Les fans de Star Wars pleurent la mort de celui qui incarna l’un des personnages les plus iconiques de la saga. Ce 28 novembre, à 85 ans, David Prowse tire en effet sa révérence et va rejoindre le ciel étoilé qui fit sa célébrité.
Fidèle à la réputation du supporting actor, le britannique David Prowse restera dans les esprits par les personnages, ou plutôt le personnage, qu’il incarna à l’écran. Masque de samouraï, cape de vampire et costume oscillant entre la cuirasse du chevalier et le circuit électronique du robot, Dark Vador se présente comme l’un des protagonistes les plus hétéroclites de l’Histoire du cinéma.
Cet aspect touche aux origines mêmes de son interprétation. Si Prowse fut bien celui qui se dissimula derrière le costume, la voix si singulière du personnage fut le fruit de l’interprétation de James Earl Jones (l’accent britannique de Prowse, jugé trop prononcé, risquait de desservir la caractérisation du personnage).
Reste que le côté obscure de la Force s’incarna d’abord par cette démarche marquée et cette stature imposante, expression d’une maîtrise physique qui renvoie à la première carrière d’haltérophile de l’acteur. Cette formation n’est pas sans rappeler celle d’un certain Schwarzenegger qui fit ses premiers pas au cinéma au moment où Prowse revêtait le costume qui marquerait le plus durablement sa carrière.
Avant Star Wars, l’acteur avait déjà une bonne expérience des tournages, notamment à la télévision où à partir des années 1960 il enchaîne les apparitions et les seconds rôles dans différentes séries (The Beverly Hillbillies ; Le Saint ; The Benny Hill Show ; Callan ; Doctor Who…). Si son physique musculeux l’impose naturellement à l’écran, celui-ci se présente tout autant comme une limite indépassable. Là où Schwarzenegger aura très tôt compris l’intérêt de jouer de son apparence pour faire évoluer son discours selon les décennies et les registres (du cinéma d’action à la comédie), Prowse dut accepter de n’être qu’une figure typée dont les apparitions à l’écran ne pouvait excéder une ou deux séquences au risque de nuire à la crédibilité générale du film.
De fait, les meilleures productions de sa carrière ne correspondent pas à ses rôles les plus mémorables. Figurant dans l’unique chef-d’œuvre de sa filmographie (Orange mécanique de Stanley Kubrick), Prowse doit accepter d’apparaître sous les traits du monstre de foire pour accéder au premier plan. Grimé en créature de Frankenstein à trois reprises (dont deux productions de la Hammer), il expose ses muscles huilés dans nombre de séries B et se prête facilement à l’atmosphère légère de la parodie (Casino Royale, 1967) ou de l’absurde (Jabberwocky, 1977).
S’il parvient à sortir de l’ombre, c’est paradoxalement grâce à son rôle de méchant masqué. Devenu un objet de culte pour les fans de Star Wars, Prowse apparaît dans différents documentaires consacrés à la saga ou au cinéma de science-fiction (Bring Back… Star wars en 2008 ; Greatest Sci-Fi Movies en 2015). Ces productions qui se présentent comme autant d’hommages rappellent l’importance de cet acteur qui ne réussit jamais à dépasser son statut d’image.