1/ Victor Pivert/Rabbi Jacob dans Les aventures de Rabbi Jacob (1973)
Fourbe, colérique, ingrat, lâche… A la vision des Aventures de Rabbi Jacob, on retrouve beaucoup des défauts déjà détectables dans les précédentes partitions de Louis de Funès. Sa performance en Victor Pivert / Rabbi Jacob est magnifique, notamment parce que ses admirateurs peuvent s’amuser à faire l’éventail de tout ce qui a fait la légende du grand Louis. Dans la peau de ce patron d’entreprise antisémite devant usurper l’identité d’un rabbin, De Funès s’amuse avec chaque élément de comédie : les dialogues (« C’était Farès ? C’est effarant »), les accents, les déguisements, l’absurde (avec ce claquement de porte invisible), les cascades, les clins d’œil (à Chaplin, à son propre répertoire)…
L’audace du scénario de Danièle Thompson et Gérard Oury et la vivacité de la mise en scène servent évidemment le talent de l’interprète. Pari gagné : ce dernier livre probablement le plus grand coup d’éclat de sa carrière. Car Les Aventures de Rabbi Jacob, en plus d’être une farce brillante et parfaitement menée, est un grand film sur la tolérance. La star le sait et Victor Pivert ne s’illustre pas que dans l’amusement d’une danse hassidique, comme le montrent les images ci-dessous. Il finit par avouer, avec une repentance touchante, qu’il n’est pas juif. Quel chemin parcouru lorsqu’on repense au début du récit ! N’en déplaise à ses détracteurs, Louis de Funès savait aussi faire évoluer l’âme de son double à l’écran. Et donner vie à cette métamorphose dans son regard bleu.
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