Musique / Ready Player One par Alan Silvestri : critique

Publié par Jérôme Nicod le 9 avril 2018

Résumé : Alan Silvestri accompagne Steven Spielberg dans son nouveau chef d’oeuvre d’inventions et d’émotions. Un parcours parsemé de clins d’oeil multimédia. Alors que l’image rend hommage à des générations de jeux vidéos et de cinémas, la musique nous emporte dans un tourbillon transgénérationnel. Une sorte de nouvelle dimension spectaculaire, qui dynamite tous les superlatifs. Spielberg et Silvestri jouent avec le souvenir et les émotions comme deux sorciers malicieux. Album disponible en digital depuis le 30 mars chez Decca, dans les bacs le 6 avril.

♥♥♥♥

 

Ready Player One - Alan Silvestri - soundtrack

Ready Player One – Alan Silvestri – soundtrack

Le logo de la société de production de Steven Spielberg, Amblin Entertainment, n’aura jamais eu telle signification. Le gamin au vélo sur fond de pleine lune est un emblème des années 80. Celui de Spielberg, ce cinéaste et producteur incontournable dont la signature a contribué à l’éclosion cinématographique d’un nouveau genre, en même temps que l’apparition des effets spéciaux modernes. S’il a réservé ses oeuvres à John Williams, ses productions ont permis à Jerry Goldsmith (Poltergeist, Gremlins, L’Aventure Intérieure) et Alan Silvestri (Retour Vers Le Futur) de s’illustrer avec brio et créer de nouveaux binômes : Goldsmith/Dante, Silvestri/Zemeckis. Robert Zemeckis et Steven Spielberg ont lié leurs destins lorsque le second, impressionné par le talent du premier, est devenu son producteur exécutif et contribua à lancer sa carrière. Il est beaucoup question de Zemeckis dans Ready Player One, c’est pourquoi le choix d’Alan Silvestri, s’il a semblé par défaut lors de la défection de Williams, n’en est rien. Au contraire, il apporte une authenticité à cette oeuvre multi-facettes, ce Rubik’s cube cinématographique.

 

Ready Player One

Ready Player One

 

Malgré une suite récente de films plus adultes, Steven Spielberg n’a pas perdu la recette du pop-corn movie, bien au contraire. Pour ceux qui étaient restés impressionnés par la maestria de la réalisation de la poursuite du faucon dans Tintin – Le secret De La Licorne, la première course poursuite de Ready Player One en dynamite le résultat pour devenir la mise en scène la plus dingue d’une course de véhicules. Plus fast, vraiment furious, la caméra de Spielberg virevolte et devient à la fois subjective et objective en une fraction de secondes. La différence majeure entre Tintin et Ready Player One, c’est la maturité du cinéaste. Alors que la poursuite de Tintin est avant tout au premier plan sonore un des morceaux les plus dynamiques de John Williams, la poursuite de Ready Player One est non mélodique, rythmée par les bruits des moteurs, explosions et rugissements des pneumatiques et de créatures. En absence totale de musique à l’image, il ancre dans la réalité la scène qui se déroule dans l’univers virtuel de l’Oasis.

 

Ready Player One

Ready Player One

 

Il faudra attendre la seconde participation du héros à la course pour que la musique soit présente (Why Can’t We Go Backwards ?), mais cette fois-ci la course est filmée d’une certaine manière à travers le miroir. Spielberg a inversé les codes. Il joue avec les spectateurs autant que ses protagonistes jouent à l’écran. La musique à l’image de cette seconde course est plus sereine que les images de la première tentative. Les phrases sentent déjà la victoire. Les cuivres de conclusion sonnent comme le Call Of The Champions que John Williams avait composé pour les JO de 2002. Silvestri rend plusieurs hommages à Williams. Outre ses choix de cuivres, le thème principal du film est une revisite du style williamsien des années 80. Il sonne Amblin, tendance E.T. et Amazing Stories, cette série à laquelle tout le gratin des compositeurs a participé à l’époque.

 

Enfin, le morceau An Orb Meeting reprend quelques notes déjà entendues dans 1941, de Spielberg, ce film un peu maudit, puis oublié, dans lequel Spielberg faisait référence à ses propres oeuvres passées et avait été vertement critiqué pour cela. Silvestri lui-même retrouve ses accords, son phrasé des années Retour Vers Le Futur. Il incarne l’époque et la reconfigure de manière actuelle. Il réussit là où Hans Zimmer a échoué dans Blade Runner 2049. Sa musique est subtile, elle colle aux images pour les compléter et non les amplifier. Il privilégie les mélodies aux formes sonores, même lorsque sa musique est électronique (Sorrento Makes An Offer).

 

Ready Player One

Ready Player One

 

Ready Player One est une oeuvre minutieusement élaborée, judicieuse sous tous les angles. Malgré un album de 1h27, la richesse musicale de Ready Player One ne se limite pas à la la partition d’Alan Silvestri, elle fait part belle à une playlist hétéroclite qui mériterait une édition complète (une partielle est disponible). Qui aurait cru possible d’entendre Wendy Carlos et son adaptation au vocodeur de la Symphonie Fantastique de Berlioz chez Spielberg ? La scène de retour à l’hôtel Overlook (Shining) et un ahurissement sonore et visuel absolu. Comme un grand huit.

