Résumé : Alan Silvestri accompagne Steven Spielberg dans son nouveau chef d’oeuvre d’inventions et d’émotions. Un parcours parsemé de clins d’oeil multimédia. Alors que l’image rend hommage à des générations de jeux vidéos et de cinémas, la musique nous emporte dans un tourbillon transgénérationnel. Une sorte de nouvelle dimension spectaculaire, qui dynamite tous les superlatifs. Spielberg et Silvestri jouent avec le souvenir et les émotions comme deux sorciers malicieux. Album disponible en digital depuis le 30 mars chez Decca, dans les bacs le 6 avril.
♥♥♥♥♥
Le logo de la société de production de Steven Spielberg, Amblin Entertainment, n’aura jamais eu telle signification. Le gamin au vélo sur fond de pleine lune est un emblème des années 80. Celui de Spielberg, ce cinéaste et producteur incontournable dont la signature a contribué à l’éclosion cinématographique d’un nouveau genre, en même temps que l’apparition des effets spéciaux modernes. S’il a réservé ses oeuvres à John Williams, ses productions ont permis à Jerry Goldsmith (Poltergeist, Gremlins, L’Aventure Intérieure) et Alan Silvestri (Retour Vers Le Futur) de s’illustrer avec brio et créer de nouveaux binômes : Goldsmith/Dante, Silvestri/Zemeckis. Robert Zemeckis et Steven Spielberg ont lié leurs destins lorsque le second, impressionné par le talent du premier, est devenu son producteur exécutif et contribua à lancer sa carrière. Il est beaucoup question de Zemeckis dans Ready Player One, c’est pourquoi le choix d’Alan Silvestri, s’il a semblé par défaut lors de la défection de Williams, n’en est rien. Au contraire, il apporte une authenticité à cette oeuvre multi-facettes, ce Rubik’s cube cinématographique.
Malgré une suite récente de films plus adultes, Steven Spielberg n’a pas perdu la recette du pop-corn movie, bien au contraire. Pour ceux qui étaient restés impressionnés par la maestria de la réalisation de la poursuite du faucon dans Tintin – Le secret De La Licorne, la première course poursuite de Ready Player One en dynamite le résultat pour devenir la mise en scène la plus dingue d’une course de véhicules. Plus fast, vraiment furious, la caméra de Spielberg virevolte et devient à la fois subjective et objective en une fraction de secondes. La différence majeure entre Tintin et Ready Player One, c’est la maturité du cinéaste. Alors que la poursuite de Tintin est avant tout au premier plan sonore un des morceaux les plus dynamiques de John Williams, la poursuite de Ready Player One est non mélodique, rythmée par les bruits des moteurs, explosions et rugissements des pneumatiques et de créatures. En absence totale de musique à l’image, il ancre dans la réalité la scène qui se déroule dans l’univers virtuel de l’Oasis.
Il faudra attendre la seconde participation du héros à la course pour que la musique soit présente (Why Can’t We Go Backwards ?), mais cette fois-ci la course est filmée d’une certaine manière à travers le miroir. Spielberg a inversé les codes. Il joue avec les spectateurs autant que ses protagonistes jouent à l’écran. La musique à l’image de cette seconde course est plus sereine que les images de la première tentative. Les phrases sentent déjà la victoire. Les cuivres de conclusion sonnent comme le Call Of The Champions que John Williams avait composé pour les JO de 2002. Silvestri rend plusieurs hommages à Williams. Outre ses choix de cuivres, le thème principal du film est une revisite du style williamsien des années 80. Il sonne Amblin, tendance E.T. et Amazing Stories, cette série à laquelle tout le gratin des compositeurs a participé à l’époque.
Enfin, le morceau An Orb Meeting reprend quelques notes déjà entendues dans 1941, de Spielberg, ce film un peu maudit, puis oublié, dans lequel Spielberg faisait référence à ses propres oeuvres passées et avait été vertement critiqué pour cela. Silvestri lui-même retrouve ses accords, son phrasé des années Retour Vers Le Futur. Il incarne l’époque et la reconfigure de manière actuelle. Il réussit là où Hans Zimmer a échoué dans Blade Runner 2049. Sa musique est subtile, elle colle aux images pour les compléter et non les amplifier. Il privilégie les mélodies aux formes sonores, même lorsque sa musique est électronique (Sorrento Makes An Offer).
Ready Player One est une oeuvre minutieusement élaborée, judicieuse sous tous les angles. Malgré un album de 1h27, la richesse musicale de Ready Player One ne se limite pas à la la partition d’Alan Silvestri, elle fait part belle à une playlist hétéroclite qui mériterait une édition complète (une partielle est disponible). Qui aurait cru possible d’entendre Wendy Carlos et son adaptation au vocodeur de la Symphonie Fantastique de Berlioz chez Spielberg ? La scène de retour à l’hôtel Overlook (Shining) et un ahurissement sonore et visuel absolu. Comme un grand huit.
