Synopsis : Naître et mourir sont des expériences extraordinaires. Vivre est un plaisir fugitif.
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Cela fait déjà seize ans que Gaspar Noé a secoué le Festival de Cannes avec Irréversible, en compétition officielle. Après Enter the Void (compétition) et Love (hors compétition), il revient à nouveau sur le croisette via La Quinzaine des Réalisateurs, avec son nouveau bébé nommé Climax, « film français et fier de l’être » tel qu’il le clame lui-même. Il investit ici le domaine de la danse et met en scène sur une troupe qui répète un nouveau spectacle avant de faire la fête, jusqu’au moment où les choses vont prendre une tournure inattendue. D’un fait divers survenu au milieu des années 90, Gaspar Noé non plonge dans un huis clos, lumineux et festif, dans sa première partie, halluciné et vertigineux, dans la seconde. Dès l’ouverture, il nous confie ses principales influences et références de ce film dès l’introduction, où chaque danseur se présente sur une télévision 4/3, entourée de livres et de VHS aux titres volontairement visibles. Le réalisateur célèbre ici la vie, fait de ses moments de joie et de perdition à travers un procédé narratif simple mais efficace afin d’opérer le basculement vers le bad trip incontrôlable. Il choisit ainsi de ne pas représenter l’état altéré de ses protagonistes, via des effets visuels ostentatoires, préférant offrir un point de vue extérieur pour laisser s’exprimer les corps fous de ces danseurs en transe. Les plans-séquences sont comme de coutume d’une maîtrise épatante qui rend compte de cette folie soudaine qui envahit les lieux. Climax laisse s’exprimer et se contorsionner ces corps, de la partie festive à celle cauchemardesque. Chacun d’entre eux dévoilent de véritables ballets possédés leur conférant un aspect zombiesque. Son casting de danseurs est excellent. Gaspar Noé choisit en outre de mettre devant sa caméra une actrice qui a déjà fait son chemin. Une femme qui le fascine de son propre aveu : Sofia Boutella. Habituée des films hollywoodiens (Kingsman, Star Trek Sans Limites, La Momie, Atomic Blonde), elle offre ici son superbe physique félin à la chorégraphe de la troupe. Climax, c’est aussi une bande son électro avec les meilleurs artistes de l’époque pour mieux recréer un « état émotionnel familier ». Tous les amoureux du genre peuvent se délecter de Daft Punk, Chris Carter, Aphex Twin et autres Lil Louis. Foisonnant, son film évoque l’état d’une France désagrégée ou le fameux « vivre ensemble » a bien du mal à exister. Il n’y a qu’a voir cette troupe, issue de tous horizons, s’échanger des mots pas toujours reluisants sur leurs petits camarades dans cette salle où est suspendu un énorme drapeau tricolore. Climax est un condensé de joies et des peurs de son metteur en scène qui a plus à dire que d’étaler un savoir faire technique, quand bien même son histoire peut paraître très simple. C’est ce qui fait la force d’un cinéaste intelligent qui sait raconter de nouvelles choses sous des apparences coutumières.
- CLIMAX
- Sortie salles : 19 septembre 2018
- Réalisation : Gaspar Noé
- Avec : Sofia Boutella, Romain Guillermic, Souheila Yacoub, Kiddy Smile, Claude Gajan Maull, Giselle Palmer, Taylor Kastle, Thea Carla Schott, Sharleen Temple, Lea Vlamos
- Scénario : Gaspar Noé
- Production : Edourad Weil, Vincent Maraval, Brahim Chioua
- Photographie : Benoît Debie
- Montage : Denis Bedlow, Gaspar Noé
- Décors : Jean Rabasse
- Costumes : Fred Cambier
- Distribution : Wild Bunch
- Durée : 1h35