Synopsis : En pleine Guerre froide, le parcours de huit à vingt-deux ans d’une jeune orpheline prodige des échecs, Beth Harmon. Tout en luttant contre une addiction, elle va tout mettre en place pour devenir la plus grande joueuse d’échecs du monde.
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Adaptée du roman éponyme de Walter Tevis, la nouvelle minisérie dramatique de Netflix plante son décor pendant la Guerre Froide et autour de l’univers des tournois d’échecs. Ce qui aurait pu être un film réalisé par le regretté Heath Ledger -l’acteur avait en effet le projet d’adapter le livre de Tevis au cinéma avant sa mort-, donne finalement lieu à une minisérie en sept parties. Créée par Scott Frank (Godless) et le producteur Allan Scott (Petits meurtres entre amis), Le Jeu de la Dame n’est pas sans rappeler Le Prodige, avec Tobey Maguire dans la peau du joueur Bobby Fischer, ou encore The Coldest Game avec Bill Pullman, situé pendant la crise des missiles de Cuba. L’adaptation pour la plateforme de streaming dont le titre original, The Queen’s Gambit, fait référence à une ouverture très populaire aux échecs, porte sur la vie d’une orpheline prodige de ce jeu, incarnée par Anya Taylor-Joy (The Witch, Split, Peaky Blinders). Une trajectoire avec une issue glorieuse au cours de laquelle Beth Harmon est confrontée à plusieurs obstacles, comme la perte de sa mère dans un accident de voiture, le placement en orphelinat, les relations parfois tendues avec sa famille adoptive et ses addictions. La minisérie reprend ici le schéma classique d’une histoire d’ascension ; des parties dans le sous-sol de l’orphelinat avec le gardien (Bill Camp) aux plus prestigieuses compétitions internationales. La mise en scène, de belle facture, ne propose pas de réelle prise de risque. C’est le plus dommageable dans cette création Netflix car en adoptant une approche plus osée, elle se serait davantage distinguée de la multitude de séries actuelles.
On se laisse néanmoins absorber par la passion de l’héroïne grâce à un scénario très bien ficelé qui donne envie en permanence de connaître la suite des aventures de Beth. Mais aussi d’en savoir plus sur son passé avant le décès de sa mère, montré dans différents flashbacks. Si la réalisation est assez conventionnelle, elle contribue toutefois à nous transporter dans cet univers si singulier. Le travail minutieux sur les décors et les costumes vient d’ailleurs en renfort, reconstituant l’ambiance du Kentucky des années 1950-60 et de diverses grandes villes (San Francisco, New York, Paris, Moscou…).
Un autre point fort : l’écriture des personnages. Le portrait psychologique de cette future championne d’échecs se démarque ici du paysage sériel actuel. Au-delà de son talent exceptionnel, Beth est loin d’être parfaite. Elle est même, à première vue, renfermée et pas très sympathique. Cette carapace, qui se brise progressivement, rend l’héroïne plus empathique et intéressante. Quant aux autres personnages féminins qui gravitent autour d’elle, ils le sont tout autant ; leurs destins reflètent de manière convaincante les conditions femmes aux États-Unis à cette époque. En dépit d’un certain manque d’originalité dans sa réalisation, Le Jeu de la Dame reste une minisérie captivante qui s’ancre dans un contexte historique tout en offrant une résonance moderne.
- LE JEU DE LA DAME (The Queen’s Gambit)
- Diffusion : depuis le 23 octobre 2020
- Plateforme / Chaîne : Netflix
- Création : Scott Frank et Allan Scott
- Réalisation : Scott Frank
- Scénario : Scott Frank
- Avec : Anya Taylor-Joy, Bill Camp, Marielle Heller, Thomas Brodie-Sangster, Moses Ingram, Isla Johnston, Harry Melling, Chloe Pirrie, Patrick Kennedy, Marcin Dorocinski
- 7 épisodes de 46-67 minutes