Synopsis : Jae-ho, qui se rêve chef de gang, fait la loi en prison auprès des autres détenus. Mais son autorité est remise en cause à l’arrivée de Hyun-su, un nouveau venu.
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Fort du succès de son précédent film, une comédie romantique osée et sexy (Watcha Wearin’ ? en 2012), Byun Sung-Hyun s’attaque désormais au genre phare et ultra-viril du cinéma coréen, le thriller. En cinéaste pas vraiment subtil et très référencé, Sans Pitié, présenté en Séance de minuit à Cannes, est un nouvel ersatz du thriller « cool » mais « élégant », qui possède un peu près tous les tics visuels, les séquences-types et les stéréotypes de caractères que promet ce cinéma à la violence fantasmée et exponentielle. Très peu surprenant, Sans Pitié c’est d’abord un thriller accablant de facilité visuelle et de pirouette scénaristique, sorte de pot-pourri édifiant d’une cinéphilie nostalgique mal digérée. À la fois bavard mais pas très drôle (son côté tarantinesque), violent mais faussement fun (son côté Kim Jee-won du pauvre), le film semble noyer dans une esthétique racoleuse (couleurs chatoyantes) ou sombre (séquences de nuit sous la pluie) qui emprunte autant aux effets de poses nihilistes d’un Johnnie To qu’aux angles de caméra improbables et inutiles d’un Michael Bay. C’est vraisemblablement la peur de l’ennui qui l’oblige en quelque sorte à recouvrir l’épuration d’un To de dialogues lourdingues, d’une narration éclatée et de mouvements de caméra soi-disant virtuoses. Au niveau du scénario, c’est « pompé », une nouvelle fois, sur les meilleurs Ringo Lam (Prison on fire, City on Fire). Un scénario de petit malin qui multiplie allègrement les twists, s’amuse inlassablement de sa chronologie avec d’incessants allers-retours sous forme de flashbacks et qui tente, assez maladroitement, de dépasser ces « maîtres » avec cette histoire de « sur-infiltrage » afin de brouiller les pistes le plus longtemps possible. Excessif et vite redondant (les scènes d’action sont des copier/coller d’autres films bien supérieurs), Sans Pitié semble travailler en permanence par une surenchère visuelle et scénaristique bruyante et grossière. N’ayant rien d’autres à filmer que d’inamovibles clichés d’écriture (la fliquette jusqu’au-boutiste, le chef de gang corrompu, le bras droit simplet…), les intérêts sont resserrés uniquement sur la relation entre les deux personnages principaux. Mais on a évidemment bien du mal à croire à l’amitié virile et sincère entre le criminel Han (Sul Kyung-gu), chevronné et exigeant, et l’infiltré Jo (la pop-star Yim Si-wan), insupportable jeune pré-pubère dont la cicatrice psychologique repose entièrement sur la perte de sa mère, visiblement seul moyen d’écriture qui traverse les continents, d’Hollywood jusqu’à la Corée du Sud, pour légitimer une vengeance meurtrière. Bref, Sans Pitié n’est pas du niveau des dernières productions coréennes sorties en France sous l’étiquette « film de genre » (The Strangers, Dernier Train pour Busan, Tunnel) et en est même très loin.
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- Note de la rédaction cannoise
- Nathalie Dassa ♥♥♥♥♥
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- SANS PITIÉ (Bulhandang) de Byun Sung-hyun en salles le 28 juin 2017
- Avec : Sol Kyung-Gu, Yim Si-Wan, Kim hier-Won, Jeon Hye-Jin
- Scénario : Byun Sung-Hyun, Kim Min-Soo
- Production : Michelle Kwon, Simon Lee, Park Ji-sung, An Eun-mi, Yi Jin-hee
- Photographie : Cho Hyoung-Rae
- Montage : Kim sang-Bum, Kim Jae-Bum
- Décors : Han Ah-Rum
- Costumes : Cho Hee-ran
- Musique : Kim Hong-Jio, Lee Jin-Hee
- Distribution : ARP Selection
- Durée : 2h
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