La doyenne du cinéma français, qui a partagé l’affiche avec les plus grands de l’époque comme Paul Newman et Erroll Flynn, nous a quittés ce 21 février.
Une carrière hors du commun. Voilà comment décrire l’histoire de Micheline Chassagne, plus connue sous le pseudonyme Micheline Presle. L’actrice avait pourtant commencé sa carrière sous le nom de scène Micheline Michel.
C’est après son premier succès dans Jeunes Filles en Détresse de Georg Wilhelm Pabst en 1939 que l’actrice adopte le nom de famille du personnage qu’elle incarne.
Cette Parisienne de naissance et grande vedette de la zone libre tourne en France dans plusieurs films populaires au cours des années 1940, à l’image de Paradis Perdu d’Abel Gance (1940) et Falbalas de Jacques Becker (1944). Cependant, l’un de ses longs-métrages les plus mémorables reste Le Diable au Corps en 1947.Â
Réalisé par Claude Autant-Lara, l’histoire suit la fiancée d’un Poilu au cours de la Première Guerre mondiale qui devient amante d’un jeune lycéen. Sorti juste après la guerre 39-45, le film choque : tromperie de soldat, antimilitarisme. L’instinct patriotique de la nation est attaqué, pourtant, l’œuvre parle à une génération plus jeune qui se reconnaît dans des thématiques tout aussi retentissantes aujourd’hui.
En 1948, alors qu’elle est au sommet de sa popularité en France, Micheline Presle s’envole pour les États-Unis, par amour pour Bill (William) Marshall, acteur, metteur en scène mais aussi ancien de l’US Air Force. De leur union naît Tonie Marshall, réalisatrice lauréate d’un César pour Venus Beauté (Institut), décédée en 2020.
Micheline Presle signe un deal avec la 20th Century Fox qui change son pseudonyme pour Prelle. Hollywood lui offre La Belle de Paris (1950), basée sur une nouvelle d’Ernest Hemingway, Guérillas (1950), tourné par le légendaire Fritz Lang ou La Taverne de la Nouvelle-Orléans (1951), réalisé par son mari de l’époque.
Elle retourne par la suite en France où sa carrière renaît à travers une série, Les Saintes Chéries. Micheline Presle peut ici mettre en avant son talent comique en incarnant Ève Lagarde, femme d’un couple français de la classe moyenne. La série est diffusée entre 1965 et 1971 et reste un témoignage marquant de la culture de l’époque.
Il est difficile de résumer ces plus de sept décennies où l’actrice nous a accompagnés. On cite son interprétation de l’écrivaine Virginia Woolf pour Franco Zeffirelli (1966), sa collaboration avec le géant Paul Newman dans le film d’espionnage Pas de Lauriers pour les Tueurs (1963) ou encore son César d’honneur reçu en 2004.
On découvre une dernière fois Micheline Presle sur grand écran en 2014 (sans compter le documentaire Je veux être actrice de 2016) pour sa fille dans Tu veux ou tu veux pas. L’actrice fait une simple apparition en tant que dame en colère. Mais quoi de plus beau que de terminer sa carrière par une œuvre créée par son enfant.
Depuis enfant, Micheline Chassagne rêvait de devenir actrice. À sa mort, au bel âge de 101 ans, Madame Presle a réalisé ce rêve. Elle a su émerveiller plusieurs générations depuis la fin des années 1930, elle a su marquer l’histoire du cinéma, depuis nos contrées françaises jusqu’aux collines d’Hollywood. Merci d’avoir rempli nos yeux d’étoiles.
Florian Boulland