Nuit Russ Meyer

Faster Pussycat Kill! Kill! – Nuit Russ Meyer

La Cinémathèque française consacrait le 10 mars une nuit entière à Russ Meyer. Quatre de ses longs métrages emblématiques étaient présentés en copie restaurée : Faster Pussycat! Kill! Kill!, Megavixens, La vallée des plaisirs et Supervixens. L’occasion de constater encore la grande modernité d’une œuvre unique et de revenir sur sa carrière.

 

 

 

Nuit Russ Meyer - cinematheque francaise

Nuit Russ Meyer – cinematheque francaise

La Nuit Russ Meyer s’est déroulée ce 10 mars dans le cadre du Festival Toute la mémoire du monde, parrainé par le réalisateur Wim Wenders. L’événement fut présenté par Jean-François Rauger, directeur de la programmation et critique de cinéma spécialisé dans le cinéma fantastique et de genre.

 

Un bel hommage que rendait la Cinémathèque française à Russ Meyer qui adorait filmer des héroïnes plantureuses et fortes face à des rednecks vicieux, des criminels psychopathes ou des petits malfrats carrément stupides. Car chez Russ Meyer, l’héroïne est agissante, prend les commandes, domine et enfin gagne sur son « rival » masculin. Tout cela dans la bonne humeur, avec une bonne dose de gore, d’érotisme sauvage et de gags très inventifs, même si parfois assez lourdingues.

 

Celui qui n’a jamais vu un film de Russ Meyer ne pourra pas l’appréhender en lisant simplement ces lignes, car la réalisation est très visuelle. On n’est pas loin d’un Tex Avery, en version « live ». Le montage a également beaucoup d’impact, et ces films parviennent à transcender leur manque de budget par une inventivité et une nervosité constante.

 

Des femmes sexy et conquérantes dans des bolides de courses

 

Russ Meyer, né en 1922 en Californie, était un adolescent timide avec les filles. Il trouva un exutoire à ses frustrations et découvrit ses premiers émois sexuels à travers la lecture des Comics Li’l Abner par l’auteur Al Capp. Editées dans les années 30, ces histoires alimentent les fantasmes de ce jeune américain. Le personnage de la blonde voluptueuse, Daisy Mae, accompagnée de son jeune mari, musclé et stupide, a fortement marqué l’imaginaire du futur cinéaste. Face à ce gentil époux macho de bas étage, presque immature, Daisy Mae apparaît dans les histoires de Capp comme une épouse forte et dominatrice.

 

Russ Meyer découvre plus tard les spectacles burlesques de la côte ouest. C’est la révélation. Mêlant danse, érotisme et humour, le show se rapproche à bien des égards de l’univers de son cinéma. Après une expérience de photographe durant la Seconde Guerre mondiale, le futur réalisateur se fait embaucher dans la revue Playboy. Il tourne ensuite un documentaire The French peep show (1950) puis une première œuvre de fiction The Immoral Mr. Teas (1959). Ce premier succès lui permet de financer d’autres projets jusqu’à Faster, Pussycat! Kill! Kill! (1965), centré sur un trio de malfaiteuses qui parcourt les routes désertiques de l’Amérique profonde dans des bolides de courses. Sexe, violence, dialogues plein de sous-entendus et d’humour, tout le style le Russ Meyer est déjà présent dans ce long métrage. Avec une dimension homosexuelle qui sous-tend le lien entre Varla (Tura Satana) et sa complice Rosie (Haji).

 

À travers toutes ces femmes fortes, sexy, souvent nymphomanes et surtout dotés d’un tour de poitrine étourdissant, le réalisateur ne manque jamais d’accentuer par de savantes contre-plongées. Les personnages masculins semblent au contraire victimes de leur pulsion et finissent généralement malmenés par la gent féminine. Cette représentation des rapports hommes/femmes fait passer ses films pour des oeuvres à la fois misogynes et féministes. Faster, Pussycat! Kill! Kill! a révélé l’actrice Tura Satana, une ancienne gogo danseuse américaine d’origine japonaise. Inoubliable dans son rôle de la sculpturale Varla, la chef du gang motorisée, experte en karaté et tout de noir vêtue. Le film est depuis voué à un culte de fans, notamment par les réalisateurs Quentin Tarantino (Boulevard de la Mort) et John Waters.

