Parasite version noir et blanc de Bong Joon-ho : critique

Publié par Joanna Wadel le 19 février 2020

Synopsis : Toute la famille de Ki-taek est au chômage, et s’intéresse fortement au train de vie de la richissime famille Park. Un jour, leur fils réussit à se faire recommander pour donner des cours particuliers d’anglais chez les Park. C’est le début d’un engrenage incontrôlable, dont personne ne sortira véritablement indemne…

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Parasite noir et blanc - affiche

Parasite noir et blanc – affiche

Comme le signe d’un classique en devenir, le multirécompensé Parasite de Bong Joon-ho ressort en salle ce 19 février, dans une version noir et blanc éditée par le cinéaste, désormais en lice pour le César du Meilleur film étranger. Le Sud-Coréen s’inscrit dans une tendance esthétique avec laquelle se plaisent à jouer les réalisateurs. Colorisé par Warner pour sa sortie, Mad Max : Fury Road avait retrouvé ses tons gris d’origine voulus par George Miller dans une édition spéciale « Black & Chrome » vendue à posteriori. En 2017, James Mangold ressortait Logan en version noir et blanc, à la demande des fans de son road trip désenchanté sur un Wolverine à bout de course. Si le choix de proposer plusieurs copies d’une même œuvre suppose un succès préalable, le fait d’ôter la couleur de l’image traduit un attachement culturel au noir et blanc que partagent les cinéphiles. Une référence aux premières heures du septième art, qui confère une certaine valeur photographique au contenu, une aura, un gage d’authenticité. Mais pour autant, le produit reste le même. Quel intérêt y a-t-il donc à se ruer dans les salles pour revoir Parasite en monochrome ? Tout d’abord, la qualité du rendu. Loin du simple filtre apposé au métrage, Bong Joon-ho a effectué un dosage minutieux des nuances, plan par plan, avec l’éclairage de Hong Kyung-Pyo, son directeur de la photographie.

 

Parasite noir et blanc

Parasite noir et blanc

 

Un travail dont la qualité se ressent visuellement, dans la finesse des tons, le contraste subtil ; les intérieurs baignent dans une douce lueur uniformisante, tandis que la lumière du jardin des Park éblouit. Un jour blanc abonde lorsque la fête d’anniversaire tourne au carnage. À l’inverse, la pénombre opaque du couloir de la cave lui donne une allure de dédale angoissant. Une précision que les amateurs apprécieront, et qui n’agressera pas l’œil des curieux venus profiter de la ressortie du film.

 

Ensuite, sans grande surprise, le passage en noir et blanc accentue la tonalité dramatique de la satire sociale. Cela n’a pas échappé à ceux qui l’ont apprécié, Parasite dérive de la comédie noire au thriller, pour s’achever en drame. Un mélange de registres qu’affectionne Bong Joon-ho, et qui lui permet de pointer de sinistres réalités en sortant du lot (The Host, Okja). En l’occurrence, la guerre que se livrent prolétaires et domestiques pour graviter autour de riches employeurs se joue aussi physiquement. Le délabrement des quartiers pauvres, l’éclat des peaux, les cheveux gras, les vêtements, sont autant de signes d’appartenance sociale qui fourmillent à l’écran lorsqu’on visionne le film original.

 

Parasite noir et blanc

Parasite noir et blanc

 

L’absence de couleur abolit certaines de ces frontières, ou du moins, les estompe pour concentrer les différences dans le jeu des acteurs. L’objectif que s’était fixé le cinéaste, qui souhaitait que le spectateur puisse se focaliser sur « les yeux » des protagonistes, est atteint. Dans cette version, le clivage se perçoit avant tout dans le ton, l’attitude des personnages et leur capacité à posséder, plus que dans la crasse des bas-fonds où résident les Ki-taek. Le dédain des Park à l’égard de leur personnel n’en est que plus violent, et leur mépris de classe s’avère d’autant plus ridicule.   

 

Pour renouveler le plaisir d’une séance sur grand écran, ou simplement pour découvrir un « fameux film sous-titré », cette nouvelle édition, sans être incontournable, exploite dignement la série de récompenses attribuées à Parasite, et la tribune créative offerte à Bong Joon-ho, afin de prolonger l’expérience en salle. Prochaine étape pour le long-métrage : conquérir le petit écran sous forme d’une minisérie anglophone, conçue par le réalisateur et Adam Mckay pour HBO.

 

 

 

  • PARASITE – Version noir et blanc (Gisaenhchung)
  • Sortie : 19 février 2020
  • Réalisation : Bong Joon-ho
  • Avec : Song Kang-ho, Lee Sun-kyun, Cho Yeo-jeong, Choi Woo Shik, Park So-dam, Lee Jung Eun, Chang Hyae Jin, Jung Hyeon Jun, Jung Ziso, Seo Joon Park, Andreas Fronk…
  • Scénario : Bong Joon-Ho, Han Jin Won
  • Production : Kwak Sin Ae, Moon Yang Kwon, Jang Young Hwan
  • Photographie : Hong Kyung Pyo
  • Montage : Jinmo Yang
  • Décors : Lee Ha Jun
  • Costumes : Choi Se Yeon
  • Musique : Jaeil Jung
  • Distribution : Les Bookmakers / The Jokers
  • Durée : 2h12

 

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