L’AVANTAGE DE TOUT MENER DE FRONT

 

Clara et Julia Kuperberg - Tournage Los Angeles - Cite du Film Noir avec James Ellroy

Clara et Julia Kuperberg – Tournage Los Angeles – Cite du Film Noir avec James Ellroy

CC : Quelles ont été justement vos difficultés dans la création de Wichita ?

JK : Le plus difficile au départ était que nous étions deux à tout faire (montage, réalisation, production). Ce que nous considérions comme une plus-value – même aux Etats-Unis – ne l’était pas du tout en France. Le diffuseur le percevait aussi comme un réel avantage car l’argent est entièrement investi dans le film. Tout est ainsi valorisé par les photos, les archives et les extraits. Mais pour d’autres, nous n’avions pas ce troisième Å“il, ce producteur qui va faire le lien entre le réalisateur et le diffuseur.

CK : Cette double casquette n’était pas bien vue à l’époque. On nous répétait souvent ‘Où est le troisième œil ?’, ‘Qui fait le lien ?’, ‘Qui va vous dire que ce n’est pas bon ?’. Heureusement, les chaînes comme Cine+ et TCM ont tout de suite compris cet avantage, et assez rapidement tout s’est accéléré.

 

CC : À combien s’élève le budget de vos différents projets ?

CK : On ne peut pas divulguer de montant, mais pour un documentaire Arte tous les deux ans, on réalise 4 à 5 films OCS chaque année. Leur dispositif est moins lourd et la signature plus rapide. La négociation avec la chaîne franco-allemande est beaucoup plus longue. Elle demande davantage de dossiers et les commissions sont plus nombreuses. Mais économiquement, Wichita s’y retrouve. Il n’y a aucun autre salaire, hormis nous deux et les équipes techniques choisies aux Etats-Unis.

 

Plus précisément, comment fonctionne le financement de Wichita entre l’investissement et sa rentabilité avec les chaînes ?

CK : Wichita ne dégage pas de marges sur les films car ce sont des petits budgets, mais nous avons un très bon distributeur à l’international, Reiner Moritz de Poorhouse. Les documentaires, tournés en langue anglaise, se vendent très bien à l’étranger. Cela nous permet de toujours dégager de la trésorerie et d’amorcer les tournages, sans être tributaires des premiers versements des chaînes et du CNC. Et pour une meilleure économie d’échelle, nous regroupons les films. Nous pouvons partir en tournage pendant trois mois à Los Angeles et réaliser 4-5 projets. L’année dernière, nous avons conçu 4 documentaires OCS et This is Orson Welles pour TCM Cinéma.

JK : Nous travaillons aussi souvent par anticipation. Pendant la période de montage, qui nous prend environ deux mois par film, nous constituons les nouveaux dossiers afin de préparer le tournage des prochains films. On essaie toujours d’en signer 5 pour se retrouver financièrement.

 

Milos Forman un Outsider a Hollywood de Clara et Julia Kuperberg

Milos Forman un Outsider a Hollywood de Clara et Julia Kuperberg

CC : Et du point de vue des négociations sur les images d’archives, les photos et les extraits ?

CK : Les photos nous sont mises à disposition par certains intervenants car ils possèdent des fonds personnels. Mais en règle générale, nous nous appuyons sur les archives nationales américaines et la bibliothèque du Congrès qui sont souvent libres de droits. Nous savons aussi généralement en avance l’importance du poste archives et extraits (entre 30 à 50 000€), comme ce fut le cas pour This is Orson Welles. L’idée était d’obtenir cette interview fleuve. Elle a été onéreuse car elle émane des archives de la BBC mais l’investissement fut nécessaire. Nous savons que cela va être rentable. Si le film est réussi et satisfaisant, il aura une belle carrière dans les festivals, aux Etats-Unis. Nous en avons pris conscience avec Milos Forman un outsider à Hollywood. Le pari fut vraiment payant même si nous avions dépassé quelque peu le budget sur les ventes étrangères. Il fait partie des documentaires préférés outre-Atlantique qui nous ont permis de décrocher d’autres projets. Cet investissement équivaut également à des salaires de personnels que nous n’avons pas puisque nous couvrons toutes les fonctions à nous deux. Et depuis dix ans maintenant, nous savons aussi où chercher et trouver de véritables pépites.

 

CAMÉRA FIXE ET MUSIQUE ADAPTÉE

 

CC : Vous optez le plus souvent pour une caméra fixe sur vos intervenants. Est-ce un moyen de vous faciliter le temps de montage et de fabrication ?

JK : Non, c’est vraiment un choix artistique. Nous sommes ferventes du modèle classique car ce sont les intervenants que l’on souhaite mettre en valeur. Si nous filmons tous les plans de la ville, nous travaillons avec un cameraman-chef opérateur et un ingénieur du son.

CK : Nous voulons avant tout construire un propos en illustrant leurs interventions avec des extraits et des archives.

 

Le Troisième Homme

Le Troisième Homme

CC : Que faites-vous de tous vos rushes supplémentaires ?

CK : Nous les gardons précieusement pour l’instant. Aujourd’hui tout est passé en HD. Nous ne pouvons donc plus réutiliser les anciennes séquences car la différence est flagrante.

 

CC : Vous attribuez également toujours une bande son différente selon vos thématiques. Travaillez-vous avec un studio attitré ? Fait-elle partie de votre réflexion en amont ?

JK : Nous collaborons depuis le début avec le studio Myma, anciennement Justement Music. Ils possèdent une base de données de musiques incroyable et comprennent parfaitement ce qu’on veut. Pour This is Orson Welles, nous souhaitions des partitions proches de celles du Troisième Homme et de Citizen Kane. Ils sont revenus vers nous avec une sélection impressionnante. Idem pour celles de LOS ANGELES – CITÉ DU FILM NOIR que nous souhaitions similaires à la partition de Laura. Aujourd’hui, on détient un catalogue musical consistant que nous réutilisons régulièrement. Le travail de montage prend du temps car les séquences se créent sur la bande sonore. Dans certains plans que l’on filme, on imagine d’ailleurs très vite la musique qui s’accordera parfaitement.

CK : Nous sommes souvent démarchées par d’autres agences d’illustrations musicales mais nous aimons travailler avec Myma. Au générique de certains de nos documentaires, vous pouvez aussi voir apparaître Warner/Chappell car lorsque l’agence a changé de nom, une partie de leur catalogue a été revendue à Warner. Nous sommes donc parfois amenées à prévoir un budget en ce sens.

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