Glass de M. Night Shyamalan : critique 

Publié par Sévan Lesaffre le 16 janvier 2019

Synopsis : Peu de temps après les événements relatés dans Split, David Dunn, l’homme incassable, poursuit sa traque de La Bête, surnom donné à Kevin Crumb depuis qu’on le sait capable d’endosser 24 personnalités différentes. De son côté, Elijah Price, le mystérieux homme souffrant du syndrome des os de verre suscite de nouveau l’intérêt des forces de l’ordre en affirmant détenir des informations capitales sur les deux hommes.

 

♥♥♥♥

 

Glass - affiche

Glass – affiche

M. Night Shyamalan, réalisateur de The Visit, Sixième Sens et du fascinant Incassable en 2000, signe, dix-neuf ans plus tard, la fin de sa trilogie introspective consacrée aux super-héros. Glass, l’une des sorties les plus attendues de l’année, se déroule peu de temps après les événements de Split, alors que David Dunn (Bruce Willis) traque Kevin Crumb (James McAvoy) et qu’Elijah Price (Samuel L. Jackson) renseigne la police en affirmant détenir des informations capitales sur les deux hommes. Il s’agit ici d’un thriller psychologique, en hommage aux comics qui ont façonné l’imaginaire américain et mondial, mais surtout d’un film intimiste aux confins de la folie dont une grande partie de l’intrigue se déroule dans un hôpital psychiatrique, le Raven Hill Memorial. Dans ce quasi huis clos à la remarquable ambition esthétique, l’invincible David Dunn, l’imprévisible Crumb —surnommé « la Bête »— aux multiples personnalités et Mr. Glass, « l’homme de verre », se retrouvent prisonniers d’un « asile » où tous les patients sont persuadés d’être dotés de super-pouvoirs. Ils y subissent en réalité de terribles expériences engendrant une vertigineuse et saisissante plongée dans leur espace mental. Glass parle directement de la figure dominante de super-héros dans l’imaginaire moderne. La structure géométrique du film, qui évoque celle des comics, rappelle parallèlement qu’Hollywood a toujours été fasciné par le trouble dissociatif de l’identité (« On ne peut contrôler sa vraie nature »).

 

Glass

Glass

 

Si M. Night Shyamalan transporte le spectateur —ce dernier est acteur, voire complice— au delà des normes, brouille les pistes et emmène Glass vers des territoires encore inexplorés, le scénario de cette improbable synthèse oppose non seulement le doute et la croyance, mais également les « heroes » aux « villains ». À l’antipode de celui proposé par les studios Marvel, l’univers original et complexe ici dépeint s’éloigne de l’attraction à effets spéciaux et se rapproche du thriller retors à la Hitchcock. Le cinéaste emprunte et revisite notamment la grammaire du maître : le grand-angle, les perspectives forcées, le sens du suspense, de la menace et le même emploi de l’héroïne hitchcockienne (Dr. Ellie Staple) interprétée par Sarah Paulson. Shyamalan, qui revendique un formalisme austère, manie trois étonnantes et charismatiques figures pour mener à bien un voyage anxiogène qui privilégie l’intensité dramatique. Le jeu des acteurs produit un équilibre tout à fait crucial sur lequel repose la tension entre des protagonistes perturbés dans ce dédale vide et dépeuplé (Anya Taylor-Joy est d’ailleurs saisissante dans le rôle de Casey Cooke, la seule captive ayant survécu à sa rencontre avec La Bête). On retrouve même le thème d’Incassable composé par James Newton Howard.

 

Après le jubilatoire twist final de Split, Shyamalan boucle la boucle et témoigne une fois de plus de son habile sens de la mise en scène, ici étonnamment brute et frontale. Il offre une suite cohérente aux deux films pourtant très dissemblables avec un épilogue plutôt bavard, parfois bancal en raison de scènes répétitives, et à la première partie assurément plus efficace. Porté par le trio infernal McAvoy-L. Jackson-Willis ainsi que par la dimension réflexive qui enrichit le scénario en apportant un double niveau de lecture, Glass demeure un frisson cinématographique à la fois rafraîchissant et émouvant. Il est temps de briser la glace et de ramasser les morceaux.

 

 

 

  • GLASS
  • Sortie salles : 16 janvier 2019
  • Réalisation : M. Night Shyamalan
  • Avec : James McAvoy, Bruce Willis, Samuel L. Jackson, Anya Taylor-Joy, Sarah Paulson, Charlayne Woodard, Spencer Treat Clark, Luke Kirby, Adam David Thompson…
  • Scénario : M. Night Shyamalan
  • Production : Jason Blum, M. Night Shyamalan, Marc Bienstock, Ashwin Rajan
  • Photographie : Mike Gioulakis
  • Montage : Blu Murray, Luke Franco Ciarrocchi
  • Décors : Olivia Peebles
  • Costumes : Paco Delgado
  • Musique : West Dylan Thordson
  • Distribution : The Walt Disney Company France
  • Durée : 2h10

Commentaires

A la Une

Bernard Hill, capitaine du Titanic et roi du Rohan, est décédé à 79 ans

L’acteur britannique Bernard Hill, célèbre pour ses rôles du capitaine Smith dans Titanic de James Cameron et du roi Théoden… Lire la suite >>

Megalopolis de Francis Ford Coppola se dévoile dans un premier trailer

Francis Ford Coppola a publié ce week-end sur Instagram le premier teaser de son nouveau projet très attendu, Megalopolis.  … Lire la suite >>

Lee : un premier trailer avec Kate Winslet en Lee Miller

Les premières images de Lee, réalisé par Ellen Kuras, ont été mises en ligne et retracent la vie et le parcours… Lire la suite >>

Paul Auster, auteur de La trilogie new-yorkaise, scénariste et réalisateur, est décédé à 77 ans

L’un des écrivains les plus influents et prolifiques de sa génération s’est éteint dans son appartement de Brooklyn, laissant derrière… Lire la suite >>

Aaron Sorkin prépare la suite spirituelle de The Social Network

Aaron Sorkin a révélé au micro du podcast The Town qu’il travaillait sur un projet similaire à The Social Network… Lire la suite >>

Nos vidéos

Box OFFICE France

Titre Cette sem. Nbr Sem. Cumul
1 BACK TO BLACK 367 818 1 367 818
2 KUNG FU PANDA 4 282 007 5 2 084 258
3 N'AVOUE JAMAIS 234 009 1 234 009
4 FRERES 233 838 1 233 838
5 DUCOBU PASSE AU VERT ! 218 122 4 841 809
6 S.O.S FANTOMES : LA MENACE DE GLACE 211 030 3 761 037
7 CHALLENGERS 185 933 1 185 933
8 CIVIL WAR 173 470 2 457 573
9 GODZILLA X KONG : LE NOUVEL EMPIRE 159 503 4 1 050 426
10 NOUS, LES LEROY 117 563 3 483 533

Source: CBO Box office

Nos Podcasts