Wonder Wheel de Woody Allen : critique

Publié par Lucia Miguel le 1 février 2018

Synopsis : Wonder Wheel croise les trajectoires de quatre personnages, dans l’effervescence du parc d’attraction de Coney Island, dans les années 50 : Ginny, ex-actrice lunatique reconvertie serveuse ; Humpty, opérateur de manège marié à Ginny ; Mickey, séduisant maître-nageur aspirant à devenir dramaturge ; et Carolina, fille de Humpty longtemps disparue de la circulation qui se réfugie chez son père pour fuir les gangsters à ses trousses.

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Wonder Wheel - affiche

Wonder Wheel – affiche

Comme chaque année, Woody Allen revient sur les écrans. Avec Wonder Wheel, il signe un drame d’ambiance dans l’idyllique Coney Island des années 1950, qu’il avait déjà mis en lumière dans Annie Hall. Kate Winslet interprète Ginny, une actrice ratée qui travaille comme serveuse dans un dinner sur la promenade de la plage. Mariée à Humpty (Jim Belushi), un opérateur de manège alcoolique, elle peine à élever son enfant issu d’un premier mariage, devenu un expert pyromane. Noyée dans une routine terne et sans espoir, Ginny va se réfugier dans les bras d’un beau et cultivé sauveteur (Justin Timberlake) qui lui fait rêver de destinations incroyables. Ce jeune dramaturge en devenir rêve d’écrire de grandes pièces tragiques sur la vie humaine. Dans un même temps, la désinvolte fille de Humpty, Carolina (Juno Temple), débarque dans leurs vies fuyant son gangster de mari qui veut sa peau. On retrouve les thématiques et les motifs qui ponctuent l’œuvre de Allen, comme les caprices de l’amour ou l’amour fuyant, inconsistant. Le récit passe ainsi du drame romantique à la plus grande tragédie théâtrale, celle de Tennessee Williams. Cette omniprésence théâtrale est annoncée dès l’ouverture, avec Timberlake, également narrateur qui se plaît, face caméra, à briser le quatrième mur. Au fil de l’intrigue, on est envouté par la photographie irréelle, saturée par la couleur orangée, du grand Vittorio Storaro, qui nous transporte dans l’Amérique de cartes postales des années 50 à travers le symbolique parc d’attraction de Coney Island. Cette Amérique multicolore et brillante devient ensuite une image plus intensifiée et décadente à la Edward Hopper. Et les indices se multiplient. Progressivement se joue le sentiment que l’existence de Ginny se déroule dans les coulisses du « monde merveilleux » qu’est Coney Island et qu’elle joue un rôle tous les jours.

 

Kate Winslet - Wonder Wheel

Kate Winslet – Wonder Wheel

 

Cette théâtralité cinématographique monte en puissance, tout en réduisant le champ, avec les allers-retours des personnages, et le jeu exacerbé de Winslet et de Belushi dans l’une des plus brillantes séquences de fin. La pièce que ce séduisant maître-nageur rêvait de faire, à l’image de celle d’Eugène O’Neill dans le livre qu’il offre à Ginny pour son anniversaire, se construit sous nos yeux. Le désir dévorant de Ginny d’être actrice a été exaucé. Elle a interprété ce grand rôle. Le dénouement va dans cette direction, marquant également celle d’un retour au point de départ, à la grisaille du quotidien, où les grands sentiments sont inutiles et les grandes aventures n’ont pas de place. Kate Winslet livre ici l’une de ses meilleures interprétations. Son personnage est passionné, à la fois débordante et contenue dans l’expressivité du sentiment amoureux. Le duo avec Belushi est d’exception et montre que leur talent est autant cinématographique que théâtral. L’interprétation de Justin Timberlake convainc moins mais son personnage est aussi plus superficiel et futile. Juno Temple excelle dans son rôle de jeune fille crédule qui reste néanmoins très peu nuancé. Avec Wonder Wheel, le génie de Woody Allen ne n’est donc pas éteint, hormis une première partie beaucoup trop lisse. Car l’entrée théâtrale crescendo donne au film tout son attrait, au-delà de son esthétique parfaite parfois un peu vide d’émotion. Le cinéaste prouve aussi une fois encore, après Blue Jasmine, qu’il excelle dans les portraits de femmes.

 

 

 

  • WONDER WHEEL
  • Sortie salles : 31 janvier 2018
  • Réalisation et Scénario : Woody Allen
  • Avec : Kate Winslet, Jim Belushi, Juno Temple, Justin Timberlake, Max Casella, Jack Gore, David Krumholtz, Tony Sirico…
  • Production: Erika Aronson, Letty Aronson, Edward Walson
  • Photographie: Vittorio Storaro
  • Montage : Alisa Lepselter
  • Décors : Santo Loquasto
  • Costumes : Suzy Benzinger
  • Maquillage: Stacy Panepinto
  • Distribution: Mars Films
  • Durée : 1h41

 

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