The Voices de Marjane Satrapi
Sur le ton de la comédie horrifique, Marjane Satrapi livre un conte macabre déroutant, dans lequel Ryan Reynolds interprète Jerry Hickfang, un homme aux prises avec sa propre conscience.
Après Persepolis, Poulet aux prunes et La Bande des Jotas, la cinéaste franco-iranienne étoffe sa créativité en réalisant ce petit bijou d’humour noir. Le point de vue adopté est celui de Jerry, filtré par ses troubles psychologiques. S’il ne prend pas ses fameux cachets, sans cesse exigés par sa thérapeute, Jerry entretient des conversations avec ses animaux de compagnie qui lui permettent de partager ses envies, ses désirs, mais également d’exorciser ses démons. Décidé à garder cette faculté, il va sombrer dans une démence profonde et faire évoluer le film vers un autre registre.
Alors que l’introduction pourrait laisser présager une comédie romantique un peu pataude entre un homme attardé et différentes jolies collègues, Satrapi transforme THE VOICES (notre critique) en slasher pop totalement décalé. Un peu flippant mais adorable jusqu’alors, Jerry raccompagne sa collègue à son domicile en passant par la forêt. Changement de ton et de couleurs : il se transforme alors en tueur poursuivant sa victime hurlante dans les bois. En approfondissant son délire morbide, Satrapi expose la tête coupée de la jeune femme, également dotée de parole. La descente aux Enfers ne fait que commencer car, au travers du meurtre, Jerry complexifie son monde parallèle en brouillant définitivement sa perception de la réalité.
Situé quelque part entre l’ironie macabre d’Evil Dead et l’esprit d’un Scream pour son détournement ludique des codes horrifiques, The Voices s’impose comme une belle réussite avec une ambiance atypique, drôle et glauque. Sans chercher à choquer son spectateur, Satrapi offre un film singulier dans lequel horreur et humour cohabitent agréablement avec Ryan Reynolds qui étonne dans le rôle du tueur.