 

La première écoute de l’album en appelle une seconde, il faut laisser l’univers prendre place. C’est avec les images que ses compositions trouvent leur sens parfait. La musique est plutôt sous-mixée par rapport aux blockbusters actuels, c’est une bonne surprise. Concrètement, les images de Spielberg sont tellement éblouissantes, envahissantes, captivantes, que la musique n’a qu’un rôle secondaire dans de nombreuse scènes. La force d’un scénario abouti, d’un cinéaste majeur, marquent la différence par rapport aux opus récents de Marvel et DC. Spielberg et Silvestri ont à eux deux 140 ans, et ils réinventent le blockbuster. Quelle aventure !

 

 

 

  • READY PLAYER ONE
  • Musique de Film / Original Motion Picture Soundtrack
  • Compositeur : Alan Silvestri
  • Sortie : 6 avril 2018
  • Label : WaterTower Music
  • Durée : 1h27

 

Ready Player One - Alan Silvestri - soundtrack

Ready Player One – Alan Silvestri – soundtrack

Ready Player One

Durée : 1h27

  1. The Oasis
  2. Hello, I’m James Halliday
  3. Why Can’t We Go Backwards
  4. An Orb Meeting
  5. Real World Consequences
  6. Sorrento Makes An Offer
  7. Welcome To The Rebellion
  8. High 5 Assembles
  9. Orb of Osuvox
  10. Sorrento Punked
  11. Wade’s Broadcast
  12. Arty On The Inside
  13. Looking For A Truck
  14. She Never Left
  15. Last Chance
  16. Get Me Out Of This
  17. Hold On To Something
  18. This Is Wrong
  19. What Are You
  20. There’s Something I Need To Do
  21. Ready Player One – Main Title
  22. Ready Player One – End Credits

 

Chansons dans le film (45 minutes)

  1. I Wanna Be Your Lover, interprété par Prince (Parzival voit Iron Giant chez Aech)
  2. Everybody Wants To Rule The World, interprété par Tears For Fears
  3. Just My Imagination (Running Away With Me), interprété par The Temptations
  4. Stand On It, interprété par Bruce Springteen (Parzival achète des accessoires avec sa prime)
  5. One Way Or Another, interprété par Blondie (Parzival se rend aux archives)
  6. Can’t Hide Love, interprété par Earth, Wind & Fire
  7. Blue Monday, interprété par New Order (Parzival arrive dans le globe)
  8. Stayin’ Alive, interprété par Bee Gees
  9. We’re Not Gonna Take It, interprété par Twisted Sister (avant la bataille finale)
  10. You Make My Dreams, interprété Daryl Hall & John Oates (scène de fin)
  11. Pure Imagination, interprété par Merethe Soltvedt (bande annonce)

 

Autres chansons et extraits musicaux présents dans le film

  1. Adagio (Music For Strings, percussion and Celesta, BZ, 106), de Bela Bartok
  2. Beds are Burning, interprété par Midnight Oil
  3. Can’t Hide Love, interprété par Earth, Wind & Fire
  4. Dancing with Myself, interprété par Billy Idol
  5. Dead Man’s Party, interprété par Oingo Boingo
  6. DeLorean Reveal from Back to The Future, d’Alan Silvestri
  7. Down By The Riverside, traditionnel
  8. Faith, interprété par George Michael
  9. Godzilla Main Title, de Akira Ifukube
  10. Hungry Like The Wolf, interprété par Duran Duran
  11. I Hate Myself For Loving You, interprété par Joan Jett and The Blackhearts (course à la clé)
  12. I Heard It Through The Grapevine, interprété par Marvin Gaye
  13. I Wwould Die For You, interprété par Prince & The Revolution
  14. Jump, interprété par Van Halen (bande annonce, première scène)
  15. Like To Get To Know You Well, interprété par Howard Jones
  16. Main Theme from King Kong, de Max Steiner
  17. Main Title « The Shining », de Wendy Carlos er Rachel Elkind
  18. Midnight, The Stars And You, interprété par Ray Noble & Al Bowlly (révélation seconde clé)
  19. Polymorphia, de Krzysztof Penderecki
  20. Pump Up The Jam, interprété par Technotronic
  21. Rebel Yell, interprété par Billy Idol
  22. Sleeping Beauty, Op 66, Act 1, « The Spell », Valse
  23. Sweet Dreams (Are Made Of This), interprété par Eurythmics
  24. Take On Me, interprété par A-Ha (bande annonce)
  25. The Awakening Of Jacob For Orchestra
  26. The Safety Dance, interprété par Men Without Hats
  27. The Wild Boy, interprété par Duran Duran
  28. Time After Time, interprété par Cyndi Lauper
  29. Toccata And Fugue in D Minor, de Bach
  30. Tom Sawyer, interprété par Rush (bande annonce)
  31. Walk This Way, interprété par Run-DMC
  32. World In My Eyes, interprété par Dépêche Mode (bande annonce)
  33. You Should Be Dancing, interprété par Bee Gees (danse au disco-club)

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Source: CBO Box office

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