À 78 ans, Paul Verhoeven n’a pas la langue dans sa poche. Le réalisateur de Basic Instinct, RoboCop, Total Recall et Starship Troopers donne son avis sur le cinéma hollywoodien, devenu trop mercantile, dans un entretien accordé à Fandor.
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Le réalisateur hollandais Paul Verhoeven est sur les écrans américains ce mois-ci avec l’excellent Elle, drame décapant avec une Isabelle Huppert au sommet, qui représentera la France aux Oscars. L’occasion pour le cinéaste, bientôt octogénaire de donner son avis sur le cinéma américain actuel lors d’une interview accordée à Fandor.
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Verhoeven, c’est une filmographie aussi variée que Basic Instinct en 1992 et Hollow Man en 2000. C’est aussi une source inépuisable d’inspiration pour l’industrie hollywoodienne, puisque Total Recall et RoboCop ont eu droit à leur remake en 2012 et 2014 (ce qui ne lui a pas forcément plu) et que Starship Troopers devrait bientôt avoir le même traitement.
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Face à cette évolution, Verhoeven tire la sonnette d’alarme. Le cinéaste condamne l’appât du gain et le comportement mercantile des producteurs. Le temps où des films à moyen budget, classé R (interdit aux moins de 17 ans) pouvaient se montrer provocateurs et personnels lui semble bien loin.
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« Les films classés R sont exclus parce qu’ils limitent l’audience. Le système capitaliste domine complètement l’industrie du film américain. Tout ce qui compte c’est le résultat financier. Tout argument ayant trait à la création ou à l’art est perdu. Même la signification l’est. Le cinéma américain ne veut plus rien dire. Tout ce qui compte c’est l’argent. » constate-t-il.
« Il semble que les studios ne s’intéressent qu’au profit. C’est pour cela qu’il n’y a plus de films classés R. Vous avez plus de spectateurs, mais vous sacrifiez tout ce qui est sexuel ou avant-gardiste. Vous sacrifiez tout ce qui pourrait offenser les gens. Maintenant si vous allez dans un multiplexe, tout est classé PG-13 (NDLR interdit aux moins de 13 ans), ajoute encore le réalisateur.
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Reste que certaines productions américaines trouvent encore grâce à ses yeux. Parmi elles, The Big Short : Le Casse du Siècle d’Adam McKay, Oscar du meilleur scénario adapté en début d’année. De quoi lui donner envie de travailler à nouveau pour Hollywood, « S’ils m’offraient un livre comme The Shining, je dirais oui tout de suite. J’adorerais faire un film d’horreur intelligent » confie le cinéaste. À l’heure où l’adaptation de Doctor Sleep, la suite de Shining, se prépare, voilà une remarque qui ne manque pas d’intérêt. Espérons qu’elle parvienne jusqu’aux oreilles de la Warner Bros.