La première écoute de l’album en appelle une seconde, il faut laisser l’univers prendre place. C’est avec les images que ses compositions trouvent leur sens parfait. La musique est plutôt sous-mixée par rapport aux blockbusters actuels, c’est une bonne surprise. Concrètement, les images de Spielberg sont tellement éblouissantes, envahissantes, captivantes, que la musique n’a qu’un rôle secondaire dans de nombreuse scènes. La force d’un scénario abouti, d’un cinéaste majeur, marquent la différence par rapport aux opus récents de Marvel et DC. Spielberg et Silvestri ont à eux deux 140 ans, et ils réinventent le blockbuster. Quelle aventure !
- READY PLAYER ONE
- Musique de Film / Original Motion Picture Soundtrack
- Compositeur : Alan Silvestri
- Sortie : 6 avril 2018
- Label : WaterTower Music
- Durée : 1h27
Ready Player One
Durée : 1h27
- The Oasis
- Hello, I’m James Halliday
- Why Can’t We Go Backwards
- An Orb Meeting
- Real World Consequences
- Sorrento Makes An Offer
- Welcome To The Rebellion
- High 5 Assembles
- Orb of Osuvox
- Sorrento Punked
- Wade’s Broadcast
- Arty On The Inside
- Looking For A Truck
- She Never Left
- Last Chance
- Get Me Out Of This
- Hold On To Something
- This Is Wrong
- What Are You
- There’s Something I Need To Do
- Ready Player One – Main Title
- Ready Player One – End Credits
Chansons dans le film (45 minutes)
- I Wanna Be Your Lover, interprété par Prince (Parzival voit Iron Giant chez Aech)
- Everybody Wants To Rule The World, interprété par Tears For Fears
- Just My Imagination (Running Away With Me), interprété par The Temptations
- Stand On It, interprété par Bruce Springteen (Parzival achète des accessoires avec sa prime)
- One Way Or Another, interprété par Blondie (Parzival se rend aux archives)
- Can’t Hide Love, interprété par Earth, Wind & Fire
- Blue Monday, interprété par New Order (Parzival arrive dans le globe)
- Stayin’ Alive, interprété par Bee Gees
- We’re Not Gonna Take It, interprété par Twisted Sister (avant la bataille finale)
- You Make My Dreams, interprété Daryl Hall & John Oates (scène de fin)
- Pure Imagination, interprété par Merethe Soltvedt (bande annonce)
Autres chansons et extraits musicaux présents dans le film
- Adagio (Music For Strings, percussion and Celesta, BZ, 106), de Bela Bartok
- Beds are Burning, interprété par Midnight Oil
- Can’t Hide Love, interprété par Earth, Wind & Fire
- Dancing with Myself, interprété par Billy Idol
- Dead Man’s Party, interprété par Oingo Boingo
- DeLorean Reveal from Back to The Future, d’Alan Silvestri
- Down By The Riverside, traditionnel
- Faith, interprété par George Michael
- Godzilla Main Title, de Akira Ifukube
- Hungry Like The Wolf, interprété par Duran Duran
- I Hate Myself For Loving You, interprété par Joan Jett and The Blackhearts (course à la clé)
- I Heard It Through The Grapevine, interprété par Marvin Gaye
- I Wwould Die For You, interprété par Prince & The Revolution
- Jump, interprété par Van Halen (bande annonce, première scène)
- Like To Get To Know You Well, interprété par Howard Jones
- Main Theme from King Kong, de Max Steiner
- Main Title « The Shining », de Wendy Carlos er Rachel Elkind
- Midnight, The Stars And You, interprété par Ray Noble & Al Bowlly (révélation seconde clé)
- Polymorphia, de Krzysztof Penderecki
- Pump Up The Jam, interprété par Technotronic
- Rebel Yell, interprété par Billy Idol
- Sleeping Beauty, Op 66, Act 1, « The Spell », Valse
- Sweet Dreams (Are Made Of This), interprété par Eurythmics
- Take On Me, interprété par A-Ha (bande annonce)
- The Awakening Of Jacob For Orchestra
- The Safety Dance, interprété par Men Without Hats
- The Wild Boy, interprété par Duran Duran
- Time After Time, interprété par Cyndi Lauper
- Toccata And Fugue in D Minor, de Bach
- Tom Sawyer, interprété par Rush (bande annonce)
- Walk This Way, interprété par Run-DMC
- World In My Eyes, interprété par Dépêche Mode (bande annonce)
- You Should Be Dancing, interprété par Bee Gees (danse au disco-club)