Synopsis: Laurie Strode, sa fille Karen et sa petite fille Allyson viennent d’abandonner le monstre au célèbre masque, enfermé dans le sous-sol de la maison dévorée par les flammes. Mais Michael Myers parvient à s’extirper du piège où Laurie l’avait enfermé et son bain de sang rituel recommence. Les trois générations de femmes vont s’associer à une poignée de survivants du premier massacre, et prennent les choses en main en formant une milice organisée autour de la chasse et la destruction du monstre une fois pour toutes. Le mal meurt cette nuit.
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En 2018, David Gordon Green prenait la succession de Rob Zombie pour écrire un nouveau chapitre de la franchise Halloween. À l’instar de son prédécesseur, le réalisateur de Joe (2014), Manglehorn (2014) et Stronger (2017) choisissait de respecter la mythologie du célèbre tueur tout en approfondissant son identité par quelques petites touches assez réussies. Le film de Green proposait ainsi une sympathique inversion des rôles permettant à la fois de préserver le caractère surnaturel de Michael Myers tout en humanisant sa représentation. Le prédateur poursuivi par ses proies, voilà l’idée que prolonge le cinéaste dans le bien-nommé Halloween Kills. Car ici, la mort est omniprésente et n’est plus l’apanage d’un personnage unique. De fait, le film s’éloigne quelque peu des codes du slasher pour s’orienter assez franchement du côté du revenge movie. Là où Rob Zombie avait approché la saga avec sérieux et inventivité (le mal-aimé Halloween 2 [2009] qui couplait à une atmosphère onirique une authentique ambition visuelle), Green revient à une dimension plus ludique, assumant jusqu’au bout la démarche carnavalesque de son scénario. Lorgnant du côté du gore festif qui fit les beaux jours du cinéma d’horreur des eighties, le cinéaste cumule cadavres et clins d’œil cinéphiles. Cette démarche procure d’abord un certain plaisir. En convoquant à nouveau le personnage de Laurie Strode et son interprète Jamie Lee Curtis, Halloween Kills répond aux attentes des fanatiques de la franchise. Mais, rapidement, la déception se fait sentir. Car la caractérisation creuse de l’ancienne héroïne renvoie à l’aspect général d’un film qui, à n’en pas douter, aurait parfois mérité d’être plus subtil dans le traitement de son scénario.
Par sa recherche d’excès, Halloween Kills tend à oublier ses origines et va même jusqu’à rappeler les dérives rencontrée par sa saga concurrente : Vendredi 13. Comme pour cette dernière, la cumulation devient source d’ennuis et empêche Green de dépasser l’esprit carnavalesque de sa mise en scène. Cet écart demeure franchement dommageable tant le cinéaste fait preuve d’une irréfutable maîtrise dans l’organisation des scènes horrifiques. On aurait souhaité que celle-ci se mette plus souvent au service du récit que du seul impact audio-visuel de sa réalisation. Pur enchaînement grotesque qui peine à progresser, Halloween Kills déçoit mais n’empêche pas pour autant de croire en l’avenir de la saga. Car Halloween Ends, dont la sortie est prévue pour 2022, imposera au réalisateur de reconsidérer sa manière pour clôturer convenablement sa trilogie. On considérera alors avec un certain regret Halloween Kills comme une simple parenthèse adressée aux amateurs de sensations fortes plutôt qu’aux spectateurs avertis.
- HALLOWEEN KILLS
- Sortie salles : 20 octobre 2021
- Réalisation : David Gordon Green
- Avec : Jamie Lee Curtis, James Jude Courtney, Nick Castle, Judy Greer, Andi Matichak, Anthony Michael Hall, Kyle Richards, Dylan Arnold, Will Patton, Nancy Stephens, Charles Cyphers, Omar J. Dorsey, Scott MacArthur
- Scénario : David Gordon Green, Danny McBride, Scott Teems
- Production : Malek Akkad, Jason Blum, Bill Block
- Photographie : Michael Simmonds
- Musique : John Carpenter, Cody Carpenter, Daniel Davies
- Montage : Tim Alverson
- Décors : Matthew Sullivan
- Costumes : Emily Gunshor
- Distribution : Universal Pitcures International France
- Durée : 105 minutes