tels que nous les connaissons.
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Si, pour l’après-Endgame, Marvel avait eu l’ambition de mettre des réalisateurs et réalisatrices aux styles plus affirmés aux commandes de ses films, force est de constater que le résultat a peu convaincu. Que ce soit Chloé Zhao pour Les Eternels, Sam Raimi pour Doctor Strange 2, Taika Waititi pour Thor 4 ou encore Ryan Coogler pour Black Panther 2, chaque film a reçu un accueil mitigé au mieux. Avec l’échec catastrophique du dernier Ant-Man, il ne restait plus qu’un seul nom suffisamment singulier pour pouvoir espérer redorer le blason du studio super-héroïque : James Gunn. Le réalisateur des deux premiers Gardiens de la Galaxie a toujours réussi à imposer sa vision très personnelle de la bande des Gardiens, offrant un humour beaucoup plus transgressif que celui que Marvel cherche à plaquer sur le reste de ses longs-métrages. Et ce troisième opus des aventures des Gardiens ne déroge pas à la règle, avec un tempo comique toujours plus précisément maîtrisé. Pour autant, ce qui tranche dès les premières secondes du film, c’est son ton plus sombre, plus triste. La première scène montre un Rocket Raccoon fredonnant l’air mélancolique de Creep de Radiohead, avant de retrouver un Star-Lord en pleine gueule de bois, qui ne se remet pas d’avoir perdu la Gamorra qu’il aimait depuis les événements de Avengers : Endgame. Sachant que James Gunn a acté que ce film marquerait la fin de l’équipe des Gardiens dans la forme qu’il met en scène depuis 2014, il s’agit de lui faire franchir un cap significatif, une sorte de passage à l’âge adulte. C’est justement par le personnage de Rocket que les thématiques du film peuvent se déployer. En plus de donner une explication à l’existence d’un raton-laveur qui parle, tire au pistolet laser et pilote des vaisseaux, les nombreux flash-backs qui traversent le film offrent de vrais moments d’émotions pour ce personnage qui n’en avait jusqu’ici pas eu beaucoup. L’occasion pour Gunn de traiter de sujets comme la maltraitance animale, l’eugénisme, la désillusion, l’émancipation ou encore la guérison.
Avec la place centrale qu’occupe Rocket, il reste toutefois peu d’espace aux autres personnages pour développer leur propre arc narratif. Drax et Mantis avaient bien eu leur moment avec Les Gardiens de la Galaxie : Joyeuses Fêtes. Mais le retour de Gamorra et la réaction de Quill face à la pseudo-résurrection de son amour perdu auraient mérité un plus grand développement que les répliques certes drôles mais un peu prévisibles échangées par les deux personnages pendant le long-métrage. Ce troisième volume préfère se concentrer sur le passé de Rocket, qui le rattrape sous la forme du Maître de l’Evolution. Véritable antagoniste du film, sa cruauté et sa mégalomanie le rendent juste assez caricatural pour devenir ce méchant iconique qu’on adore détester. De quoi complètement éclipser Adam Warlock, qui passe vite du statut de menace ultime à celui de sidekick maladroit faussement du côté des méchants.
Si les choix scénaristiques peuvent laisser à désirer, notamment sur la fin qui donne à voir une multitude de prises de risques possibles pour finir de manière beaucoup plus facile, les choix visuels restent au niveau de la forte personnalité de James Gunn. Le réalisateur met tout son amour des comédies horrifiques et des séries B dans les décors, toujours aussi pop et colorés, notamment dans cette planète faite de chair qui donne l’impression d’être projeté dans une version live action de Il était une fois la vie. L’action est elle aussi filmée de manière toujours plus ludique et inventive, servie par des effets spéciaux à cent lieues de la bouillie visuelle de Ant-Man 3, qui proposent un spectacle divertissant tout en restant tangible. Un pari encore une fois réussi pour James Gunn, dont on ressort satisfait de l’excellent travail accompli sur la trilogie, mais aussi mélancolique à l’idée que c’était sans doute la dernière fois qu’un auteur de cette trempe réalise pour Marvel… du moins pour l’instant ?
Théotime Roux
- LES GARDIENS DE LA GALAXIE VOL. 3 (Guardians of the Galaxy Vol. 3)
- Sortie salles : 3 mai 2023
- Réalisation et scénario : James Gunn
- Avec : Chris Pratt, Zoe Saldaña, Dave Bautista, Vin Diesel, Bradley Cooper, Karen Gillan, Pom Klementieff, Sean Gunn, Maria Bakalova, Chukwudi Iwuji, Will Poulter…
- Production : Kevin Feige
- Photographie : Henry Braham
- Montage : Fred Raskin, Greg D’Auria
- Décors : Beth Mickle
- Costumes : Judianna Makovsky
- Musique : John Murphy
- Distribution : Walt Disney Studio Motion Pictures
- Durée : 2 h 20