Synopsis : ce documentaire éclaire la courte vie du peintre culte Jean-Michel Basquiat au sein de la ville de New York de 1978 à 1981 et explore tout ce qui, dans cette métropole, à travers ses rencontres et les mouvements politiques, sociaux et culturels, l’a nourri et inspiré.
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Vingt-cinq ans après son dernier long métrage, Lilly ou la vengeance d’une ombre (1993), Sara Driver, femme et muse de Jim Jarmusch (Paterson, Only Lovers Left Alive), fait son retour derrière la caméra avec un documentaire fort qui explore les débuts de l’artiste et ami Jean-Michel Basquiat. Fenêtre sur une époque et une ville, New York, où la faillite politique et économique a permis l’émergence d’un renouveau culturel dont il était l’un des emblèmes. À l’aide de témoignages de proches et d’images d’archives, Basquiat, un adolescent à New York est une introspection dans la vie de ce génie énigmatique entre 1978 et 1981. Sara Driver et Alexis Adler, l’ex-petite amie et colocataire de Basquiat, ont retrouvé des centaines de photos, de dessins et d’Å“uvres qu’elles avaient longtemps oublié. En réunissant tous les proches qui l’ont connu et côtoyé, la réalisatrice rend ainsi un ultime hommage à cet ami disparu tragiquement à l’âge de vingt-sept ans. En 1978, Basquiat n’a que dix-huit ans mais arpente déjà les rues de New York, en laissant sa trace sur les murs, des courts poèmes ou pensées signés SAMO. Il se démarque immédiatement par sa philosophie et son recul sur la société. Basquiat n’était pas un graffeur, mais un poète urbain, qui prenait son quotidien pour inspiration, et sa ville, pour un cahier. Evénements politiques, mouvements hip-hop et punk rock, violences raciales, évolution de la scène artistique, tout ce qui rythmait la vie new-yorkaise l’a nourri. On découvre ainsi un Basquiat intime, solitaire et dans son monde, sans cesse entouré mais finalement toujours seul, ne cessant jamais d’écrire, de dessiner, de gribouiller, quel que soit le support. Une précocité et une productivité qui s’expliquent par un besoin incessant de créer, comme son seul moyen d’expression.
Dans ce New York à l’abandon et entouré de personnes qui le stimulent, Basquiat est parvenu à y puiser son inspiration pour s’affranchir d’un milieu artistique très codé. Il passe d’artiste prometteur à véritable icône et représentant d’un milieu, d’une culture et d’une philosophie. Poète urbain devenu prophète pour beaucoup, il s’impose rapidement par son génie entre peinture, poésie et graffitis. Il a participé à crédibiliser et démocratiser l’art de la rue, à une époque où le hip-hop n’en était qu’à ses prémisses. Il a incarné le renouveau culturel fulgurant de New York en lui donnant une nouvelle attractivité. De Basquiat, un adolescent à New York, en ressort une grande sincérité. C’est l’une de ses plus grandes forces ; Sara Driver raconte superbement Basquiat, ce surdoué, par ceux qui l’ont connu et qui ont grandi avec. Un documentaire fort qui contextualise une époque noire de New York, souvent oubliée mais fondatrice de cette métropole culturelle qu’elle est devenue. Une ville, qui fut pauvre et violente, se réfugiant derrière des valeurs pluriculturelles qu’il défendait pour nourrir ce rêve américain…
Brice Launois
>> Lire notre interview avec la réalisatrice Sara Driver <<
- BASQUIAT, UN ADOLESCENT À NEW YORK (Boom For Real: The Late Teenage Years of Jean-Michel Basquiat)
- Sortie salles : 19 décembre 2018
- Réalisation : Sara Driver
- Avec : Jean-Michel Basquiat, Alexis Adler, Fab 5 Freddy, Jim Jarmusch, Al Diaz, Coleen Fitzgibbon, Michael Holman, Lee Quinones, Glenn O’Brien, Pat Field
- Scénario : Sara Driver
- Production : Sara Driver, Rachel Dengiz
- Photographie : Adam Benn
- Montage : Adam Kurnitz
- Musique : Anthony Romano
- Distribution : Le Pacte
- Durée : 1h18