 

Faster pussycal kill kill

Faster pussycal kill! kill!

 

De la série B aux portes de Hollywood

 

En 1968, Russ Meyer réalise Vixen. Ce film est un succès qui lui permet d’être remarqué par la Twentieth Century Fox, pour laquelle il réalise La vallée des plaisirs (intitulé aussi Orgissimo, 1970), qui fut présenté en version restaurée lors de cette Nuit à la Cinémathèque française. C’est l’histoire intime d’un groupe de rockeuses rêvant de gloire. Puis Seven minutes (1971) avec John Carradine, retraçant le procès pour pornographie d’un écrivain.

 

Malgré des plus gros budgets, Russ Meyer ne délaisse pas ses obsessions pour les poitrines opulentes et les intrigues délirantes. Il laisse s’épanouir son goût pour la provocation et critique en fond le puritanisme de la société américaine judéo-chrétienne, faisant tomber toutes les barrières sexuelles et raciales, jusqu’à jouer un rôle important dans l’abrogation du code Hays et la censure des œuvres cinématographiques. Un vent libertaire souffle dans ces deux longs métrages, bien ancrés dans leur époque du flower power. Hélas, le succès n’est pas au rendez-vous, et Russ Meyer doit retourner à un cinéma moins argenté.

 

Supervixens

Supervixens

 

Des lolos, du gore et des nazis

 

Dans la continuité de Vixen, il réalise SuperVixens (1975), MegaVixens (1976) –présentés en copie 35mm lors de cette Nuit– et enfin UltraVixens (1979). Bien que ces films restent inventifs et que l’on retrouve l’univers du cinéaste, les budgets s’avèrent plus serrés et le réalisateur compense cela par un excès en tout genre. Plus de gore, de sexe et d’humour provocateur.

 

Frisant parfois le nanar, les Vixens permettent à Russ Meyer de lâcher d’autres obsessions, comme une représentation toute personnelle du nazisme à travers le personnage récurrent de l’officier du Troisième Reich Martin Bormann, interprété par l’acteur de télévision Henry Rowlan. Ce sombre personnage rondouillard apparaît la première fois dans La vallée des plaisirs. MegaVixens s’ouvre même sur une hallucinante et hilarante séquence sado-maso avec un Adolf Hitler qui subit de multiples sévices avant de connaître une fin funeste dans sa baignoire. Dans SuperVixens, on retrouve l’acteur Charles Napier (Le silence des agneaux, Rambo 2) dans la peau de Harry Sledge, un policier sadique et psychopathe qui ferait passer l’inspecteur Harry pour un enfant de cœur. Dans le rôle de Super Vixens, l’actrice Shari Eubank se révèle tout aussi inoubliable.

 

Satirique et provocatrice, volontier « cartoonesque », la saga des Vixen met en scène des mâles quelque peu obsédés face à l’appétit sexuel et vorace de femmes, dotées de solides attributs physiques et d’un caractère bien trempé. Loin d’être de fragiles donzelles, ces dernières ne s’en laissent pas compter. Ces femmes n’hésitent pas au fil des intrigues à mettre à rude épreuve l’instinct primaire et bestial de leurs victimes masculines, qu’ils soient consentants ou non. Une inversion des rôles et du rapport de force donc, qui révèlent toute la singularité du cinéma de Russ Meyer. Certaines actrices sont devenues illustres, comme Erica Gavin (Vixen), Christy Hartburg (SuperVixens), Raven De La Croix (MegaVixens), Kitten Natividad et Ann Marie (UltraVixens) ou encore Dolly Read et Pam Grier (La vallée des plaisirs). Sans oublier bien sûr Tura Satana et Haji (Faster, Pussycat! Kill! Kill!).

 

Russ Meyer termine sa carrière avec Pandora Peaks (2001), un documentaire sur la mannequin et actrice pornographique du même nom et à la poitrine très généreuse. Il s’éteint en septembre 2004 à l’âge de 82 ans des suites de complications d’une pneumonie doublées de la maladie de Alzheimer.

 

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