Résumé : Les éditions LettMotif lancent la collection Darkness, censure et cinéma, avec pour premier tome le gore et à la violence dans le cinéma et les séries télévisées.
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Belle initiative que celle proposée par les éditions LettMotif. Trois volumes (pour le moment) réunissant certains textes publiées originellement dans le fanzine Darkness (2010-2016), spécialisé, comme son nom l’indique, dans le cinéma de genre. Placé sous la direction de Christophe Triollet, juriste et spécialiste de la censure au cinéma, ce premier tome s’offre comme un panorama tout à fait décisif sur la question du gore à l’écran. Quatorze auteurs pour vingt-cinq textes correspondant à autant d’axes de recherche. Le gore est ainsi analysé à travers le prisme du genre, de certains motifs, thématiques (la violence, la morale, la justice), périodes, cinématographies (Espagne, Japon, Chine, France, États-Unis), et même de réalisateurs (Paul Verhoeven, David Cronenberg, Lucio Fulci). Prolixe, l’étude collective revient sur les origines du gore pour en éclairer les ramifications les plus contemporaines. De La Séparation des soeurs siamoises, film médical réalisé en 1898, à Martyrs ou Hostel, en passant par les films matriciels de Herschell Gordon Lewis, certains traits narratifs et formels persistent, tout en accusant le passage des développements techniques et des évolutions idéologiques. Instructifs et novateurs, les textes explorent donc avec sagacité les marges les plus sanglantes du cinéma institutionnel. Florent Christol décale ainsi l’approche habituelle du slasher pour en proposer une variante à travers la figure du « foolkiller« , tandis que Yohann Chanoir, rappelant l’origine moyenâgeuse de la notion de « gore », analyse avec minutie les rapports entretenus par les films médiévaux (Le Masque de la mort rouge, Le Nom de la Rose, La Chair et le Sang, Black Death) et l’esthétique du sang. Remarquons encore l’excellent retour proposé par Éric Peretti sur certains films de Kurosawa perçus comme des influences essentielles pour les futures productions gore dont Benjamin Campion relève la pluralité sur le petit écran (Hannibal, American Horror Story, Penny Dreadful). À la recension des revues interdites (Midi-Minuit Fantastique, Creepy, Monster Mag) établie par Bernard Joubert répond une sorte d’anthologie permettant de revenir sur certains cas particuliers liés à la censure (la déprogrammation de Timbuktu ou le refus par UGC de projeter Conjuring 2 dans son réseau de salles). Aux côtés du Cinéma gore, Une esthétique du sang de Philippe Rouyer (Les Éditions du Cerf, 1997), ce premier volume de la Collection « Darkness » s’affirme comme un indispensable pour tout amateur de frissons et de giclées d’hémoglobine.
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- DARKNESS, CENSURE ET CINÉMA : GORE ET VIOLENCE (tome 1)
- Auteur(s) : Collectif sous la direction de Christophe Triollet
- Édition : LettMotif
- Collection : Darkness
- Date de parution : 21 juillet 2017
- Pages : 340
- Tarif : 29 € (papier) – 12, 90 € (numérique)