Synopsis : Enfant, Mowgli est élevé par une meute de loups au cœur de la jungle indienne. Tandis qu’il apprend les lois souvent âpres de la jungle, sous la responsabilité de l’ours Baloo et de la panthère Bagheera, Mowgli est accepté par les animaux de la jungle comme l’un des leurs – sauf par le terrible tigre Shere Khan. Mais des dangers bien plus redoutables guettent notre héros, au moment où il doit affronter ses origines humaines.
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Quand on dit Le Livre de la Jungle, l’envie prend de se trémousser en chantant « Il en faut peu pour être heureux ». Le dessin animé originel de Walt Disney, en 1967, et le très bon remake en live-action de Jon Favreau en 2016, ont gravé Mowgli, Baloo et Bagheera dans la culture populaire. Mais c’était oublier que Le Livre de la Jungle, c’est d’abord un recueil de nouvelles de Rudyard Kipling, un livre d’enfance, certes, mais bien plus cruel que son adaptation par Disney. Une adaptation fidèle manquait et Andy Serkis s’y est attaché, pour Mowgli : La Légende de la jungle, sorti par Netflix. Warner Bros. avait d’abord proposé le film sans succès à Alejandro González Iñárritu (Birdman, The Revenant) et Ron Howard (Apollo 13, Rush), avant de le confier à Andy Serkis pour sa première expérience comme réalisateur. Souffrant de la concurrence et du succès du film de Favreau, également en motion capture, Mowgli, annoncé pour octobre 2016, se voit repousser sine die jusqu’à ce que Netflix récupère l’oeuvre. Embaucher l’interprète de Gollum et de César pour réaliser un long-métrage en motion capture est-il un gage de qualité ? Le casting de Mowgli n’a pas à fléchir face à Disney : Andy Serkis en Baloo, Christian Bale en Bagheera, Cate Blanchett en Kaa, Benedict Cumberbatch en Shere Khan… Mais Disney remporte la manche. Malgré une jungle luxuriante, un doublage réussi et une animation très réussie qui s’intègre parfaitement, le choix a été pris de mélanger les traits des acteurs à ceux des animaux. Il en résulte des personnages aux traits bizarres, presque caricaturaux, qui font davantage penser à un jeu vidéo. Mais le principal argument de Mowgli, c’est de proposer une adaptation plus fidèle.
Exit donc les chansons, le Roi Louie, l’hypnose de Kaa et consorts. Baloo n’est plus un benêt, mais un sergent instructeur rude ; Bagheera n’est plus un gros chat. Mowgli est entouré de bêtes sauvages, tous crocs et griffes dehors, et la loi de la jungle est cruelle. Adieu la mignonnerie ! Au lieu de sortir de l’enfance en parcourant les différents royaumes des animaux comme chez Disney, Mowgli est rejeté des loups pour son apparence, inadapté physiquement à l’environnement et est sans cesse balloté entre son humanité et son animalité. Comme le livre, Mowgli continue là où les Disney s’arrêtent ; quand il retrouve le monde des hommes et tente de s’y réadapter, dernier acte du film. L’œuvre de Serkis retrouve le sens premier du livre sur la lutte entre nature et culture, et ne s’écarte du récit que pour un personnage de chasseur anglais, John Lockwood (Matthew Rhys), qui prend Mowgli sous son aile mais se révèle bien funeste. Il faut y voir un pied de nez à Kipling, chantre du colonialisme et du « fardeau de l’homme blanc », puisque ce chasseur porte le même nom que son père…
Mowgli surprend son spectateur qui ne connaît le Livre de la Jungle que par la lecture de Disney. S’il était sorti en salles, on imagine la réaction des enfants devant une œuvre bien plus sombre, avec son lot de séquences traumatisantes. On est bien loin des singes qui swinguent. Se prenant parfois trop au sérieux, Mowgli réussit son ambition d’être une adaptation fidèle, ouvrant de nouveaux horizons au spectateur, mais il est néanmoins battu par Le Livre de la Jungle de Jon Favreau, en termes de divertissement et d’effets spéciaux.
Arthur de Boutiny
- MOWGLI : LA LÉGENDE DE LA JUNGLE (Mowgli : Legend of the Jungle)
- Chaîne / Plateforme : Netflix
- Date de diffusion : 7 décembre 2018
- Réalisation : Andy Serkis
- Avec : Rohan Chand, Andy Serkis, Christian Bale, Benedict Cumberbatch, Naomie Harris, Cate Blanchett, Peter Mullan, Matthew Rhys, Eddie Marsan, Jack Reynor, Tom Hollander, Freida Pinto
- Scénario : Callie Kloves, d’après Le Livre de la jungle de Rudyard Kipling
- Production : David Barron, Jonathan Cavendish, Steve Kloves, Genevieve Hofmeyr, Nikki Penny
- Photographie : Michael Seresin
- Montage : Alex Marquez, Jeremiah O’Driscoll, Mark Sanger
- Décors : Gary Freeman
- Costumes : Alexandra Byrne
- Musique : Nitin Sawhney
- Durée : 1h44