Actrice au cinéma et sur les planches, elle a joué à Broadway, dans Mame et Gipsy, a remporté cinq Tony Awards et un Oscar honorifique. Elle a donné vie à Jessica Fletcher dans les douze saisons de la série Arabesque. Angela Lansbury s’est éteinte, ce 11 octobre 2022, à l’âge de 96 ans.
Angela Lansbury, né à Londres en octobre 1925, fait ses premiers pas au cinéma dans le film de George Cukor, Hantise, où elle incarne Nancy, femme de chambre de Charles Boyer et d’Ingrid Bergman. Elle est nommée à l’âge de 19 ans pour l’Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle.
Elle concourt une fois de plus à l’Oscar en 1946, pour son troisième film, Le Portrait de Dorian Gray d’Albert Lewin, dans lequel elle incarne Sybil Vane, cette charmante chanteuse dont le personnage éponyme narcissique brise le cœur sans ménagement. Lansbury partage d’ailleurs ici l’écran avec sa mère, Moyna MacGill, qui joue le rôle d’une duchesse.
Accoutumée à incarner des personnages plus vieux qu’elle, l’actrice interprète la mère manipulatrice de Laurence Harvey, à peine plus jeune qu’elle, dans Un crime dans la tête, le film sur fond de Guerre Froide de John Frankenheimer. Ce rôle lui vaut une ultime nomination aux Oscars, dont elle ressort une fois de plus sans statuette.
À Broadway, son interprétation culte de l’héroïne de Mame la propulse au rang de superstar et lui permet de remporter le premier de ses quatre Tony Awards. Les trophées suivants récompensent ses prestations dans Dear World (1969), Gypsy (1975) et Sweeney Todd (1979).
À presque 90 ans, Angela Lansbury montait encore sur les planches à Londres, dans la pièce comique L’Esprit s’amuse. Elle a fait son retour au cinéma en 2018, marchande de ballons dans Le Retour de Mary Poppins. En juin dernier, un nouveau Tony Award qui récompensait l’œuvre de sa vie, lui a été décerné.
En parallèle de ses rôles au cinéma et au théâtre, Angela Lansbury a fait carrière à la télévision. Au début des années 1980, Richard Levinson et William Link, les créateurs de Columbo, lui proposent le rôle principal de leur nouvelle série, Arabesque. Dans un premier temps, Lansbury ne se montre pas intéressée.
« Je n’aurais jamais imaginé vouloir un jour faire de la télévision », confie-t-elle lors d’une interview du New York Times en 1985. « Mais, en 1983, je n’avais aucune perspective à Broadway, donc j’ai accepté un rôle dans une mini-série, Gertrude Whitney dans Little Gloria… Happy at Last. » Puis elle ajoute : « À partir de là, j’ai eu une multitude de rôles dans des mini-séries, et j’ai commencé à sentir que les téléspectateurs étaient réceptifs à mon jeu. Alors j’ai décidé d’arrêter de batifoler et de me fermer la porte, de dire à mes agents que j’étais prête pour les séries. »
À l’âge de 59 ans, Lansbury signe pour le rôle de Jessica Fletcher, une veuve écrivaine qui joue les détectives sur sa bicyclette (l’actrice elle-même ne savait pas conduire), dans une petite ville du Maine. Durant douze saisons, Jessica aura résolu plus de 300 meurtres et réussi à écrire plus de trente livres. Vers la fin de la série, la professeur retraitée reprend même du service à l’université de Manhattan, où elle enseigne la criminologie.
Arabesque est diffusée de 1984 à 1996, les douze saisons sont agrémentées de quatre téléfilms, et rassemble de nombreux téléspectateurs chaque dimanche soir. À ce moment-là, Lansbury est l’une des rares femmes à la tête d’une série, dans l’histoire de la télévision.
« Ce qui m’a attiré dans le rôle de Jessica Fletcher, explique l’actrice, c’est que je pouvais faire ce que je faisais le mieux et jouer une femme que j’avais peu de chances de jouer ailleurs : une femme sincère, avec les pieds sur terre. Dans ma carrière, j’ai surtout joué de sacrées garces. Jessica avait cette sincérité intense, cette compassion et cette intuition extraordinaire. Je ne suis pas comme elle. Mon imagination à moi se déchaîne. Je ne suis pas pragmatique. Jessica, oui. »
Pour chaque nouvelle saison d’Arabesque, elle est nommée pour l’Emmy de la meilleure actrice, dans le rôle de la romancière et détective Jessica Fletcher, sans jamais remporter le prix.
« Personne dans cette ville ne regarde Arabesque », affirme Lansbury en parlant de l’industrie télévisée en 1991. « Seul le public regarde. »
Sa carrière est toutefois récompensée par l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences (AMPAS), qui lui décerne en 2013 un Oscar honorifique en tant qu’ « icône du divertissement qui a créé certains des personnages les plus mémorables du cinéma et inspiré des générations d’acteurs ».
Angela Lansbury s’est éteinte dans son sommeil, vers 1h30 du matin, ce mardi, a rapporté The Hollywood Reporter. Cinq jours plus tard, elle aurait fêté ses 97 ans.
Aésane Geeraert