Un Homme dans la foule (A Face in the Crowd) de Elia Kazan (1957)
Elia Kazan a déjà à son actif de nombreuses œuvres phares comme Le Mur Invisible, Un Tramway nommé Désir, Sur les Quai, À l’Est d’Eden ou encore Baby Doll lorsqu’il signe Un Homme dans la foule (A Face in the Crowd).
Le cinéaste explore ici l’ascension et la chute vertigineuses par les médias de Larry ‘Lonesome’ Rhodes, un homme inconnu lorsque la reporter radio Marcia Jeffries, campée toute en intériorité par Patricia Neal, décide de consacrer son émission locale Un visage dans la foule (A Face in the Crowd) à la découverte de voix anonymes. C’est dans la prison d’un bled paumé de l’Arkansas qu’elle croise ce vagabond et chanteur itinérant au bagout certain, campé par un Andy Griffith rustre, cynique et volontairement caricatural. Leur rencontre détonante va radicalement changer la trajectoire de ces deux personnages puisqu’en un rien de temps ce visage dans la foule devient un véritable phénomène et héros national.
Sur une trame et une thématique similaires, Elia Kazan et son coscénariste Budd Schulberg, avec lequel il a collaboré sur Sur les Quais, dresse une peinture bien plus corrosive sur l’influence des médias que celle de Frank Capra, bien sûr plus humaniste, avec L’Homme de la Rue (Meet John Doe) sorti seize ans plus tôt – à savoir au début de l’avènement de la télévision dans les foyers. Gary Cooper était en outre un personnage plus fragile, discret et émouvant.
Elia Kazan utilise ici tous les moyens marketing et de communication de l’époque, et n’hésite pas à propulser cet individu aussi bien en star de la radio et de la télévision qu’en inventeur de la publicité moderne, roi du placement de produits, et des talk-shows avec rires enregistrés, avant de le plonger inéluctablement dans la sphère politique.
Avec Un Homme dans la foule, le cinéaste américain d’origine grecque livre une critique sans concession sur cette machine des médias qui créé aussi vite qu’elle broie de la vedette, à l’image de la téléréalité actuelle. Le personnage d’Andy Griffith, totalement aveuglé par le succès, va perdre ainsi progressivement pied se brûlant les ailes sur l’autel de la célébrité…
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