Résumé : Des Trois Petits Cochons (1933) à La Reine des Neiges (2013), le succès des films et des chansons des studios Disney est international et traverse plusieurs générations. Cet ouvrage décrit les modalités de la constitution du voiret de l’entendre cinématographiques au travers du « cas » Disney. Par le biais d’une enquête sociologique, cet ouvrage présente une analyse des ressorts sémiotiques de la réception de la musique de films et tente de dépasser, par le cinéma, l’ineffabilité de cette musique que l’on ressent toujours sans ne jamais pouvoir la matérialiser.
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Du sifflement de Mickey Mouse dans Steamboat Willie au main title de La Reine des Neiges, la musique joue sans conteste un rôle central dans le succès des productions Disney. Les études consacrées au célèbre studio d’animation ne s’y sont pas trompées, aménageant souvent une place importante à l’analyse des bandes musicales des films produits par l’oncle Walt. À priori donc, cet ouvrage navigue en terrain connu, prenant de fait le risque d’enfoncer quelques portes ouvertes. Affirmons-le immédiatement : l’écueil a été évité, et magistralement en plus. Maître de conférences en sciences de l’information et de la communication à l’Université d’Avignon, Raphaël Roth a choisi de décaler l’approche habituelle de l’analyse musicale en privilégiant la posture du spectateur sur celle du créateur (une catégorisation dont la porosité est par ailleurs évidente). À l’écoute de Disney donc, formule qui incite à prêter une oreille (et un regard) attentif aux nombreuses ballades maintes et maintes fois fredonnées et entendues. Après être revenu sur l’histoire musicale du studio, rattachée d’une part au développement du son au cinéma et d’autre part aux poèmes symphoniques du XIXe siècle, qui serviront de base à l’utilisation de la musique filmique, Roth développe une approche tout à la fois originale et singulière. Entrelaçant la sociologie, la sémiologie et l’anthropologie, l’auteur mène l’enquête. En s’attardant sur un air ou une séquence en particulier (« Quand on prie la bonne étoile » de Pinocchio, ou la découverte du monde merveilleux par Alice dans Alice au pays des merveilles), l’universitaire cherche à revenir sur certains aspects propres à la nature de l’ouïe au cinéma. La question du point de synchronisation ou celle propre à la représentation sonore de la magie convoquent de larges développements servis par une écriture dense et savamment référencée. Captures d’écran et diagrammes à l’appui, Roth parvient à concrétiser certaines notions floues, consubstantielles au caractère évanescent du langage musical. Le recours à la méthode du portrait chinois instaure ainsi un libre jeu d’associations que l’auteur classifie avec soin et dont il tire de pertinentes interprétations. Joliment préfacé par Emmanuel Ethis et Damien Malinas, cet ouvrage offre une nouvelle perspective de recherche concernant la question de la musique au cinéma. Car, au-delà des seules productions animées de Disney, Roth propose une belle synthèse du rapport entre image, son, et spectateur. On note encore la présence d’une bibliographie très complète permettant de baliser le parcours entrepris. Destinée à tous les spectateurs avertis, cette étude doit être prise pour ce qu’elle est : une formidable avancée théorique et pratique dans l’étude du son (musical ou non) au cinéma.
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- À L’ÉCOUTE DE DISNEY. Une sociologie de la réception de la musique au cinéma
- Auteur(s) : Raphaël Roth
- Édition : L’Harmattan
- Collection : Champs visuelsÂ
- Date de parution : juillet 2017
- Pages : 264
- Tarif : 25,65 € (papier) – 20,99 € (numérique)