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On comprend mieux désormais les raisons du report de la sortie de GRACE DE MONACO. Le réalisateur Olivier Dahan se voit déposséder de son œuvre au travers du montage définitif par son distributeur aux Etats-Unis la Weinstein Company. Next Libération a rencontré le cinéaste dans un studio de mixage où il travaillait sur le clip d’Elvira Le Minimum. Olivier Dahan explique que le report de GRACE DE MONACO « n’a quasiment rien à voir avec le film. Ce n’est qu’une histoire d’argent, une question de stratégie de sortie, de millions de dollars, des choses comme ça. Ça n’a rien à voir avec le cinéma. Enfin ça a tout à voir avec le cinéma en tant qu’industrie. Ils veulent un film commercial, c’est-à -dire au ras des pâquerettes, en enlevant tout ce qui dépasse, tout ce qui est trop abrupt, en enlevant tout ce qui est cinéma, tout ce qui fait la vie. Il manque plein de choses. Et les décisions ne sont prises que par rapport au marketing, à la sortie, etc. Tout ce qui est chiant en fait, et vient polluer un film, que par ailleurs d’autres gens ont vu, et aiment beaucoup. C’est un problème d’ego mal placé, une histoire de manipulation et de pouvoir. Pas de cinéma au sens strict. Le cinéma est très secondaire dans tout ça, d’où mon désintérêt qui commence à venir pour ce film. »
Il révèle également que la bande annonce qui circule n’a pas été montée par lui mais par le distributeur qui s’est emparé indûment et à l’insu du réalisateur des rushes du film, auxquels il n’a pas le droit d’accéder. Le cinéaste est d’autant plus en colère qu’il n’a pas choisi de faire un film hollywoodien, car dans ce cas « j’aurais su à quoi m’attendre, je sais comment ça se passe : au bout de trois versions, si ça ne convient pas, vous dégagez du banc de montage, et c’est le producteur qui s’en charge ». Mais son film est FRANÇAIS – produit par Pierre-Ange Le Pogam, Uday Chopra et Arash Amel – et par conséquent il n’y a aucune raison pour l’intrusion du distributeur dans le scénario. Donc aujourd’hui il existe deux versions : celle d’Olivier Dahan et celle de la TWC que le cinéaste « trouve catastrophique ». Le réalisateur, qui peut en arriver à retirer son nom au générique de GRACE DE MONACO veut cependant résister et se battre pour éviter pour que « ça fasse jurisprudence » comme il le précise dans son interview.
Pour mémoire, après avoir distribué THE ARTIST (notre critique), Harvey Weinstein a acheté les droits de distribution du biopic d’YVES SAINT LAURENT de Jalil Lespert, produit par Wassim Beji, via sa société WY productions.