Synopsis : Dans une Amérique profondément sauvage, Hugh Glass, un trappeur, est attaqué par un ours et grièvement blessé. Abandonné par ses équipiers, il est laissé pour mort. Mais Glass refuse de mourir. Seul, armé de sa volonté et porté par l’amour qu’il voue à sa femme et à leur fils, Glass entreprend un voyage de plus de 300 km dans un environnement hostile, sur la piste de l’homme qui l’a trahi. Sa soif de vengeance va se transformer en une lutte héroïque pour braver tous les obstacles, revenir chez lui et trouver la rédemption.
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Après le succès fulgurant de BIRDMAN (notre critique) en 2014, Alejandro González Iñárritu retourne sur les écrans avec The Revenant. Récemment récompensée aux Golden Globes, BAFTAS, DGA ou encore aux SAG, cette épopée humaine, entre survie et vengeance, est bien partie pour récolter de nouveaux prix. Inspiré du roman de Michael Punke, The Revenant relate l’histoire vraie du trappeur Hugh Glass, brutalement attaqué par un ours et laissé pour mort, qui tente de revenir vers la civilisation pour trouver ceux qui l’ont trahi. Mélange de traditions et légendes amérindiennes, ce western âpre offre au spectateur une immersion au gré des paysages et des climats rudes de l’Amérique du Nord. Bercé par les paroles de sa femme et ses souvenirs d’une vie passée, Glass, magistralement incarné par Leonardo DiCaprio, parvient à résister à la mort. Le cinéaste ne lésine d’ailleurs pas sur le choix des seconds rôles, comme Tom Hardy (MAD MAX FURY ROAD – notre critique) pour John Fitzgerald, l’adversaire de Hugh Glass, Domhnall Gleeson (STAR WARS VII – notre critique) dans la peau d’Andrew, et Will Poulter (Le Labyrinthe), qui prend du galon en incarnant Jim Bridger, un des compagnons du personnage principal. Dans le scénario, Iñárritu aborde deux thèmes centraux. D’une part, l’affrontement entre un homme et une nature impitoyable. Chaque jour est un nouveau combat pour la dompter. La brutalité de l’hiver, qui fait souffrir le spectateur presque autant que le personnage, ne laisse aucun répit, même si parfois, faune et flore deviennent des alliées précieuses. D’autre part, une analyse est menée sur la relation chaotique entre colons et colonisés. De nombreux affrontements entre les visages pâles et les autochtones (la tribu des Arikaras) mettent à rude épreuve les deux peuples. Les colons pervertissent les Amérindiens en les initiant au plaisir occidental des Européens (alcool, filles de joie) et en leur faisant assimiler leur langue. Ceux qui résistent sont pendus avec l’écriteau « Nous sommes des sauvages ».
Les terres canadiennes sont superbement exploitées par les caméras du directeur photo Emmanuel Lubezki (GRAVITY – notre critique, Birdman), avec des images d’une beauté terrifiante, magnifiées par la lumière réelle. La musique de Ryuichi Sakamoto et Carsten Nicolai accentue également l’atmosphère désespérée de ces paysages à la fois purs et hostiles. Violons et tambours se répondent tout au long du récit. Une mention spéciale à la costumière Jacqueline West pour la reconstitution des tenues du XIXe siècle, et au maquilleur Duncan Jarman qui accomplit une transformation impressionnante de Leonardo DiCaprio, méconnaissable. Il est au sommet de son art. The Revenant est ainsi une Å“uvre magistrale et dérangeante, tant par la qualité de la mise en scène immersive qu’au divertissement proposé. Un western authentique, nourri de (plans-)séquences puissant(e)s. Espérons que cette collaboration entre le cinéaste mexicain et l’acteur du LOUP DE WALL STREET (notre critique) sera gagnante dans cette course aux Oscars. Si le premier peut remporter son second trophée deux années de suite – rejoignant ainsi Mankiewicz, Ford et Milestone -, le second raflerait enfin sa première statuette mille fois méritée!
Inès Kassubeck
- THE REVENANT réalisé par Alejandro González Iñárritu en salle le 24 février 2016.
- Avec : Leonardo DiCaprio, Tom Hardy, Domhnall Gleeson, Will Poulter, Paul Anderson, Kristoffer Joner, Brendan Fletcher, Lukas Haas…
- Scénario : Alejandro González Iñárritu et Mark L. Smith, d’après The Revenant de Michael Punke
- Production : Megan Ellison, Steve Golin, Alejandro González Iñárritu, David Kanter, Arnon Milchan, Keith Redmon, James W. Skotchdopole, Mary Parent.
- Photographie : Emmanuel Lubezki
- Montage : Stephen Mirrione
- Décors : Hamish Purdy
- Costumes : Jacqueline West
- Musique : Ryuichi Sakamoto, Carsten Nicolai
- Son : Frank A. Montano, Chris Duesterdiek, Jon Taylor
- Distribution : 20th Century Fox
- Durée : 2h36
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