Buzz L’éclair de Angus MacLane : critique

Publié par CineChronicle le 23 juin 2022

Synopsis : La véritable histoire du légendaire Ranger de l’espace qui, depuis, a inspiré le jouet que nous connaissons tous. Après s’être échoué avec sa commandante et son équipage sur une planète hostile située à 4,2 millions d’années-lumière de la Terre, Buzz l’Eclair tente de ramener tout ce petit monde sain et sauf à la maison. Pour cela, il peut compter sur le soutien d’un groupe de jeunes recrues ambitieuses et sur son adorable chat robot, Sox. Mais l’arrivée du terrible Zurg et de son armée de robots impitoyables ne va pas leur faciliter la tâche, d’autant que ce dernier a un plan bien précis en tête…

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Buzz LEclair - Lightyear - affiche

Buzz L’Éclair (Lightyear) – affiche

Buzz L’éclair s’ouvre sur un court texte introduisant le film comme étant celui qui, regardé par le Andy de Toy Story en 1995, a amené le jeune garçon à acheter un exemplaire du Ranger de l’Espace. Le projet consiste donc en une publicité auto-proclamée, dont le grand mérite a été la vente d’une figurine. Cela n’a rien de spécialement original, la démarche de Disney consistant depuis longtemps à réaliser des vitrines commerciales pour ses produits dérivés. Mais ce qu’il faut constater avec Buzz L’éclair, et ce qui se développe de façon plus générale via cette tendance des spin-off, c’est que le jouet préexiste désormais au film. Par conséquent, celui-ci est enfermé dans le carcan des indices laissés au préalable par les produits qui l’ont précédé, et il ne s’agit donc plus tant d’inventer que d’expliquer. Alors, que fait le génie de Pixar d’une publicité pour jouets datant de 1995 ? D’abord, il n’en retient que partiellement la date de sortie. Si l’époque est propice à la citation de tout un imaginaire de science-fiction rétrofuturiste (avec entre autres Star Wars et Alien), le film penche aussi du côté d’une anachronique modernité. Au-delà de la technique d’animation dernier cri qui situe d’emblée Buzz L’éclair comme une production de 2022, on y trouve des références à Interstellar, Gravity, et même à Top Gun : Maverick. Buzz y est effectivement un héros déphasé de ses contemporains, cherchant à tout prix à vaincre un record de vitesse. Que ce film d’aujourd’hui, censé avoir été réalisé en 1995, résonne avec un autre blockbuster moderne faisant suite à un film de 1986, participe à en faire une œuvre hybride, hors du temps parce qu’ancrée à tous les âges. On y souffle dans les modules de pilotage comme dans des cartouches de la fin du 20e siècle, mais on y trouve aussi au premier plan un couple homosexuel, chose impensable dans un divertissement pour enfants d’il y a trente ans.

 

Lightyear

Buzz L’Éclair (Lightyear)

 

Il ne fait aucun doute que ce chaos chronologique est au moins partiellement volontaire, le passage du temps étant le grand sujet du film. En découlent ainsi ses deux plus belles idées : la répétition de sa mission par Buzz qui, à chaque retour, réalise les années qu’il a perdu, et un retournement de situation qu’on ne dévoilera pas ici, mais qui emploie un habile face-à-face comme moyen de remise en question du personnage principal.

 

Pour autant, ces labyrinthes temporels et narratifs ne suffisent pas toujours à porter l’entièreté du film, et celui-ci se retrouve rapidement à reposer sur un segment central bien plus linéaire. Entre gags standardisés et voyages initiatiques rebattus sur l’acceptation de soi, le contexte spatial normé puisqu’ultra-référencé donne le sentiment de ne rien avoir de neuf à raconter. Il en va ainsi de cette énième utilisation de l’opposition entre le Want (ce que le héros croit vouloir) et le Need (ce dont le héros réalise finalement qu’il a besoin), concept éculé de l’écriture de scénario que les équipes de Pixar avaient fait culminer dans Là-haut, et qui est réemployé dans la plupart de leurs scripts, avec ici moins de talent qu’à l’accoutumée.

 

Buzz LEclair (Lightyear)

Buzz L’Éclair (Lightyear)

 

Cependant, le savoir-faire de Pixar ayant atteint un tel niveau de précision qu’il est devenu impossible pour le studio de réellement manquer sa cible. Aussi les quelques productions mineures sont toujours assimilables à des produits académiques. Comme en attestaient déjà Luca et Alerte Rouge, qui étaient eux aussi les premiers longs-métrages de leurs réalisateurs, il semblerait que le passage de flambeau des studios soit aussi laborieux que celui des recrues de Buzz L’éclair, trop étouffées par le talent de leurs ainés pour laisser s’exprimer leur propre créativité. Quoi qu’il en soit, et même si La grande aventure Lego s’était montrée plus inventive dans le registre de la publicité pour jouets, il faut concéder au film d’Angus MacLane les quelques excellentes idées qui jalonnent son aventure convenue.

 

Joffrey Liagre

 

 

 

  • BUZZ L’ÉCLAIR (Lightyear)
  • Sortie salles : 22 juin 2022
  • Réalisation : Angus MacLane
  • Avec : Chris Evans, Keke Palmer, Peter Sohn, Taika Waititi, Dale Soules, James Brolin, Uzo Aduba, Mary McDonald-Lewis, Isiah Whitlock Jr., Angus MacLane
  • Scénario : Angus MacLane, Jason Headley, Matthew Aldrich, Jason Headley
  • Production :  Pete Docter, Andrew Stanton, Galyn Susman
  • Photographie :  Jeremy Lasky, Ian Megibben
  • Montage :  Anthony Greenberg
  • Décors :  Greg Peltz
  • Costumes : Grant Alexander
  • Musique :  Miachel Giacchino
  • Distribution :  Walt Disney Studios Motion Pictures
  • Durée : 1 h 49

 

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