Le Pirate (The Pirate) de Vincente Minnelli (1948)
Le Pirate est l’un des chefs-d’oeuvre du musical hollywoodien. Le couple Kelly-Garland, que l’on retrouve deux ans plus tard dans Summer Stock de Charles Walters, fonctionne à merveille. Le Technicolor chatoyant de Henry Stradling fait la part belles aux superbes costumes et décors caribéens, reconstitués en studio. Le scénario, très élaboré, ressemble parfois à une pièce shakespearienne de par ses longues tirades tragi-comiques, entrecoupée par la partition musicale de Cole Porter. Dans une des scènes comiques du film, Garland, excédée de la mascarade qu’elle doit jouer à Sérafin, poursuit Kelly en lui jetant tous les bibelots se trouvant sur son passage.
Promise au riche maire Don Pedro Vargas (Walter Slezak), Manuela (Judy Garland) est une jeune fille des îles persuadée que Sérafin (Gene Kelly), le clown d’un cirque et troubadour ambulant est en fait Macoco, un pirate des Caraïbes. Les personnages vacillent entre rêve et réalité, désireux de voir leurs fantasmes prendre vie et leur jeu de séduction aboutir enfin.
Le Pirate est un échec à sa sortie en 1948. Le public retiendra les chansons efficaces qui composent cette opérette flamboyante : Mack The Black, Nina et You Can Do No Wrong entre autres. L’air de Be A Clown, écrit par Porter sera même intégralement repris pour la chanson Make’Em Laugh, figurant dans le numéro musical de Donald O’Connor dans Chantons Sous la Pluie. Gene Kelly engage même les Nicholas Brothers pour danser à ses côtés dans ce numéro final, décision désapprouvée par la MGM. Enfin, « le ballet du Pirate » est jugé trop érotique et raccourci à la demande de Louis B. Mayer tandis que le numéro « Voodoo » de Judy Garland est coupé au montage. Le Pirate était certainement un film musical en avance sur son temps.