Young Ones de Jake Paltrow: critique

Publié par Guillaume Ménard le 24 juillet 2014

Synopsis : Dans un futur proche, l’eau est devenue rare, suscitant convoitise et violence. Dans ce climat hostile, Ernest Holm veille sur sa ferme, son fils Jerome et sa fille Mary, et nourrit l’espoir de rendre ses terres à nouveau fertiles. Tout comme Flem Lever, qui fréquente Mary en secret et n’a qu’une idée en tête : s’emparer des terres d’Ernest quel qu’en soit le prix.

 

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Young Ones de Jake Paltrow - affiche

Young Ones de Jake Paltrow – affiche

Présenté au festival de Sundance en Janvier dernier, Young Ones vient grossir les rangs des longs métrages d’anticipation à petit budget. Jake Paltrow, frère cadet de Gwyneth, à l’origine scénariste, réalise ici un western futuriste doté d’une réflexion sur la filiation. Dans un monde où l’eau a quasiment disparu, un ancien fermier, Ernest Holm, (Michael Shannon), va tenter de protéger son fils Jérôme (Kodi Smit-McPhee) et sa fille Mary (Elle Fanning) de l’hostilité de ce monde devenu aride. La comparaison avec Mad Max est d’emblée inévitable, à la différence que l’eau remplace l’essence. Mais pas seulement. Ici, pas de justicier ni de déluge d’effets spéciaux. Le réalisateur choisit d’offrir une vision de ce futur sombre, sans recréer une multitude de décors sur fond vert en tournant son second film en Afrique du Sud. Le désert et ses montagnes rocailleuses servent donc de toile de fond à Young Ones, reflet de la maltraitance de la planète Bleue par ses habitants. Dès la scène d’ouverture, le personnage d’Ernest n’hésite pas à tirer sur deux vagabonds en quête d’eau. La question de la propriété y est en effet omniprésente – et donc parfois redondante – car chacun tient à sa parcelle de terrain dans un environnement qui se désagrège et où la vie s’éteint peu à peu. On y découvre des couples prêts à vendre leur bébé pour une bouteille du précieux liquide, des stations à eau où l’on prévient les voleurs hypothétiques de l’exécution. A la mort de son âne qui lui sert de moyen de transport pour sa marchandise, Ernest va investir dans un robot transporteur (au design rappelant un peu les Walkers AT-AT de Star Wars) convoité par Flem Lever (Nicholas Hoult). Le film bascule alors dans une lutte sans merci, les protagonistes étant prêts à tout pour défendre ce en quoi ils croient, convoitent ou aiment.

 

Michael Shannon dans Young Ones de Jake Paltrow

Michael Shannon dans Young Ones de Jake Paltrow

 

La famille Holm est présentée d’emblée avec Ernest, figure du père au passé alcoolique, sa femme, paralysée, mais pouvant retrouver l’usage partiel de son corps grâce à la cyber-technologie, et ses deux enfants, renfermés sur eux-mêmes. Bien que l’action se déroule dans un futur plus ou moins proche, Jake Paltrow met en place une représentation familiale machiste, où la femme est cantonnée à rester uniquement dans le domicile familial, condamnée à coudre ou à cuisiner. C’est une société sans espoir qui s’abaisse donc aux instincts les plus vils. Young Ones se dévoile progressivement dans un découpage en trois parties distinctes sous la forme de chapitres qui n’est pas sans rappeler la structure de The Place Beyond The Pines de Derek Cianfrance. Cette division narrative, centrée sur trois personnages différents, provoque des sautes de rythme assez flagrantes dans la fluidité du récit et ne trouve pas de réelle justification, dans la mesure où elle ne creuse pas véritablement la profondeur psychologique de nos héros. Leur motivation se hisse rarement à la hauteur des enjeux de l’histoire et crée ainsi un sentiment de distanciation sur leurs actions. Les plans de coupe frisent parfois la simplicité avec des fondus enchaînés destinés à une dose sirupeuse d’empathie, en particulier dans les scènes sur-éclairées avec la mère handicapée.

 

Young Ones de Jake Paltrow

Young Ones de Jake Paltrow

 

Cependant, Young Ones possède des qualités indéniables en matière technique. Si Paltrow propose des paysages à la Ford, il multiplie aussi de très beaux plans serrés à la Léone, près du regard, pour mieux sonder l’âme tourmentée des personnages. Le directeur de la photographie parvient de son côté à bien traduire à l’image toute la dureté de la sécheresse, avec une lumière naturaliste qui fait ressortir toute la poussière drainée par ce désert sur le visage des personnages. L’espace représente ainsi toute cette morale écologique sous-jacente. On passe de longues étendues sauvages et inoccupées à des lieux fermés et restreints comme la maison des Holm. La nature indomptable laissant finalement une place étroite à l’homme. Dès lors la problématique principale sur la filiation s’impose. Que transmet un père à son fils ? L’héritage de sa terre, de ses sentiments ou de son histoire ? La partition musicale ajoute à cela de la perspective, à l’image des trois chapitres, passant de morceaux de country à des mélodies électro lancinantes. On peut noter également un très bon travail sur le son diégétique avec des bruitages réalistes.

 

Nicholas Hoult dans Young Ones de Jake Paltrow

Nicholas Hoult dans Young Ones de Jake Paltrow

 

Du point de vue de la performance des acteurs, si Michael Shannon continue d’impressionner après Bug, Take Shelter ou encore la série Boardwalk Empire, Nicholas Hoult n’est pas en reste. Après avoir débuté dans Skins et vécu une traversée du désert artistique avec entre autres Warm Bodies avant de rejoindre les X-Men, il atteint ici une maturité d’acteur remarquable. Il faudra patienter jusqu’en 2015 pour le voir dans le même registre avec Mad Max : Fury Road. A l’inverse, Elle Fanning se dévoile ici en dessous de ses capacités au regard de ses habituelles performances avec un rôle secondaire totalement accessoire. Si Young Ones tend son ambition vers un THE ROVER (notre critique), il souffre de certaines imperfections. Néanmoins, le second long métrage de Jake Paltrow reste une belle trouvaille cinématographique qui prouve une nouvelle fois qu’avec un budget modeste, il est possible de projeter le spectateur dans une autre temporalité pour conter une fable familiale d’une cruauté sans âge.

 

Guillaume Ménard

 

 

  • YOUNG ONES écrit et réalisé par Jake Paltrow en salles le 6 août 2014.
  • Casting : Nicholas Hoult, Elle Fanning, Michael Shannon, Kodi Smit-McPhee, Aimee Mullins, Andy McPhee, Alex McGregor.
  • Production : Michael Auret, Tristan Orpen Lynch.
  • Photographie : Giles Nuttgens.
  • Musique : Nathan Johnson.
  • Montage : Matt Mayer.
  • Décors : Emilia Roux.
  • Costumes : Diana Cilliers.
  • Distribution : Potemkine Films.
  • Durée : 1h40.

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