Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma : critique

Publié par Erica Farges le 18 septembre 2019

Synopsis : 1770. Marianne est peintre et doit réaliser le portrait de mariage d’Héloïse, une jeune femme qui vient de quitter le couvent. Héloïse résiste à son destin d’épouse en refusant de poser. Marianne va devoir la peindre en secret. Introduite auprès d’elle en tant que dame de compagnie, elle la regarde.

♥♥♥♥

 

Portrait de la jeune fille en feu - affiche

Portrait de la jeune fille en feu – affiche

Après Naissance des pieuvres, présenté dans la section Un Certain Regard en 2007, et Bande de filles qui a ouvert la Quinzaine des Réalisateurs en 2014, Portrait de la jeune fille en feu est le premier long-métrage de Céline Sciamma sélectionné en compétition au Festival de Cannes. Récompensée par le Prix du scénario, la cinéaste surprend par le renouveau de style qu’elle adopte dans sa dernière réalisation. Celle qui est connue pour ses mises en scène centrées sur des jeunes femmes s’affranchissant des normes sociales, étonne avec ce film d’époque qui succède à trois long-métrages aux ambiances contemporaines. Elle reprend néanmoins ce format classique en le revisitant ingénieusement par le biais d’un message de fond résolument moderne, transmis en partie à travers la représentation des femmes qu’elle y dépeint. Le duo Adèle Haenel/ Noémie Merlant incarne ici un double portrait dont l’alchimie exceptionnelle ressort à l’écran. L’avant-gardiste Marianne (Noémie Merlant), qui exerce une profession rare pour une femme vivant à cette période, et la téméraire Héloïse (Adèle Haenel), sortie du couvent suite au suicide de sa sœur aînée afin d’être donnée en mariage à un comte italien, témoignent du paradoxe existant autour des attentes vis-à-vis de la gente féminine de l’époque. Pourtant, on retrouve dans cette perspective une résonance actuelle, car elle porte surtout sur l’émancipation des femmes, sujet désormais très présent dans les débats.

 

Portrait de la jeune fille en feu

Portrait de la jeune fille en feu

 

S’il s’agit du deuxième rôle principal d’Adèle Haenel (Naissance des pieuvres) dans un film de Sciamma, c’est une première pour Noémie Merlant (Le Ciel attendra) qui ouvre Portrait de la jeune fille en feu et dont le personnage prend une dimension de narratrice graphique. À cette duplicité entre l’artiste et son modèle s’ajoute également la servante interprétée par Luàna Bajrami, actrice découverte l’année dernière dans L’Heure de la sortie de Sébastien Marnier. Ce troisième personnage prénommée Sophie, illustre une autre facette de la condition féminine dans la France du XVIIIe siècle, notamment par son lien avec les thèmes qui traitent de la condition des très jeunes domestiques et de l’avortement, bien avant que cette pratique soit légalisée. Les décors épurés de Thomas Grézaud (Tomboy, Confession d’un enfant du siècle, Bande de filles), le déroulement en huis clos au sein de la grande demeure bretonne modestement aménagée et l’absence presque totale de musique nous immergent dans les émotions de cette découverte mutuelle entre les héroïnes.

 

Portrait de la jeune fille en feu

Portrait de la jeune fille en feu

 

En outre, la BO quasiment inexistante permet à l’escalade sentimentale que traversent les personnages de se dévoiler de manière naturelle et spontanée. Ainsi, l’expression de leurs états d’âme repose plus sur des échanges visuels et gestuels que sur des artifices musicaux. Œuvre classique teinté de modernité, Portrait de la jeune fille en feu est truffée de références, comme Persona, Rebecca, La Leçon de piano, Titanic, Mulholland Drive  À travers ce magnifique et émouvant tableau où les jeux de couleurs prédominent, Céline Sciamma célèbre non seulement l’importance historique, souvent ignorée, des artistes peintres féminines du siècle des Lumières, mais aussi celle de l’émancipation des femmes d’hier et d’aujourd’hui.

 

 

 

  • PORTRAIT DE LA JEUNE FILLE EN FEU
  • Sortie salles : 18 septembre 2019
  • Réalisation : Céline Sciamma
  • Avec : Noémie Merlant, Adèle Haenel, Luàna Bajrami, Valeria Golino, Christel Baras, Armande Boulanger, Guy Delamarche, Clément Bouyssou, Michèle Clément, Cécile Morel
  • Scénario : Céline Sciamma
  • Production : Véronique Cayla, Bénédicte Couvreur, Olivier Père
  • Photographie : Claire Mathon
  • Montage : Julien Lacheray
  • Décors : Thomas Grézaud
  • Costumes : Dorothée Guiraud
  • Musique : Jean-Baptiste de Laubier et Arthur Simonini
  • Distribution : Pyramide Films
  • Durée : 2h

 

Commentaires

A la Une

A complete unknown : Timothée Chalamet devient l’icône folk Bob Dylan dans ce premier trailer

Dans ces premières images, James Mangold nous entraîne dans les années 60 pour découvrir l’ascension de Bob Dylan, figure centrale… Lire la suite >>

Joker – Folie à deux : un nouveau trailer déjanté

La nouvelle bande-annonce du Joker : Folie à deux a déjà dépassé les millions de vues en moins de 24… Lire la suite >>

Michael Mann lance un site dédié au processus de création de tous ses films

The Michael Mann Archives a été lancé le 16 juillet dernier, et le premier film accessible aux abonnés est aussi… Lire la suite >>

Spermageddon : un film d’animation norvégien prometteur

Originals Factory a acquis les droits de distribution en France de cette comédie musicale animée autour du sexe, qui sera… Lire la suite >>

The Substance : le film de body horror avec Demi Moore se dévoile dans un teaser intriguant

Le nouveau film de Coralie Fargeat verra s’affronter Demi Moore et Margaret Qualley autour de cette fameuse substance.    … Lire la suite >>

Nos vidéos

Box OFFICE France

Titre Cette sem. Nbr Sem. Cumul
1 LE COMTE DE MONTE-CRISTO 992 295 4 4 531 945
2 MOI, MOCHE ET MECHANT 4 785 787 2 2 185 956
3 VICE-VERSA 2 575 629 5 6 872 252
4 TWISTERS 290 884 1 290 884
5 UN P'TIT TRUC EN PLUS 255 666 12 8 388 607
6 LE LARBIN 114 953 1 114 953
7 SANS UN BRUIT : JOUR 1 64 880 4 805 262
8 LONGLEGS 47 710 2 117 561
9 HORIZON : UNE SAGA AMERICAINE, CHAPITRE 1 46 839 3 239 854
10 SANTOSH 43 680 1 43 680

Source: CBO Box office

Nos Podcasts