C’est ce qu’on appelle une représentation aussi géniale qu’audacieuse. Dans le kaléidoscopique et très original I’m not there (2007) de Todd Haynes, Cate va encore plus loin dans l’art du transformisme en incarnant une facette fantasmée de Bob Dylan. Dans les vêtements de Jude, chanteur controversé et provocateur, l’actrice semble littéralement habitée par sa partition.
Cate Blanchett a par ailleurs livré quelques éléments de préparation : elle a notamment sanglé sa poitrine et mis une chaussette dans son pantalon pour se sentir plus masculine. Mais de cette voix hybride à ces mouvements de jambes nerveux, de ses léthargies en coulisses comme ses éclats en scène sur Maggie’s Farm et Ballad of a Thin Man, elle entretient autant le mystère de Jude que celui de sa propre création. Pas étonnant qu’elle ait récolté, une fois encore, une salve de louanges et de récompenses, dont la coupe Volpi de la meilleure actrice au festival de Venise. Les autres interprètes du film – Heath Ledger, Christian Bale, Michelle Williams, Charlotte Gainsbourg… – sont fantastiques, mais c’est bien elle la plus belle pièce du puzzle fou concocté par Todd Haynes.
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